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Formule 1 : à Zandvoort, Max Verstappen revient aux racines de la "Max-mania"

Le champion du monde en titre évolue à domicile dimanche, aux Pays-Bas, devant une foule acquise à sa cause comme rarement la Formule 1 n'en a connu.

Article rédigé par franceinfo: sport, Loris Belin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Max Verstappen (Red Bull) durant le Grand Prix des Pays-Bas, le 4 septembre 2021 à Zandvoort (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

"J'imagine que Verstappen a gagné, il y a un brouillard orange." Non, Fernando Alonso n'a pas été victime d'hallucinations l'an passé au moment de franchir la ligne d'arrivée du Grand Prix des Pays-Bas. Le pilote Alpine a simplement subi quelques effets secondaires d'un phénomène qui a contaminé tout un pays : la "Max-mania". Dans les tribunes du circuit de Zandvoort, et plus largement sur la planète Formule 1 toute entière, une marée orange déferle inlassablement depuis plusieurs saisons. Sur le tracé batave, c'est à grand coups de fumigènes et de passion débordante que le soutien à Max Verstappen s'exprime. Une ferveur comme rarement le sport automobile en a vécu.

A domicile ce week-end, le pilote Red Bull va pouvoir un peu plus encore goûter à sa notoriété exponentielle aux Pays-Bas. Le champion du monde 2021 y est plus qu'une star, il est une icône qui dépasse de loin le cadre du sport. Les Néerlandais, avides de sports mécaniques mais qui n'avaient jamais connu de pilote vainqueur en F1 avant "MV1", peuvent y faire exploser leur chauvinisme presque frénétique plus encore qu'ailleurs pour le retour à la maison de leur héros local.

La Oranje Army a garni ses rangs

Tous sports confondus, le peuple batave fait partie des plus actifs quand il s'agit d'encourager ses protégés. Alors quand Max Verstappen est passé de grande promesse à pilote de pointe, ses supporters ont gagné en nombre vitesse grand V. Ferrari avait ses tifosi et des admirateurs de la marque autant que de ses champions. Verstappen concentre, en sa propre personne, les espoirs et le fanatisme d'une légion qui ne cesse de croître.

Au point de faire vendre des tribunes entières sur certains circuits, comme en Belgique, son pays natal, en Autriche, le fief de son écurie Red Bull, ou même en Hongrie, un des pays les moins éloignés du bastion hollandais au calendrier du championnat.

Des milliers de fans néerlandais lors de la course sprint du Grand Prix d'Autriche, le 9 juin 2022. (MINE KASAPOGLU / ANADOLU AGENCY via AFP)

Ce week-end en revanche, pas besoin de ce "Max Verstappen Official Travel". C'est simple, on n'y voit que du orange, à perte de vue. Verstappen est devenu une vitrine pour tout un pays, et un motif d'investissement national. Pour accueillir son premier Grand Prix depuis 1985, Zandvoort, station balnéaire nichée dans les dunes non loin de la mer du Nord, est allé jusqu'à augmenter la taxe de séjour de ses touristes (50 centimes par tête permettant de lever un million d'euros par an) pour contribuer aux efforts financiers afin de remettre le tracé aux normes actuelles de sécurité. Il fallait bien ça pour avoir un écrin où acclamer celui qui est devenu officier de l'Ordre d'Orange-Nassau, l'équivalent de la Légion d'honneur, à seulement 24 ans.

Nous savions que cela allait être un véritable succès populaire, mais recevoir plus d’un million de demandes… c’est du délire !

Jan Lammers, directeur sportif du circuit de Zandvoort

à l'émission Hart van Nederland

Le résultat visuel comme sonore est saisissant. Dans les travées, on y hurle sa joie à pleins poumons, pendant que l'hymne techno "Supermax" à la gloire de Verstappen résonne trois jours durant. En 2019, un an avant ce que devait être la première édition du retour à Zandvoort - finalement repoussée à 2021 à cause du Covid-19 - plus d'un million de demandes de billets avait été enregistrées, pour un circuit capable d'en accueillir dix fois moins à la journée. "Nous savions que cela allait être un véritable succès populaire, mais recevoir plus d’un million de demandes… c’est du délire !", avait alors halluciné Jan Lammers, directeur sportif de l'épreuve à l'émission de TV Hart van Nederland.

"C’était incroyable l’année dernière, s'est réjoui Verstappen en conférence de presse. Une atmosphère incroyable, il y aura beaucoup d’orange, alors j’ai hâte d’être au week-end. Vous voyez les gens devant vous, ils organisent une fête. Quand vous sortez de la voiture, ils vous encouragent, et je vais juste essayer d’en profiter." "Dans toute ma carrière, je n'ai jamais vu une telle réaction dans le public" se félicitait Christian Horner, patron extatique de l'écurie Red Bull au micro de Canal + après le succès de son poulain l'an passé.

Entre liesse et dérives

2022 devrait marquer de nouveaux standards de furie, puisqu'aucune jauge liée au coronavirus n'est cette fois en place. "Tout le monde est ici pour supporter Max, c'est génial […] on se croirait à un festival !" s'amuse à l'AFP Léon ten Dam, fan néerlandais présent à Zandvoort. Entre festival et stade de football, le cœur de la Oranje Army balance encore, parfois du mauvais côté du supportérisme. Des enquêtes ont été ouvertes pour harcèlement et insultes nauséabondes en tous genres (sexistes, homophobes, racistes) proférés par certains des soutiens de Verstappen. L'intéressé a dû intervenir face à des vidéos montrant des produits dérivés de Lewis Hamilton être incendiés en marge du Grand Prix de Hongrie. "Oui, c’est bien sûr inacceptable, a réagi l'actuel leader du championnat. Je veux dire, ces individus… Non, je ne suis absolument pas d’accord avec ça, c’est tout simplement dégoûtant."

Dans les allées de Zandvoort, le risque de ces débordements du public sont autres. A peine lui a-t-on demandé – pour la forme – de ne pas allumer de fumigènes oranges une fois arrivés à leur siège, pour ne pas gêner la visibilité sur la piste. Peine perdue depuis le début du week-end, alors que la séance de qualification, dominée par Verstappen, a dû être interrompue suite au jet d'une fusée sur la piste. Fernando Alonso ne pourra pas être surpris cette fois.

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