L'Extreme E: une nouvelle compétition de SUV électriques qui se veut "la plus verte possible"
Déjà très engagé dans la lutte contre le racisme, Lewis Hamilton compte aussi lutter contre le réchauffement climatique. Le sextuple champion du monde de Formule 1 a annoncé, la semaine dernière, qu'il fondait "X44", une équipe de SUV électriques qui sera engagée dans le prochain championnat d'Extreme E.
Cette nouvelle compétition automobile créée par Alejandro Agag, déjà fondateur de la Formule E, se veut neutre en émissions de carbone. Pour cela, les voitures seront 100% électriques et ne voyageront pas en avion, mais par un cargo rénové pour minimiser la consommation de carburant. Parmi les composants, « les batteries des SUV électriques seront chargées à l’hydrogène, généré par l’eau et le soleil, et nous travaillons pour les rendre recyclables à 90% », assure Julia Fry, responsable communication d’Extreme E.
Des sites de courses choisis en concertation avec des scientifiques
Les huit équipes composées d’un binôme de pilotes, obligatoirement mixte, s’affronteront lors 5 « X-Prix », au Lac Rose au Sénégal, dans les gorges du Gandaki au Népal, dans l’oasis d’Al-‘Ula en Arabie Saoudite, sur le glacier du Kangerlussuaq au Groenland et à Santarém en forêt amazonienne brésilienne.
Les cadres de ces « X-Prix » n’ont pas été choisis au hasard: « Ce sont des sites dont l’écosystème souffre particulièrement du réchauffement climatique et pour lesquels nous voulons éveiller les consciences. Ils ont été délimités en collaboration avec des scientifiques spécialistes de chaque zone », explique l’organisation, qui veillera à ne pas les dégrader davantage: « Les courses auront lieu sur des sites déjà endommagés par le réchauffement climatique. Par exemple, en Amazonie, on ne va pas déforester davantage, mais courir sur des zones déjà déforestées ». Chaque X-Prix comportera deux manches de qualifications, puis des demi-finales et une finale, sur des tronçons d’environ huit kilomètres.
Au delà de l’enjeu sportif, l’Extreme E entend participer au progrès technique
Conçus et assemblés par l’entreprise française Spark Racing Technology, les SUV électriques, qui concourront dans des conditions extrêmes, pèseront environ une tonne de moins que leur version thermique. Pour Nicolas Wertans, président de Spark, il y a, au-delà de la course, un enjeu de transfert de technologies: « En développant ce type de véhicules, nous avons des clients, constructeurs automobiles, qui viennent nous voir pour améliorer leurs véhicules thermiques du quotidien ».
Ce sont ces arguments qui ont convaincu Lewis Hamilton d’engager une équipe en Extreme E: "Chacun d'entre nous a le pouvoir de faire la différence, et cela signifie tellement pour moi de pouvoir utiliser mon amour de la course, ainsi que mon amour pour notre planète, pour avoir un impact positif ».
Voir sur Twitter
Déjà pilote de Formule E, le Français Jean Eric Vergne s’engagera lui aussi en Extreme E, avec son équipe Veloce Racing, pour les mêmes raisons que Lewis Hamilton: « Ce championnat a une idéologie écologique encore plus forte que la Formule E, avec l’objectif zéro carbone, et cela donne encore plus de sens à ce que je fais déjà en pilotant une voiture électrique. Comme en Formule E, ces courses vont permettre de développer des technologies et des moteurs électriques qui s’appliqueront sur la voiture de monsieur Tout-le-monde ».
Des arguments qui ne convainquent pas les écologistes
Du côté des organisations écologistes , l’Extreme E est plutôt considéré comme une aberration. « Même s’ils sont électriques, cette compétition va donner plus de notoriété aux SUV, aux gros véhicules, alors que la tendance voudrait que l’on délaisse la voiture, ou bien que l’on se tourne vers des voitures plus petites et plus écologiques », regrette Sarah Fayolle, chargée de campagne Transports à Greenpeace France, pas davantage convaincue par la promesse de compensation des émissions de CO2: « Aujourd'hui il ne faut pas compenser, mais réduire nos émissions. La logique de compensation n’est pas à la hauteur du changement dont on a besoin ». La responsable écologiste s’interroge aussi sur les composants des batteries électriques: « Elles posent question sur les métaux rares utilisés pour les produire, et sur les droits humains des mineurs qui les extraient ».
Afin de limiter leur empreinte carbone, les courses n’accueilleront pas de spectateurs. Pour les participants, rendez-vous les 23 et 24 janvier 2021, au Lac Rose, au Sénégal.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.