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F1 : "Esteban Ocon et Pierre Gasly réunis chez Alpine, c'est une belle histoire pour la France", estime Cyril Abiteboul, ancien patron de Renault

Le premier Grand Prix de la saison se déroulera à Bahreïn, dimanche.
Article rédigé par franceinfo: sport, Robin Joanchicoy
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Cyril Abiteboul, alors directeur de Renault F1, sur le Grand Prix d'Italie à Monza en mai 2019.  (FLORENT GOODEN / AFP)

Après une année marquée par la domination écrasante de Max Verstappen et de l'écurie Red Bull, la Formule 1 va reprendre ses droits, dimanche 5 mars, lors du premier Grand Prix de la saison 2023 à Bahreïn. Entre nouveautés, certitudes et interrogations, Cyril Abiteboul, ancien manager de Renault (aujourd'hui Alpine) et consultant pour franceinfo: sport, est revenu en détails sur cette nouvelle édition de la catégorie reine du sport automobile.

Franceinfo: sport : Comme chaque année, il y a eu du changement dans la réglementation (poids des voitures, solidité de l'arceau, température du carburant, etc.). Ces modifications peuvent-elles rebattre certaines cartes sur la piste ?

Cyril Abiteboul : Je ne pense pas. On est plutôt sur une année de consolidation et de continuité, après les grands chamboulements de la saison passée. Pour la première fois de l’histoire de la Formule 1, il y avait eu une évolution très visible sur l’aérodynamique qui avait été élaborée grâce à des simulations, de la science et des ingénieries, pour tenter d’avoir des voitures beaucoup plus spectaculaires et une grille beaucoup plus compétitive. C’était vraiment une grande révolution technique. Cette année, je ne m’attends pas à ce que la grille soit chamboulée.

"Dans cette période de stabilité réglementaire, on va avoir une grille beaucoup plus compacte et donc un spectacle encore plus intense que l'année dernière."

Cyril Abiteboul

à franceinfo: sport

La nouveauté marquante de cette saison, c’est l’arrivée de Pierre Gasly au sein de l’écurie tricolore Alpine, qui va former un binôme 100% français avec Esteban Ocon. Qu’est-ce que cette association représente pour le développement de la Formule 1 en France ?

C’est une belle histoire pour eux à titre personnel et aussi une belle histoire pour la France. De manière générale, avoir des ambassadeurs qui parlent de notre sport, qui l’incarnent et qui le font vivre, c’est important. La Formule 1 est puissante en Allemagne grâce à Michael Schumacher, en Angleterre grâce à Lewis Hamilton, aux Pays-Bas grâce à Max Verstappen… Effectivement, la France, qui n’a pas de Grand Prix national cette année, a besoin de ces discours et de cette narration incarnés par des pilotes. Mais ce qui est important avant toute chose pour que ce récit soit entendu et se perpétue, c’est que les pilotes brillent et qu’ils soient dans une écurie qui leur permette de réussir.

Pierre Gasly et Esteban Ocon, pilotes de F1, posent avec le modèle Alpine A523, le 16 février 2023. (DANIEL LEAL / AFP)

15 ans après le départ de Jean Todt, qui a tout gagné avec Ferrari (8 championnats des constructeurs et 6 championnats des pilotes de 1999 à 2008), un nouveau Français, Frédéric Vasseur, a pris la tête de l’écurie italienne. Quelles sont les attentes qui entourent son arrivée ?

Il faut poser la question à Fred (rires) ! Plus sérieusement, Ferrari a remanié son organisation après avoir terminé deuxième l’année dernière, donc les attentes ne peuvent pas être autre chose que de gagner. C’est un titre qui leur échappe depuis 2008. C’est une équipe qui a régulièrement changé son organisation et son manager depuis le départ de Jean Todt. La victoire pourrait venir cette année. Ce qu’il faudra, c’est trouver de la stabilité et laisser du temps à Fred pour ramener l’équipe au tout premier plan.

Pour que Frédéric Vasseur ramène Ferrari au tout premier plan comme vous dites, il faudra surpasser Red Bull. Sanctionnée par la FIA pour avoir dépassé le plafond budgétaire de 1,6% lors de la saison 2021, l’écurie autrichienne s'est tout de même démarquée lors des essais à Bahreïn le week-end dernier. La domination de Red Bull va-t-elle perdurer cette saison ?

Quand on se dit que la saison 2023 devrait être une continuité de la saison passée, je ne vois pas pourquoi la domination de Red Bull serait différente. Et pourtant l’an dernier, avec le nouveau règlement, ils n’avaient pas commencé de la meilleure des façons. Cela montre qu’ils ont été capables de comprendre leurs erreurs, de redresser la barre pour au final écraser tout le monde dans la course au développement.

"La force de Red Bull, c’est cette capacité à dominer et à écraser ses adversaires dans les périodes de stabilité réglementaire."

Cyril Abiteboul

à franceinfo: sport

Qui sont les autres favoris selon vous ?

J’ai du mal à imaginer que le top 3 des dernières années ne soit pas le top 3 de cette année. Je pense que Red Bull a l’avantage. Derrière, ça va se jouer entre Ferrari et Mercedes.

Mis à part ces trois-là, quelles sont les écuries à suivre ?

Je pense qu’il y a deux écuries à suivre avec intérêt. La première, c’est Aston Martin, parce qu’ils ont fait parler d'eux en claquant des chronos assez remarquables lors des essais avec Fernando Alonso. La seconde, c’est Alpine, parce que c’est un peu mon écurie de cœur, mais au-delà de ça, je pense que c’est une écurie qui est parfaitement outillée depuis que les plafonds budgétaires ont été mis en place il y a 3 ans. En terme de moyens financiers et techniques, Alpine fait jeu égal avec les meilleures équipes aujourd’hui. Je ne serais pas surpris de les voir franchir un nouveau palier cette saison.

Le nouveau Grand Prix de Las Vegas, prévu le 18 novembre 2023, sera l’avant-dernière étape de la saison. Est-ce que l'arrivée tardive d'un nouveau circuit peut changer la donne ?

C’est une bonne question, c’est difficile à dire pour ce Grand Prix précisément. Quand on développe la voiture, on est très attentif au niveau d’appuis exigés pour chaque circuit. Le fait que le circuit de Las Vegas se déroule tard dans la saison est plutôt un avantage au final. Les équipes auront le temps d’anticiper et de développer un package vraiment particulier sur la voiture en cas de besoin.

Red Bull fait le show lors des festivités organisées pour promouvoir le Grand Prix de Las Vegas, le 5 novembre 2022. (WADE VANDERVORT / AFP)

Ce Grand Prix de Las Vegas va permettre à Liberty Media, propriétaire de la Formule 1 depuis 2017, de développer l’attraction autour de ce sport. Quoi de mieux que de faire un Grand Prix dans le temple du spectacle et du divertissement ?

Quand les dirigeants de Liberty Media sont arrivés, sur les premiers échanges que l'on avait eus avec eux, ils nous avaient annoncé deux objectifs : se développer d’un point de vue numérique et ajouter au calendrier les États-Unis et la Chine. On a vu le travail extraordinaire qu’ils ont fait, notamment sur Netflix. Ils n’ont pas complètement pu faire la Chine, mais les États-Unis, ils l’ont fait. Je crois qu’il faut juste saluer la qualité de la stratégie de ce nouveau promoteur de la Formule 1, qui a tout changé à ce sport.

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