F1 : où situer Max Verstappen, qui vient de rejoindre Ayrton Senna avec 41 victoires, dans l’histoire ?
Alors qu’il n’a pas encore atteint 26 ans, Max Verstappen vient d'égaler Ayrton Senna et ses 41 victoires en Formule 1, à l’occasion du Grand Prix du Canada, dimanche 18 juin. Une marque historique, qui le place déjà très haut dans la hiérarchie des meilleurs pilotes de l'histoire. Double champion du monde, et bien lancé pour remporter une nouvelle couronne en fin de saison, il construit sa légende, comme sur la piste, à toute vitesse. Mais alors, à quelle place s'assoit-il à la table des légendes de la F1 ?
Des chiffres qui donnent le tournis
Avec ses 41 victoires, il se classe maintenant au cinquième rang des pilotes les plus victorieux en F1, aux côtés d'Ayrton Senna (41), et derrière Alain Prost (51), Sebastian Vettel (53), Michael Schumacher (91) et Lewis Hamilton (103). Si les deux premières marques relèvent de l’hypothétique, les deux autres sont potentiellement atteignables. À la fois compte tenu de la marge de son écurie sur les autres, mais aussi de son talent.
Cyril Abiteboul, ancien directeur de l’équipe Renault, ne cache pas qu'il est compliqué de "comparer des pilotes qui n’ont pas couru à la même époque et dans des voitures différentes". Mais il reconnaît que Max Verstappen "est aujourd'hui la meilleure incarnation de ce que c’est que d’être un pilote de Formule 1 performant dans les règlements dont on dispose (...) C'est un peu chaque époque, ses champions du monde".
S’il remporte un nouveau titre cette saison, il deviendrait seulement le cinquième pilote à s’imposer trois ans de suite, avec Lewis Hamilton, Michael Schumacher, Juan Manuel Fangio et Sebastian Vettel. Il deviendrait aussi le 11e pilote avec, a minima, trois titres, parmi lesquels, Alain Prost, Niki Lauda ou Ayrton Senna.
Et lorsque l'on parle de titre, Cyril Abiteboul souligne que Max Verstappen s'est donné cette chance dans le passé, en restant chez Red Bull, pour aujourd'hui viser un palmarès à long terme. "C’est aussi ça qui fait les champions, l’intelligence dans la gestion de leur carrière (...) Il n’a pas eu la bougeotte que certains ont eue quand ça n’allait pas, quand c’était compliqué. Il a eu la patience de faire confiance à son environnement quand il le fallait."
Un ovni en Formule 1
Plus jeune pilote de l'histoire à participer à une course à 17 ans et 5 mois au Grand Prix d'Australie 2015, et plus jeune pilote de l'histoire à remporter une course, à 18 ans et 7 mois au Grand Prix d’Espagne 2016, Max Verstappen a aussi bouleversé l'univers de la F1 comme personne. "C’est quand même complètement dingue ce qu’il a fait. Il a fait du kart pendant 6 ou 7 ans et ensuite il fait une année de monoplace, là où certains pilotes enchaînent des années de Formule Renault et gravissent les échelons (...) Verstappen a court-circuité tout ça" témoigne Cyril Abiteboul.
"Il a fait l’histoire, il a structuré le sport automobile en provoquant le système qui imposait des étapes dont lui s’est complètement affranchi."
Cyril Abiteboul, ex-patron de Renaultà Franceinfo: sport
Surtout, il a poussé le monde de la Formule 1 à se réinventer. "Il a complètement mis en branle un système. En grossissant le trait, il a démontré qu’il était en possible de passer du kart à la Formule 1. Dans le milieu, les gens s’en souviendront. Parce que quand on fait ça, on pose des questions sur l’ensemble du système économique du sport auto". La FIA en a modifié ses règlements. "Ça a fait suffisamment de bruit pour que la FIA réagisse, en créant un système de superlicence et de points, qui imposait de passer par des championnats de manière obligatoire comme la F3 ou la F2 pour avoir le droit de rouler en F1".
Tout pour devenir le plus grand ? Le précédent Vettel
Si la domination de Red Bull peut sembler sans limite actuellement, ses adversaires pourraient bien s’améliorer. D'autant que selon Cyril Abiteboul, l'écart entre les écuries devrait se réduire dans les années futures, impacté par les limitations de budget et par la simplification des technologies. Ce qui devrait laisser plus de place aux qualités des pilotes pour s'exprimer. Une potentielle motivation supplémentaire pour "Supermax".
Ou le début d'une période difficile. Fin 2013, Sebastian Vettel décrochait son quatrième titre de champion du monde, trois mois seulement après avoir fêté ses 26 ans, déjà chez Reb Bull. Retraité en fin de saison dernière, neuf ans après son dernier titre, “Baby Schumi” n’a plus goûté à cette joie. Que ce soit sous les couleurs de Red Bull, de Ferrari ou d’Aston Martin, sans que son statut de légende ne soit remis en cause.
Mais Verstappen pourrait enfin surprendre tout le milieu en choisissant d’arrêter sa carrière assez tôt, lui qui a déjà évoqué le fait de ne pas vouloir courir trop longtemps, tandis que Cyril Abiteboul se demande si "cette envie [de courir] va rester intacte". Au vu du caractère du pilote néerlandais, et si la concurrence revient à hauteur, nul doute que cette envie n'en sera que décuplée.
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