F1 : les 4 questions que soulève le départ de Lewis Hamilton pour Ferrari

Le Britannique quittera Mercedes à la fin de la saison 2024 après 12 années de bons et loyaux services et six titres de champion du monde. Avec quelles conséquences pour Ferrari et la Formule 1 ?
Article rédigé par Sasha Beckermann, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Lewis Hamilton et Charles Leclerc lors de la course sprint du Grand Prix des États-Unis, le 21 octobre 2023. (CHANDAN KHANNA / AFP)

Le mercato hivernal côté football s’achève jeudi 1er février, celui de la Formule 1 vient tout juste de s’ouvrir, à la surprise générale, avec un gros client. La Scuderia Ferrari a officialisé l’arrivée, à partir de la saison 2025, de Lewis Hamilton, six fois champion du monde avec Mercedes.

Ce mouvement - inattendu - ouvre la voie à de nombreuses questions pour le Britannique, qui n’a jamais cessé de répéter que Mercedes était sa "dream team", pour Ferrari, mais aussi pour tout le paddock. Pour franceinfo: sport, Jean Alesi, ancien pilote de la Scuderia aux 201 Grands Prix disputés, fait le tour des questions.

Pourquoi partir maintenant ? 

Le timing de cette annonce peut paraître surprenant, Hamilton étant sous contrat avec Mercedes jusqu'à la fin de la saison 2025, mais une clause lui permettait de le rompre. Le Britannique sort de deux saisons compliquées marquées par la toute-puissance de Max Verstappen, et Red Bull, mais aussi les difficultés de sa voiture, la W14, dont personne n'arrivait à définir les problèmes.

"J'avais de grands espoirs pour cette saison. Je suis sûr qu'il y avait des frustrations parce que j'ai demandé un certain nombre de changements et ils n'ont pas été réalisés. (...) Personne ne savait exactement quel était le problème. Personne ne savait comment le réparer", constatait-il auprès de la BBC en décembre 2023. 

Le départ de Mike Elliott, directeur technique, artisan des deux dernières - mauvaises - voitures d'Hamilton, et le retour de James Allison, n'ont pas été suffisants pour le faire rester. Lassé, Lewis Hamilton cherche surtout un ultime défi à 39 ans, estime pour franceinfo: sport Jean Alesi, ancien pilote de la Scuderia (1991-1995) : "Je crois que Lewis n’a plus rien à prouver, surtout chez Mercedes où il a été multiple champion du monde. Avoir différents challenges, c’est important. Il a dû avoir des garanties de l’écurie sur des investissements techniques pour avoir une voiture adaptée.

Qui sera le pilote numéro 1 chez Ferrari ? 

Si Ferrari a pu faire signer Lewis Hamilton, c'est parce qu'elle n'avait pas proposé de prolongation à Carlos Sainz Jr, qui a annoncé, dans la foulée de l'annonce de l'arrivée d'Hamilton, son départ à la fin de la saison 2024. En revanche, Charles Leclerc a annoncé sa prolongation "pour plusieurs années" le 25 janvier. Comment les deux pilotes vont-ils cohabiter ? Comment la Scuderia va-t-elle orienter sa stratégie ?

"Lewis est quelqu’un qui sait fédérer. Ça rentre dans le panorama Ferrari. Ils ont besoin de quelqu’un pour faire ces pas en avant."

Jean Alesi, ancien pilote Ferrari

à franceinfo: sport

 

"Stratégiquement parlant, Ferrari a fait un bon coup, affirme Jean Alesi. Je pense qu'il n’y aura pas vraiment de premier ou second pilote. Quand on a des ordres, c'est que des pilotes ont pris l’ascendant. Mais ça se passe surtout en fin de championnat."

En mai dernier, Charles Leclerc - qui n'a remporté aucune course en 2023 - avait évoqué un éventuel duo avec Lewis Hamilton au micro de Canal+ : "Lewis est un pilote incroyable. Il a accompli tellement de choses dans ce sport. N'importe qui sur la grille voudrait avoir Lewis comme coéquipier. N'importe qui apprendrait beaucoup à ses côtés.

Une nouvelle association dont la hiérarchie pourrait se dessiner suite aux scénarios de course, mais où chaque pilote pourra apporter à l'autre, et notamment le Britannique, treize ans plus âgé. "Leclerc a tout à gagner, abonde Alesi. Ça va lui faire de l’ombre, surtout sur le plan médiatique, mais il va lui apporter un mode de travail très particulier, c'est quelqu'un de spécial.

Que peut leur apporter Lewis Hamilton ? 

Une manière de travailler bien à lui, des garanties aux ingénieurs de la Scuderia... L'arrivée de Lewis Hamilton dans l'écurie au cheval cabré va plus loin que des trophées ou que Charles Leclerc. Ces trois dernières années, Ferrari a peiné sur le plan mécanique avec ses voitures, mais aussi sur le plan stratégique pour battre Red Bull. "Ferrari a fait peur à beaucoup d'ingénieurs, avec un gros roulement, concède Jean Alesi. Hamilton va apporter de la crédibilité, des techniciens vont le suivre, il va construire une équipe autour de lui qui va devenir compétitive."

Le minimum pour essayer de concurrencer Red Bull et Max Verstappen ? "Les équipes de Red Bull travaillent ensemble depuis plus de dix ans, ils savent exactement ce qu'il faut faire, admet Alesi. Pour battre cette machine rodée, il faut des hommes comme Lewis."

Quelle influence sur le reste des pilotes ?

Il n'y aura pas de surprise plus grosse que le transfert de Lewis Hamilton chez Ferrari. Mais ce n'est que le premier mouvement d'une longue série à venir dans les prochains mois. Treize des vingt pilotes du paddock sont en fin de contrat en 2024, dont Carlos Sainz, qui n'a pas encore dévoilé sa nouvelle écurie. Cette silly season, qui débute d'ordinaire lorsque les beaux jours reviennent, promet d'être agitée. 

Mercedes va devoir trouver un remplaçant à Lewis Hamilton pour épauler George Russell. L'écurie Sauber, qui deviendra Audi en 2026, a, elle, de grosses ambitions. "Ce départ va lancer un mercato un peu dingue, admet Alesi. Hamilton a donné le départ d'un jeu de chaises musicales. Il y a une équipe qui se met en place de manière très forte, c’est Audi. Ils vont aller chercher des têtes de série." Pourquoi pas Carlos Sainz, puis Esteban Ocon, en fin de contrat avec Alpine ? Alexander Albon, lui, a montré de belles choses avec Williams, et pourrait prétendre au deuxième baquet chez Mercedes après avoir échoué chez Red Bull en 2019.

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