Vettel le champion normal
Dans la grande ligne droite qui mène au Panthéon du sport automobile, il ne reste devant Vettel que Michael Schumacher, sept titres mondiaux dont cinq d'affilée (2000-2004) chez Ferrari, et Juan Manuel Fangio, cinq titres conquis avec panache dans les années 50. "Schumi" avait coiffé sa 4e couronne en 2001, à 32 ans. "Vettel m'a surtout impressionné au début, par sa maturité. Aujourd'hui il suit son chemin et il va devenir de plus en plus fort, estime Alain Prost. Le fait de gagner plusieurs titres d'affilée, ça donne une force incroyable, psychologiquement, et ça n'est pas près de s'arrêter". Les statistiques de Vettel sont de plus en plus impressionnantes: 117 GP disputés pour 36 victoires et 43 pole positions. Un ratio comparable aux meilleures années Schumacher, tout comme la manière implacable dont Red Bull Racing et Vettel dominent la F1 depuis 2010, avec la meilleure voiture, conçue par le meilleur ingénieur, Adrian Newey. Malgré le déluge de louanges et de critiques qui pleuvent sur lui, en permanence, Vettel reste simple, souriant et décontracté, disponible pour ses fans, visiblement heureux d'être champion de F1 et de travailler sans relâche au sein d'une équipe Red Bull totalement dévouée à sa cause. "Je suis un peu têtu", a-t-il souri jeudi, alors qu'on lui demandait de faire la liste de ses défauts.
Il énerve
"On ne passe pas beaucoup de temps à +glander+ dans la piscine", disait-il à Singapour, après une victoire "à la Schumacher", avec 30 secondes d'avance sur le peloton, suivie d'une bordée de sifflets totalement immérités sur le podium, comme à Spa et à Monza. Car les succès à répétition de Vettel énervent. Ses détracteurs se sont déchaînés après sa victoire en Malaisie, en mars, quand il a désobéi aux consignes de son équipe pour doubler son coéquipier Mark Webber. Puis "Baby Schumi" s'est expliqué, calmement: "J'étais plus rapide que lui, donc c'était logique que je lui passe devant". "C'est quand même incroyable: il est très bon, sympa et les gens le sifflent, alors que Kimi Räikkönen est populaire et ne sourit jamais", observe un journaliste français qui suit la F1 depuis plusieurs années. Vettel énerve aussi quand il brandit son doigt en l'air après une pole position ou une victoire. "Nous avons eu une petite discussion avec l'équipe car certaines personnes, pour une raison qui m'échappe, semblent offensées par ce geste", a dit l'Allemand à Suzuka. Il n'a pas prévu de changer son rituel car "le plus important, c'est de rester soi-même et de s'y tenir".
Un champion normal
Cette saison a été plutôt facile pour Red Bull, ce qui a permis à Vettel de la dominer de la tête et des épaules. Avec un atout supplémentaire, en plus de sa RB9 très efficace sur toutes sortes de tracés: l'opposition était divisée car les pilotes Mercedes, Ferrari et Lotus se relayaient pour le contrarier et monter sur le podium, à tour de rôle. "Comment en êtes-vous arrivé là?", a demandé samedi un journaliste indien. "Je ne sais pas", a répondu ce supporter de l'Eintracht Francfort. Puis il a expliqué: "Quand tout a commencé, j'étais loin d'imaginer tout ça. C'était un loisir, je faisais ça en famille. Puis c'est devenu plus rapide, plus sérieux". "A la fin, c'est la passion qui nous guide tous, notre amour pour le sport. Nous aimons relever des défis personnels. Par rapport au karting, les voitures sont simplement plus grosses, les circuits plus grands et il y a plus de gens qui regardent. Mais au fond c'est pareil", a-t-il poursuivi. Des mots simples, parce que Sebastian Vettel, même avec un palmarès exceptionnel, reste un champion normal.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.