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Le Grand Prix de France, "un moment privilégié" pour les pilotes français, selon Alain Prost

Pierre Gasly s'aligne pour la première fois sur le circuit du Castellet depuis sa victoire en Grand Prix, l'an dernier, tandis qu'Esteban Ocon conduit une monoplace française. Forcément, "un Grand Prix très important", pour Alain Prost.

Article rédigé par Jean-Pierre Blimo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Alain Prost compte notamment sur une performance du pilote français d'Alpine, Esteban Ocon. Le quadruple champion du monde est conseiller spécial du constructeur.  (XPB / JAMES MOY PHOTOGRAPHY LTD. / RENAULT F1 TEAM)

Le circuit du Castellet, dans le Var, accueille dimanche 20 juin le Grand Prix de France de Formule 1, 15 000 personnes peuvent s’asseoir dans les tribunes. C’est moins du quart de la capacité du circuit Paul Ricard, mais c’est une première cette année en Formule 1. L'occasion de s'illustrer pour les deux pilotes français, Pierre Gasly et Esteban Ocon. Le premier s'aligne pour la première fois en France après sa victoire au Grand Prix d’Italie l’an dernier. Le second conduit une Alpine, le nouveau nom des Renault. "Le Grand Prix de France avec du public sera extrêmement positif pour eux", estime Alain Prost, conseiller spécial d’Alpine, et quatre fois vainqueur au Castellet.

franceinfo : Que représente un Grand Prix de France de Formule 1 pour un pilote français, par rapport aux autres Grands Prix de la saison ?

Alain Prost : Pour moi, cela a toujours été un grand prix "national", une sorte d’objectif spécifique dans la saison avec une motivation supplémentaire. J’ai vécu mes premiers tours de roue dans le sport automobile ici, à l’école de pilotage, et lors du championnat du monde de karting, au Castellet. Cela a toujours été une maison.

Quand j’en parle avec Esteban Ocon et Pierre Gasly, pour eux c’est pareil. Ils sont maintenant connus et reconnus en Formule 1. Ils sont à l’aboutissement de leur rêve. Pour eux, ce Grand Prix de France est un moment privilégié, et aussi une pression supplémentaire, mais une pression extrêmement positive. C’est également l’occasion de rencontrer tous ceux qui les ont accompagnés ou aidés. Pas seulement le public, mais aussi les gens qui font le sport automobile en France. C'est donc un Grand Prix très important.

Pierre Gasly a déclaré que maintenant qu'il avait gagné un Grand Prix [celui d'Italie, en septembre 2020], le regard des gens avait changé...

Oui, et cela donne une certaine confiance. Il a gagné son premier Grand Prix dans des circonstances particulières, avec une pression énorme en fin de course. Une pression qu’il a supportée. Tout le monde l’a vu. Dans le milieu de la Formule 1, on voit Pierre d’une manière différente. Et puis, quand vous prenez le départ d’un Grand Prix, en première position, en cinquième, ou même en dixième, vous pensez toujours que vous allez pouvoir gagner, parce que vous l’avez déjà fait une fois. Cette confiance est très importante.

Il y aura 15 000 spectateurs pour ce Grand Prix de France. C’est la jauge maximum dans un contexte de restrictions. Et c’est la première fois depuis le début du championnat qu'il y aura autant de public. Est-ce que les pilotes y sont sensibles ?

Bien sûr ! Quand j’ai gagné ici, au Castellet, en 1983, il y avait 37 000 spectateurs, sur le week-end. Quand j’ai fait mon tour d’honneur, je roulais lentement car j'avais gagné avec une voiture française [Renault] mais arrivé à la courbe dite de Signes, il n’y avait déjà plus personne. Ce n’est pas du tout la même chose. Vous avez besoin du public. Vous faites ces courses pour vous-mêmes, mais aussi indirectement pour les gens qui vous supportent, qui sont passionnés. Quand vous êtes à Monaco, et que vous voyez des tribunes pleines, c’est une émotion différente. À mon époque, quand on allait courir en Amérique du Sud ou au Mexique, il n’y avait pas le même sentiment d’effervescence. C’est très important pour le pilote. La motivation vient aussi un peu de là. C’est pour cela que le Grand Prix de France avec du public, pour les pilotes français, est extrêmement positif.

Les monoplaces Renault portent désormais le nom Alpine. Au volant, on retrouve Fernando Alonso, et Esteban Ocon. Que pensez-vous de leurs résultats après les six premières courses du championnat ? [Alpine occupe la septième place au classement des constructeurs, et les deux pilotes ont fini 6 fois dans le top 10]

C’est un bilan contrasté. Avec des bonnes surprises, mais aussi des mauvaises, des choses qu’on n’arrive pas toujours à comprendre. Si cela peut nous rassurer, même des grandes équipes, comme Mercedes, sont en difficulté avec l’utilisation des pneumatiques, comme à Monaco ou à Bakou. Après les premiers essais, on est bien. Est-ce qu’il va en être de même en course ? Ce n’est pas encore l’année où l’on s’attend à faire des miracles en termes de résultats, mais il faut faire front.

Esteban Ocon vient de prolonger son contrat avec Alpine jusqu’en 2024. Une marque de confiance ?

C’est une marque de confiance, comme lui-même a une marque de confiance vis-à-vis de l'équipe. C’est bien d’avoir une forme de stabilité. On a vu que depuis l’année dernière, il a énormément progressé. Dans le pilotage, on sait qu’il est capable d’aller vite, mais il écoute aussi beaucoup les équipes, les ingénieurs. C'est un gage de réussite. Signer un contrat à long terme avec un pilote comme lui, cela veut dire que l’on construit ensemble. Et c’est loin d’être fini.

Il avait besoin de cette stabilité ?

Oui, car cette stabilité est valable pour l’équipe et pour le pilote. On doit faire les choses ensemble. On a du temps pour le faire, même s’il ne faut pas s’endormir avec ce contrat à long terme. D'un autre côté, c’est une pression importante. Car il s’agit d’un engagement d’un pilote français au sein d'une équipe française. Mais on voit qu’il a mûri, qu’il est solide. Aujourd’hui, il fait partie des meilleurs pilotes du plateau.

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