F1 : Vettel est "quelqu'un de sensible" qui avait "besoin d'un environnement pour être à son plus haut niveau", confie Cyril Abiteboul, ex patron de Renault
L'ancien patron de Renault, qui a cotôyé Sebastian Vettel lors de ses années chez Red Bull Renault, se souvient d'un féroce compétiteur et d'un pilote sensible.
Sebastian Vettel va quitter le paddock à l'issue de cette saison. Son écurie Aston Martin l'a annoncé jeudi 28 juillet. Avant de finir sa carrière dans une monoplace verte, l'Allemand aura surtout brillé au sein de l'équipe Red Bull, motorisée par Renault. Cyril Abiteboul, ancien patron de l'écurie Renault, a donc cotoyé le quadruple champion du monde à cette époque. Pour franceinfo: sport, il évoque le Vettel qu'il a connu, et l'empreinte qu'il laissera sur la F1.
Franceinfo: sport : Quelle trace laissera Sebastian Vettel dans l'histoire de la Formule 1 ?
Cyril Abiteboul : Il a énormément compté bien sûr, et surtout pour Renault avec qui il a conquis de nombreux titres. Ses résultats parlent bien sûr pour lui mais, pour moi, Vettel est avant tout le produit d'une stratégie Red Bull complète avec cette écurie qui est arrivée en perturbant le modèle en place car elle n'était pas adossée à un constructeur. Elle a débarqué avec l'ambition de bouleverser ce système assez conservateur avec une image de marque assez détonante. Vettel est issu de cette filiale, via les catégories monoplaces inférieures. Ce pilote a matérialisé le succès de la stratégie à 360 degrés de l'écurie autrichienne.
Placeriez-vous Vettel au même niveau que d'autres pilotes multi champions du monde ?
Les faits sont là et ils sont têtus : Sebastian est quatre fois champion du monde. Il a battu de vrais adversaires coriaces, même s'il est vrai qu'il a bénéficié, du temps de ses titres, de la puissance d'une équipe très jeune, très performante, très dynamique. Mais c'est aussi quelqu'un qui a su pousser son équipe en matière de développement, notamment pour des échappements novateurs qui soufflaient en virage et qui permettaient de garder l'aérodynamisme.
Vettel a été parmi les premiers, et les plus insistants, pour persévérer dans cette voie. De manière plus générale, on retiendra évidemment les qualités du pilote mais c'est aussi quelqu'un qui avait su animer la relation entre lui, Renault et Red Bull. Quand il est parti chez Ferrari, les deux autres parties en ont incontestablement fait les frais. Un grand pilote est donc aussi quelqu'un qui sait fédérer et créer du lien, largement au-delà de son premier cercle autour de la voiture.
Sa fin de carrière, en revanche, vous laisse-t-elle l'impression qu'il avait quelque peu perdu le feu sacré ?
C'est vrai que, dès lors qu'il est sorti d'une structure, Red Bull, où tout était construit autour de lui, pour rejoindre une écurie [Ferrari] qui existait bien avant lui et qui lui a bien fait comprendre le poids de la tradition, les choses sont devenues plus compliquées. Pour être à son plus haut niveau, Vettel avait besoin d'un environnement très favorable. Car même si c'est un compétiteur, c'est quelqu'un d'assez sensible. De même, chez Aston Martin où il y a eu de nombreux changements, d'actionnaires et d'objectifs, il n'a pas su retrouver cette stabilité dont il a besoin pour s'épanouir.
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