Alonso remporte le GP de Grande-Bretagne
Pas de pluie, mais une piste détrempée par endroits en début de course, et qui a petit à petit séché. Ne dérogeant pas à se tradition toute britannique, le Grand Prix de Grande-Bretagne a été encore une fois un casse-tête pour le choix des pneus, mais surtout pour le moment de les changer. Comme souvent, les stands ont été une partie cruciale de la course. Et c'est là que tout s'est joué pour la victoire.
Au 28e tour, Sebastian Vettel (Red Bull), auteur du meilleur départ puis d'un cavalier solitaire en début de course comme il en a pris l'habitude, s'arrêtait aux stands pour changer de pneus. Suivi de près par Fernando Alonso (Ferrari), son dauphin. Mais le pilote allemand restait bloqué, victime d'un problème, alors que l'Espagnol repartait juste devant lui pour lui subtiliser la première place dans les stands. Après avoir été pratiquement le seul à faire jeu égal avec les Red Bull aux essais, l'Espagnol confirmait la bonne prestation de sa monoplace sur ce tracé, sur lequel il s'était imposé une fois en 2006. Il bénéficiait en plus de l'appui involontaire de Lewis Hamilton, dont la McLaren bloquait pendant un bon moment la Red Bull du leader du championnat, les deux hommes étant à la lutte pour la deuxième place. Et lorsque l'Allemand parvenait enfin à passer l'Anglais, la Ferrari était bien loin devant. Et au lieu d'être en capacité de jouer la victoire, il devait défendre bec et ongles sa seconde place face au retour extraordinaire de son coéquipier Mark Webber, discret jusque-là mais revenu dans ses roues jusqu'au dernier virage. Mais la lutte n'était pas à tout prix, puisque le pilote australien entendait son patron, Christian Horner, lui lancer: "Maintiens l'écart". Une consigne de course limpide et logique par rapport au championnat, mais triste sur le plan purement sportif.
Ce dernier virage était, quelques secondes après, le théâtre d'une âpre bataille entre Hamilton et Felipe Massa. Parti 10e sur la grille de départ, le Britannique avait déjà réalisé un excellent grand prix en étant 5e après le 3e tour, puis 2e. Mais pour cette place de quatrième, il devait faire face à un dernier assaut du Brésilien, à l'extérieur. Les deux monoplaces se touchaient, la Ferrari perdait de la motricité au moment d'accélérer pour la dernière ligne droite, sortant de la piste et laissant celle-ci à Hamilton qui franchissait ainsi la ligne d'arrivée en premier.
Pas vraiment brillant pendant ce week-end à domicile, l'équipe McLaren s'est un peu plus enfoncée en commettant une grossière erreur. Au 40e tour, Jenson Button (McLaren) rentrait aux stands, mais le mécanicien n'avait pas le temps de changer son pistolet pour retirer la roue avant droite que la voiture était libérée? Le deuxième du championnat était donc contraint de s'arrêter à la sortie des stands, voyant son week-end ruiné et sa seconde place lui échapper.
Les stands ont été le lieu de tous les espoirs et de toutes les déceptions en ce week-end. Après avoir tourné autour de la victoire à Monaco ou à Valence (2e), Fernando Alonso renoue avec une victoire qui lui tournait le dos depuis le Grand Prix de Corée en octobre dernier. Ce succès accrédite également la thèse d'une nette amélioration des performances dans l'écurie italienne, alors que McLaren a beaucoup peiné.
Déclarations
Fernado Alonso (ESP/Ferrari): : "Je suis très fier de l'écurie. Très fier de la manière dont nous sommes revenus (sur Red Bull). Il y a trois ou quatre courses, nous étions 1,5 seconde derrière eux. Là, je menais les débats et je me détachais. C'est vraiment une super remise à niveau de l'équipe. "C'est un énorme coup de boost pour nous. Etre rapide à Silverstone nous apporte beaucoup de confiance. Nous avions assurément mis une croix rouge sur cette course. Nous savions que ce ne serait pas un GP facile pour nous, les caractéristiques des virages et le revêtement n'ayant jamais été notre point fort.
Lewis Hamilton (GBR/McLaren, 4e):"J'ai dû commencer à économiser de l'essence avant la fin de la course. Il fallait que je lève le pied, ce qui a fait baisser la température de mes freins. Donc je n'avais plus de freins, ce qui explique pourquoi je n'arrêtais pas de bloquer mes roues. Dans le dernier tour, l'équipe m'a donné l'ordre de pousser autant que possible. Mais Felipe (Massa) m'avait déjà rejoint à ce moment, donc il était difficile de défendre ma position. Le dernier tour a été aussi serré que possible. Dans le dernier virage, je suis resté à l'intérieur et j'ai freiné aussi fort que je pouvais. Heureusement, nous l'avons franchi en un morceau (la monoplace de Massa et la sienne s'étant touchées) et je l'ai battu d'un souffle sur la ligne d'arrivée. Je pense que c'était l'un des meilleurs GP de Grande-Bretagne de tous les temps."
Felipe Massa (BRA/Ferrari, 5e): "Mon rythme n'a pas été extraordinaire. Mais le fond plat de ma voiture était endommagé après que j'eus heurté un objet au virage 6. A la fin de la course, j'ai comblé tout l'écart me séparant de Lewis (Hamilton) parce qu'il était en difficulté. Mais quand je l'ai rejoint, il a résisté et je n'ai pas réussi à le dépasser. On doit continuer à pousser sur le développement de la voiture. Il y a encore beaucoup de courses devant nous. Le fait d'avoir amélioré la voiture nous permet de regarder la deuxième partie de la saison avec beaucoup de confiance."
Les écuries toujours en désaccord
En marge de ce Grand Prix de Grande-Bretagne, de nombreuses discussions ont eu lieu autour du "diffuseur soufflé". Ce système permet d'utiliser les gaz d'échappement à des fins aérodynamiques au freinage. Les motoristes Mercedes, Cosworth et Ferrari étaient plutôt favorables au retrait de ce système, ou tout du moins à une réduction jusqu'à 10%. Renault, qui équipe aussi Red Bull, avait milité pour une restriction à 50%. Vendredi, c'est celle-ci qui l'emportait. Samedi, on repassait à 10%, mais uniquement pour ce GP. Et la réunion du matin n'a pas, semble-t-il, permis d'aboutir à un accord.
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