F1 : entre secrets industriels et favoritisme, ce que le départ annoncé de Lewis Hamilton pour Ferrari peut changer à sa saison 2024
L’annonce de son départ, avant même le début de la saison, a fait l’effet d’une bombe dans le paddock. Lewis Hamilton s’en ira vers de rouges horizons, chez Ferrari, en 2025, à la fin de sa douzième saison chez Mercedes. Dans le monde très secret de la Formule 1, dont la saison commence samedi 2 mars à Bahreïn, ce changement d’écurie annoncé peut avoir des conséquences sur la saison 2024 du Britannique et de son équipe.
Peut-on croire George Russell, son coéquipier chez Mercedes, quand il assure que le départ du septuple champion du monde "ne change rien à la dynamique de l’équipe" ? "Objectivement, sur la façon dont l’équipe prépare chacune des courses, ça ne change strictement rien. Mercedes est dans l’objectif de se redresser, donc ils ne peuvent pas faire l’impasse sur un pilote et ne pas lui donner les meilleures conditions possibles", assure Cyril Abiteboul, ancien patron de l’écurie Renault et consultant pour franceinfo: sport.
Mercedes a vu le titre des constructeurs lui échapper ces deux dernières saisons au profit de Red Bull et les trois derniers titres des pilotes revenir à Max Verstappen. La fin d’une ère pour une écurie qui avait été championne du monde huit années consécutives, entre 2014 et 2021. "Si Mercedes peut s’inviter dans le match pour le titre, ils mettront tout ce qu’ils peuvent pour s’assurer le meilleur résultat possible. S’ils sont vraiment décrochés, ça pourrait avoir un peu plus d’impact", nuance Cyril Abiteboul.
"Quand on sait qu’un membre va nous quitter, un pilote ou un ingénieur, évidemment, on l’implique moins dans le développement à moyen et long terme."
Cyril Abiteboul, ancien directeur général de l'écurie Renaultà franceinfo: sport
Le développement des futures monoplaces est d'autant plus crucial que le règlement du championnat du monde évoluera en 2026. Si celui concernant les moteurs est déjà connu, la Fédération internationale de l’automobile (FIA) dévoilera celui concernant les châssis cette année. Les différentes écuries vont donc plancher cette saison sur ce sujet, et "on peut déjà dire que Lewis ne sera absolument pas impliqué dans le développement de la voiture de 2026", selon l’ancien directeur de l’écurie Renault.
Pas associé aux essais de la future voiture
Concernant les éventuelles modifications apportées en cours de saison, sur une monoplace qui sera reconduite la saison prochaine, "il y aura un point de transition à partir duquel Lewis ne sera plus convié aux réunions et ne comprendra plus ce qu’il se passe dans le développement de la voiture, au simulateur", affirme l’ancien pilote Martin Brundle dans un podcast de Sky Sports.
En 2006, Fernando Alonso avait connu la même situation. Tout juste sacré champion du monde, il avait annoncé quelques jours plus tard son départ de Renault vers McLaren pour la saison 2007 et n’avait, bien sûr, pas été associé aux essais de la future voiture. "On cherche tous à avoir plus de kilowatts dans le moteur, plus d’appuis et moins de traînée. Mais c’est sur les détails de la manière dont on va réussir cela que les informations sont plus confidentielles, avec des concepts comme les suspensions de Red Bull, ou le ponton de Mercedes, explique Cyril Abiteboul. Les changements de concepts, sur les suspensions, l’aérodynamisme ou les capots moteurs par exemple, je pense que ce sera caché à Lewis". Même si son patron d’écurie, Toto Wolff, a affirmé qu’il n’avait "aucun doute sur l’intégrité de Lewis concernant le partage d’informations" avec sa future équipe.
Si Toto Wolff assure également qu’il restera "juste et transparent" en 2024 avec ses deux pilotes, "l’équipe va, consciemment ou pas, favoriser George", selon Martin Brundle. "Une des questions pour Mercedes c’est de savoir si George devient leur pilote numéro 1 et s’ils construisent un cycle autour de lui comme ils l’ont fait autour de Lewis, s’interroge Cyril Abiteboul. Et ceci peut avoir des implications sur les quelques choix d’orientation de développement de la voiture, même si à ce niveau-là, une voiture qui va bien pour l’un va bien pour l’autre". Lewis Hamilton, qui a toujours en travers de la gorge la perte du titre au dernier tour du dernier Grand Prix de la saison 2021, où il a eu l’impression de s’être fait voler, a quant à lui rappelé que "le chapitre avec Mercedes n’est pas encore terminé" et qu’il était "concentré à 100%" sur son équipe actuelle.
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