Vettel sur un rythme de champion
Ce n'est pas l'arme absolu mais, dans la F1 moderne, partir de la pole position procure un énorme avantage. Sur les trois dernières saisons, 46 % des pilotes en pole se sont imposés en course le lendemain. Presque une chance sur deux. Un pourcentage qui aurait pu s'avérer plus élever si, en 2010, Sebastian Vettel avait mieux tiré profit de ses 10 positions de pointe (ndlr : Vettel n'a gagné que trois fois en partant de la pole). En 2011, l'Allemand a confirmé sa main mise sur les qualifications. Un règne sans partage puisqu'il totalise quatre places en haut de la grille en autant de Grand Prix. Mais cette fois, l'exploitation qu'il en fait est bien meilleure avec trois succès (75 %). Bien plus sûr dans ses choix et sa stratégie, Vettel devient intouchable quand il s'élance en tête. La concurrence doit vraiment s'en inquiéter car le champion du monde n'a pas d'égal en qualifications. Il en est déjà à 19 poles en carrière et devrait bientôt dépasser Alonso (21), meilleur pilote en activité dans ce domaine. Avec cinq d'affilée, il n'est plus qu'à trois longueurs du maître incontesté en la matière, Ayrton Senna (record à 8 de rang et 65 en carrière). Ça vaut toutes les cartes de visite...
L'an dernier, Webber et Vettel avaient fait du circuit d'Istanbul un ring de boxe. L'Australien était sorti vainqueur par KO mais cela avait plombé l'ambiance au sein de Red Bull pour de longues semaines. Un an plus tard, Webber est un champion de plus sans couronne et a même fini par rendre les armes aux pieds de son coéquipier. "C'est un peu comme en squash ou en tennis, quand on fait ce qu'on veut de la balle, indiquait Webber après la 3e victoire de l'Allemand. Là, +Seb+ tenait les rênes de la course, en terme de stratégie. Seb est au sommet de sa forme. Il a vécu un super début de saison. Il est proche du maximum."C'est en effet l'impression que donne Vettel dimanche après dimanche. Meilleur pilote du plateau, le champion en titre impressionne par son calme et sa sérénité. De plus, il bénéficie, avec la RB7, de la meilleure voiture du plateau. Il sait, mieux que Webber, en faire bon usage et s'est assuré un bon matelas au championnat. Avec 93 points sur 100 possibles et 34 d'avance sur Lewis Hamilton (McLaren), la voie d'un deuxième sacre est toute tracée.
Nous voilà revenus au temps des courses où le nom du vainqueur est presque connu avant le drapeau à damiers. Cette époque où un autre Allemand écrasait la F1 avec ou sans le consentement de ses coéquipiers. Moins cinglant en piste, Vettel bénéficie d'une cote de sympathie plus élevée que Michael Schumacher mais ses succès risquent de lasser le public aussi vite que le pilote Red Bull enfile les couronnes. Vettel n'y est pour rien si la concurrence n'est pas à son niveau. Malgré sa victoire en trompe l'oeil en Chine (Hamilton), McLaren peine à rouler sur les plates-bandes de l'écurie autrichienne. Trop irrégulière. Quant à Ferrari, c'est à peine si la Scuderia relève la tête d'un début de saison chaotique. Candidat déclaré au titre, Fernando Alonso a attendu la Turquie pour monter une première fois sur le podium (3e). Déjà trop tard ? "Nous ne devons pas nous faire d'illusions. La route est encore très longue et le terrain à récupérer énorme pour être là où nous le voulons", a remarqué le directeur de l'écurie, Stefano Domenicali. Au moins, nous avons démontré que nous avons pris la bonne direction." Pas plus inquiet que cela, Vettel veut éviter l'excès de confiance. "Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, annonce-t-il. On a vu l'an passé combien les choses pouvaient changer rapidement, particulièrement avec Fernando (Alonso), qui s'éloignait puis revenait, s'éloignait puis revenait."
Quand McLaren empilait les doublés avec le duo Prost-Senna tout en laissant ses pilotes se battre en piste, le spectacle était au rendez-vous. Si la F1 a vécu un beau dimanche avec de nombreux dépassements, il manque un rival à Vettel. Webber l'a été et pourrait le redevenir. Depuis l'ouverture à Melbourne, l'Australien gagne une place à chaque course. De 5e à 2e, il n'y a plus qu'un cap à franchir pour retrouver la victoire. Le plus difficile. Ce regain de forme de son coéquipier et le retour de Ferrari ne brouillent pas la tête de Vettel qui sait maintenir la pression sur lui et sur son équipe. "Le jour où on commence à se dire qu'on est imbattable, on se fait assurément battre, prévient-il. En à peine quatre courses cette saison, toutes les écuries ont connu des hauts et des bas. Je suis heureux que nous ayons été compétitif aux quatre courses. Mais parfois, cela a été assez confortable, comme en Australie. D'autres fois, c'était très proche." A Barcelone le 22 mai, au quart du championnat, il sera grand temps de chahuter le leader. Après, il sera trop tard.
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