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Formule 1 : nouveau look pour une nouvelle ère ? L'aérodynamisme, source de toutes les curiosités

Avec le Grand Prix de Bahreïn dimanche, la saison 2022 de Formule 1 voit un nouveau règlement technique entrer en vigueur et largement redessiner les monoplaces.

Article rédigé par franceinfo: sport, Loris Belin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Charles Leclerc (Ferrari) durant les tests de pré-saison sur le circuit de Sakhir, à Bahreïn, le 10 mars 2022 (ANTONIN VINCENT / ANTONIN VINCENT / DPPI via AFP)

Une saison 2021 historique, une lutte sans merci, un suspense haletant, un intérêt croissant du public : tous les feux sont au vert pour Formule 1. Pourtant, cette saison 2022 voit une véritable révolution se mettre en place et rebattre toutes les cartes. Prévu à l'origine pour entrer en vigueur un an plus tôt avant que le Covid-19 ne s'en mêle, un nouveau règlement technique vient bouleverser la F1 et surtout l'allure de tous les bolides du paddock. Au point de faire passer le retour en piste de Lewis Hamilton et Max Verstappen, les deux rivaux de l'an passé, en arrière-plan.

Il faut dire que les monoplaces, millésime 2022, valent le détour esthétique. Des pneus considérablement plus larges, des ailerons redessinés ou encore des ailettes au-dessus des roues, le lifting est saisissant. Les organisateurs de la F1 ont voulu repenser leur principal outil de travail dans un objectif clair : accentuer les duels en piste. Pour aller de l'avant, la discipline a fait un grand bond en arrière, revenant à la genèse de l'aérodynamisme en Formule 1. Les voitures sont de nouveau pensées afin d'exploiter "l'effet de sol", qui donne des voitures plaquées à la piste, comme ventousées. C'est le même principe qu'un avion, qui profite des flux d'air générés sous ses ailes pour s'envoler, mais inversé.

Des choix aérodynamiques radicaux

Ce procédé, banni à partir des années 80, vise à réduire le phénomène dit du "dirty air", les perturbations aérodynamiques quand une voiture fend l'air. Ce souffle sale limitait les performances des voitures qui en suivaient une autre, compliquant les dépassements, et dégradant plus rapidement les pneus. La nouvelle philosophie aéro de 2022 viendra largement gommer cette problématique. Avec ces changements, certains observateurs craignaient de voir la Formule 1 s'aseptiser, et les monoplaces ressembler à de larges copies des maquettes présentées par la F1 en 2021. Les essais hivernaux ont largement balayé ces doutes.

À chaque écurie, son équipe d'ingénieurs ayant sa propre lecture du règlement, avide d'explorer au mieux les zones grises. Ferrari s'est présenté lors des essais d'avant-saison avec une voiture aux pontons, les flancs, aux courbes larges et évasées. En dévoilant pour sa part une machine aux cotés quasi inexistants, Mercedes a de son côté stupéfait tout le monde à Bahreïn.

"Nous n'avions pas anticipé le concept de Mercedes, a admis Ross Brawn, directeur sportif de la Formule 1 sur la plateforme F1TV. Il est de toute façon impossible de prévoir jusqu'où la créativité de ces équipes peut aller. Vous avez des centaines d'ingénieurs qui travaillent sur la réglementation et qui tentent d'en percer tous les mystères."  "Au bout d'un moment, tout le monde va finir par converger vers la meilleure des solutions, anticipe toutefois pour nous Cyril Abiteboul, ancien patron de Renault F1. Mais cela ne va pas se faire tout de suite.

Le marsouinage, drôle d'effet secondaire

Cette nouvelle ère de l'aérodynamisme ne manque pas d'ombres. Les écuries s'avancent avec peu de repères vis-à-vis de leurs performances et de celles de la concurrence avant le premier Grand Prix à Bahreïn dimanche. Et à force de tests, un problème inattendu a fait son apparition : le marsouinage. À haute vitesse, les monoplaces n'ont cessé de rebondir, faisant bouger les pilotes de haut en bas comme s'ils étaient montés sur ressorts. Les voitures, ainsi modifiées, ont toutes souffert du même mal qui, s'il a bien amusé les fans, a moins fait rire les mécaniciens.

"La charge aérodynamique générée est telle à haute vitesse que la voiture s'écrase car elle est aspirée par cet effet de sol, nous décrypte Cyril Abiteboul. Elle arrive à une distance critique du sol, où l'aéro finit par ne plus fonctionner du tout, l'aspiration s'arrête et la voiture se redresse. Ce qui génère à nouveau de l'appui aéro, et ainsi de suite. Il faut alors jouer sur un paramètre pour mettre fin à cette boucle. On peut augmenter la hauteur de caisse, ou jouer sur les suspensions. Mais cela se fait au détriment des performances de la voiture. Une suspension plus rigide sera plus efficace en ligne droite pour gommer ce rebond, mais les performances seront altérées dans les portions lentes d'un circuit."

Les ateliers ont donc dû revoir en partie la copie sur laquelle ils avaient planché tout l'hiver pour éviter ce marsouinage, difficilement supportable pour les monoplaces comme pour les pilotes. Et ils n'ont sans doute pas fini d'être pris au dépourvu. De toutes ces tentatives et approximations devrait naître la Formule 1 de l'avenir. Des bolides esthétiquement réussis et encore plus de bataille en piste : des promesses alléchantes, surtout après le spectacle grandiose déjà offert il y a seulement quelques mois.

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