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Formule 1 : inspirations, contraintes, peinture... Dans les coulisses de la fabrication d’un casque de pilote

La conception de ces précieux objets demande une longue réflexion, beaucoup d’échanges, et des attentions particulières.

Article rédigé par Maÿlice Lavorel, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Max Verstappen pose avec son casque avant le Grand Prix d'Australie, le 12 mars 2020. (PETER PARKS / AFP)

Chaque week-end de course, ils attirent les regards du public et des supporters. Accessoire vital de la panoplie de pilote de Formule 1, les casques ont progressivement pris une nouvelle dimension pour devenir une plateforme de personnalisation et de design. Franceinfo: sport vous emmène dans les secrets de la fabrication de ces objets, qui touchent parfois à l'oeuvre d'art.

Tout commence par les idées et les envies du pilote. "Nous sommes constamment en contact", explique Mark Antar, designer du casque de Lance Stroll (Aston Martin). "Dès qu'il a une envie, ou quelque chose qui lui plaît, je prépare des designs pour lui montrer, à lui et son équipe." Ensemble, designer et pilote orientent ensuite leurs choix pour se rapprocher d’un dessin final. Une répartition des tâches naturelle pour les pilotes. "Moi, j’ai des idées, mais je ne suis pas artiste, je ne sais pas exactement à quoi ça va ressembler", sourit le pilote de Formule 2 Théo Pourchaire. "Et les designers ont aussi des références pour m’aider. On collabore comme ça", ajoute-t-il.

Des échanges à la conception

Le designer finit aussi par se familiariser avec les habitudes du pilote et les éléments incontournables qui composent son casque. "À force de passer du temps avec eux, surtout au téléphone, je finis par les connaître", explique Adrien Paviot, qui travaille avec plusieurs pilotes sur la grille de Formule 1 actuelle, mais aussi Théo Pourchaire en F2, ou Romain Grosjean, aujourd'hui en IndyCar. "Charles Leclerc est attaché au drapeau de Monaco, Pierre Gasly a des petits éléments en hommages à des copains."

Moi je demande mes couleurs, mon drapeau français, mes initiales, les choses basiques, et pour le reste, je lui fais confiance.

Théo Pourchaire

à franceinfo: sport

La communication reste cependant primordiale pour que tout soit bien clair entre les parties prenantes. "Ce n’est pas toujours facile de comprendre les envies des pilotes", tempère Mark Antar. "Pour que je puisse me représenter ce que Lance a dans la tête, il faut de nombreux échanges et des tests pour tout valider." Les designers sont aussi là pour déterminer ce qui est faisable, ce qui peut être réalisé, ou ce qui est trop difficile à conceptualiser.

Pour nourrir le volet de la création, ils tirent leur inspiration de tout ce qui les entoure au quotidien. "Je regarde l’architecture, le design graphique, la peinture", énumère Mark Antar, qui voit les casques qu’il conçoit comme une "toile vierge où il peut laisser courir son imagination. Je pioche l’inspiration un peu partout, parfois c’est une décoration de voiture qui va m’inspirer, parfois un logo peut devenir la base d’un design. Mais ça peut aussi venir d'ailleurs, de l'art par exemple", abonde Adrien Paviot. Les designers s'appuient sur des modèles numériques en 3D pour affiner le dessin.

Pièces uniques peintes à la main

Les designers doivent tout de même composer avec quelques contraintes, notamment la présence d'éléments extérieurs sur les casques. "Il y a parfois des problèmes avec la place des sponsors", regrette Valentin Belgy, peintre spécialisé. "Il faut composer avec ça, avec l’écurie, avec beaucoup de choses qui enlèvent des libertés."

Une fois le concept validé, le casque est ensuite transmis au "dernier maillon de la chaîne", comme se décrit Valentin Belgy. Depuis un peu plus de dix ans, il travaille pour donner forme au design et créer le produit fini. "On a toutes les dernières décisions, comme le choix du matériel, puis vient la peinture", décrit-il. Tout est fait à la main, ce qui rend chaque pièce unique.

En marge de toute cette progression, il ne faut pas oublier le défi du temps. "À ce moment-là, l’étau se resserre, entre toute l’organisation, la peinture, et le délai de la course", rappelle Valentin Belgy. D’autant que les saisons, de plus en plus longues et de plus en plus remplies, réduisent les périodes de travail pour les designers et les peintres. Après cette course contre la montre, les casques peuvent ensuite accompagner les pilotes dans une autre épreuve : celle de la piste. 

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