Lart de sadapter
A contre-cur mais guidés par la raison, les organisateurs décident donc dannuler la spéciale entre Fiambala et Copiapo. Sur le plan sportif, cest évidemment une position difficile à prendre alors que les étapes à venir sannoncent décisives. Mais au-delà de la course, le plus dur commence. Il faut tout revoir, du programme jusquà la logistique. Il faut aussi faire circuler linformation, et relayer les décisions officielles.
Tard dans la soirée, après que les rumeurs ont considérablement enflé, le patron du Dakar Etienne Lavigne confirme lannulation de la spéciale. Il décide de faire partir les véhicules en convois, les motos, dabord, le lendemain matin, pour une longue liaison de plus de 800 km.. Pour la moitié, ce sera le parcours prévu, jusquà la frontière, ensuite, les participants et les suiveurs sengageront dans un itinéraire bis plus compliqué mais préservée de la neige. Cet itinéraire de délestage permet de passer, mais la caravane nest pas au bout de ses peines.
Ceux qui étaient parvenus à passer à temps, avant la tempête, sont bloqués par les autorités chiliennes qui ne leur laissent pas le loisir de redescendre et ils doivent improviser un bivouac. Ce nest que très tard vendredi que les camions et les cars techniques peuvent enfin rejoindre le bivouac officiel, cette fois Copiapo. Car cette grosse machinerie très complexe à gérer, est paradoxalement assez encline à sadapter aux événements. Cest le propre du Dakar qui a déjà dû souvent, dans son histoire, modifier ses programmes et ses parcours.
Pour les autres suiveurs, les journalistes, les techniciens et beaucoup de membres de lorganisation, cest une journée galère. La nuit dans un autocar, puis un long trajet jusquau retour à laéroport de la Rioja pour attendre un avion militaire qui doit conduire, en plusieurs voyages, tout ce petit monde au Chili. Car évidemment, les vols initialement prévus le soir ont été annulés en raison dune mauvaise visibilité. Alors lorganisation a tout revu, appuyée par les autorités, tant en ce qui concerne de nouveaux plans de vols, quaffréter des navettes et réorganiser laccueil tardif. Dès quune pièce du mécano est changée, tout le reste doit suivre.
Car sans les moyens techniques sur place, impossible de diffuser quelque image ou quelque information que ce soit. Même sil ny a pas eu de journée de course, le Dakar doit pourtant fonctionner, et il nest pas question, surtout pas dans ces conditions, de tourner au ralenti. Bien au contraire, si la journée est longue et fatigante, le rythme imposé au personne ne laisse pas de répit. Lorganisation prévoit tout, et tout se remet en ordre de marche, même avec beaucoup de retard.
A larrivée à Copiapo, les concurrents sont épuisés et déçus, car ils ont déjà été privés la veille dune partie dune belle étape. Mais cette frustration on la sent aussi auprès de tous les suiveurs. Sils nont pas eu le choix, la réalité simposant à lévidence, ils manifestent une certaine lassitude. Malgré tout, les organisateurs reprennent les choses en main, et le bivouac reprend petit à petit son apparence habituelle.
Et le fait est que, lorsque lon voit toutes les modifications quil faut apporter rapidement, les contacts à prendre, lorganisation à repenser, la mise en place de moyens de substitution, en contournant les obstacles, en fluidifiant les relations parfois difficiles, et que tout parvienne à fonctionner malgré les humeurs, beaucoup saluent lart de ladaptation du staff du Dakar. Après tout, ce nest pas un rallye qui peut sarrêter pour un grain de sable.
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