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GP de Monaco : "Dans une course aux allures de procession, tout s'est joué à la stratégie et à la gestion des arrêts", juge Cyril Abiteboul

L'ancien patron de l'équipe Renault partage son regard sur la course à rebondissements du Grand Prix de Monaco, où Sergio Perez s'est imposé dimanche.

Article rédigé par Maÿlice Lavorel, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Carlos Sainz à Monaco, le 29 mai 2022. (XAVI BONILLA / XAVI BONILLA via AFP)

Le paddock se souviendra longtemps de Monaco 2022. Avec un départ sous la pluie, des stratégies bouleversées, et des interruptions, le Grand Prix a été animé pour toute la grille. L'ancien patron de l'écurie Renault, Cyril Abiteboul, revient pour franceinfo: sport sur le déroulé de l'épreuve, les conséquences de la pluie, et la victoire inattendue de Sergio Pérez.

Franceinfo: sport : l'arrivée de la pluie a-t-elle tout changé avant le départ ?

Cyril Abiteboul : Effectivement, la pluie était annoncée et a été au rendez-vous. À Monaco, c'est très accidenté, on ne sait jamais si elle va descendre des montagnes, et surtout à quelle vitesse. Je pense qu'il y a eu des bonnes décisions prises par la direction de course, d'arrêter tout de suite, de ne pas insister, et ensuite de profiter de l'éclaircie. À part pour Latifi [sorti de piste derrière la voiture de sécurité], la pluie elle-même n'a pas changé grand-chose dans l'ordre du départ, c'est un peu plus tard que les choses se sont accélérées.

En quoi la pluie a justement décalé les stratégies de rentrée aux stands et de changements de pneus ? Comment a-t-elle pesé sur la suite de la course ?

Ce que je retiens surtout, c'est qu'on a eu pour la première fois un Grand Prix de Monaco avec une certaine forme d'élasticité. Les équipes pouvaient se permettre de ne pas être sur le bon pneu au bon moment car les voitures avaient tellement de mal à dépasser que les positions étaient figées. On l'a revu en fin de course, en tête, entre Red Bull qui a choisi les pneus médiums et Ferrari qui a choisi les pneus durs, mais sans incidence sur les positions à l'arrivée.

Comment jugez-vous ce Grand Prix, le premier à Monaco depuis le nouveau règlement, au cœur des débats sur le spectacle offert par le tracé ?

On voit la limite de ce nouveau règlement, où les voitures ont été conçues pour favoriser les dépassements dans les virages à haute vitesse, et resserrer les écarts. En un sens, ça marche, les quatre premiers ont terminé dans un mouchoir de poche, même si je note un écart avec les poursuivants [George Russell est arrivé à 11 secondes du leader]. En revanche, elles n'ont pas réussi à se dépasser. Il n'y a pas eu de changement dans la hiérarchie. Cela montre que Monaco, peut-être encore plus qu'avant, offre à la fois un spectacle toujours inattendu, avec des crashs, des erreurs, mais aussi une course qui a des allures de procession. Tout s'est joué de manière très intellectuelle, au moment des stratégies, avec la gestion des arrêts et du trafic.

Ce Grand Prix assez fou a donné une belle troisième victoire pour Pérez, qui n'était pas forcément le plus attendu au départ…

C'est ça, et c'est pour cela que Monaco représente toujours les deux revers d'une même pièce. On se dit qu'il ne se passe rien, qu'il n'y a pas de dépassements. Là, je pense qu'il n'y a pas eu beaucoup de dépassements en piste. Mais finalement, cela donne toujours des surprises, et parfois un vainqueur inattendu. Je suis très content pour Pérez, c'est un pilote extraordinaire, qui a une capacité à ne pas faire d'erreurs, à défendre très proprement. C'est ce qu'il a fait dans les derniers tours alors que ses gommes étaient plus endommagées que celles de ses poursuivants. Cela donne un joli résultat à la fin.

Et que retenez-vous de la course de Charles Leclerc, toujours malheureux à domicile ?

Monaco a aussi la particularité de faire attendre certains pilotes avant de les sacrer vainqueurs. C'est encore le cas de Leclerc, qui partait en pole, avec la meilleure voiture, le local de l'étape, et trois ou quatre derniers mauvais Grands Prix à oublier. On s'attendait vraiment à ce que ce soit son année, et pourtant non. Il suffit de pas grand chose, probablement une décision stratégique sous-optimisée par Ferrari, mais qui est passée pour d'autres qui ont fait le même choix.

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