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GP d’Abu Dhabi : "La victoire de Max Verstappen marque un tournant pour la F1", souligne Cyril Abiteboul, ancien directeur général de Renault F1

Max Verstappen a remporté, dimanche, son premier championnat du monde de Formule 1 grâce à sa victoire à Abu Dhabi en doublant Lewis Hamilton dans le dernier tour. 

Article rédigé par Hortense Leblanc, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Cyril Abiteboul, ancien directeur de l'écurie Renault F1, revient pour franceinfo:sport sur le dénouement du championnat du monde.  (POOL F1 / DPPI MEDIA)

Après plusieurs années de domination de Lewis Hamilton en Formule 1, le fougueux Max Verstappen a remporté son premier championnat du monde, dimanche 12 décembre, à Abu Dhabi. Une victoire acquise dans le dernier tour de la dernière course de la saison, après l’intervention d’une voiture de sécurité et une décision contestée de la direction de course. Ancien directeur général de l’écurie Renault F1, Cyril Abiteboul était présent aux Emirats arabes unis et revient pour franceinfo:sport sur le dénouement du championnat. 

franceinfo:sport : Vous avez assisté à ce Grand Prix d’Abu Dhabi, dont la décision s'est faite au dernier tour, quelle est votre première réaction après cette course folle ?
Cyril Abiteboul : Je ne suis pas surpris que Mercedes conteste les incidents en fin de course (les deux réclamations de l'écurie ont finalement été rejetées par les commissaires, ndlr). C’était un dernier tour à l’image du championnat, très disputé. L'avantage global était pour Mercedes en matière de vitesse pure, de performance, de régularité, mais la rage se trouvait dans le clan Red Bull et chez Max. Il s’est passé beaucoup de choses, c’est ce qui est vraiment magnifique en Formule 1, avec des duels technologiques et stratégiques à distance, deux pilotes extraordinaires et de la controverse. 

Max Verstappen l’emporte, mais ce n’était pas gagné après son départ manqué…
En vitesse pure, la victoire revenait à Mercedes, avec un Verstappen un peu handicapé par ses gommes tendres, a priori meilleures pour le démarrage mais moins bonnes pour la stratégie. En plus son départ n’a pas été bon. La Mercedes a pris l’ascendant et a rapidement creusé l’écart. Mais Sergio Perez (le coéquipier de Verstappen chez Red Bull, ndlr) a fait un travail extraordinaire pour retenir Hamilton, de manière sportive, dans une vraie course d’équipe. On a senti une équipe Mercedes sur la défensive, qui n’a pas réagi à la première voiture de sécurité virtuelle déclenchée par Antonio Giovinazzi, ni à celle de l'accident de Nicholas Latifi. Après, c’est le privilège du challenger, qui n’a rien à perdre, de pouvoir tenter des coups stratégiques. 

Verstappen a pu compter sur l’aide de son coéquipier, Sergio Perez, tandis que Valtteri Bottas était trop loin pour prêter main forte à Lewis Hamilton. Est-ce que cela a joué aussi dans le résultat final ?
Je pense que ça a été assez déterminant. Sergio Perez n’a pas toujours été là cette saison mais il a répondu présent dans les moments importants, comme aujourd’hui, parce qu’il a ralenti Lewis, même si ça n’a pas suffi à Verstappen pour rattraper la Mercedes sans voiture de sécurité. 

Même si Mercedes est champion des constructeurs, je pense que c’est ce qui a manqué à Lewis cette année, d’avoir l’appui d’une deuxième voiture.

Cyril Abiteboul

à franceinfo:sport

Sans voiture de sécurité, vous pensez que Lewis Hamilton l’aurait emporté ?
Oui très clairement. À un moment on s’est demandé si les pneus de Lewis allaient tenir jusqu’au bout. Mais finalement ils ont résisté et son avance avait l’air de suffire pour aller jusqu’à la fin. Sans l’intervention de la voiture de sécurité, le résultat était clairement différent. Et la gestion des cinq pilotes retardataires va sûrement faire beaucoup parler dans les jours qui viennent. 

Max Verstappen s’est souvent senti lésé par les décisions de la direction de course, finalement, celle-ci lui profite ?
Je pense que la FIA était prise dans un dilemme. Normalement, la règle habituelle, c’est que les pilotes qui ont un tour de retard peuvent dépasser la voiture de sécurité. Mais tout ça prend du temps car il faut ensuite qu’ils fassent le tour du circuit pour se remettre à l’arrière du peloton. Ça peut donc prendre plusieurs tours. La FIA a été prise entre deux décisions : celle de terminer la course sous safety car, ce que peu de monde souhaitait hormis Mercedes, soit permettre de redémarrer en laissant Verstappen dépasser les cinq retardataires. Je n’ai pas tous les éléments et je pense qu’il va y avoir beaucoup de discussions à ce sujet. Red Bull s’en est plaint la semaine précédente à Jeddah mais cette fois-ci ça va plutôt dans leur sens. 

Depuis quelques temps on voit une fédération qui cherche à trouver le juste équilibre entre les textes, la doctrine, et ce qui est intéressant pour le sport.

Cyril Abiteboul

à franceinfo:sport

Lors du premier tour, Max Verstappen et Red Bull avaient aussi contesté la non-ouverture d’une enquête après la sortie de piste de Lewis Hamilton… 
Je trouve que la première décision était bonne. Max tente une manoeuvre un peu osée, Lewis sort et en le faisant il protège sa position. J’ai envie de dire un partout, la balle au centre. Ça ne me semble pas aberrant. La fin de course prêtera sûrement plus à discussion. Pour moi, les décisions et les résultats de ce jour ne sont pas injustes. Mercedes est champion du monde des constructeurs et c’est mérité, et Max est champion pilote, sans le démériter. Son tour de qualification hier était vraiment assommant.

Dans tous les cas, je pense qu’il faut, à un moment, arriver à accepter les décisions de la fédération, des stewards. Ils ont une immense responsabilité dans ces moments-là. 

Avec ce premier titre pour Max Verstappen, entrons-nous dans une nouvelle ère de la Formule 1 ? 
C’est difficile à dire, mais ça marque un tournant. La Formule 1 est dominée par les moteurs depuis 2014. Mercedes a profité d'un avantage compétitif avec des ressources financières et humaines incroyables, qui lui ont permis de développer un autre avantage au niveau des châssis. Là, après plusieurs années, Red Bull a réussi à se remettre au niveau. Il faudra voir ce qu’il se passera en 2022, avec l'énorme changement du règlement aérodynamique et celui assez marginal au niveau des moteurs. Red Bull devra également digérer le départ de son motoriste, Honda. Ca va être intéressant de voir comment ils gèrent ça et comment ils s’en sortent. 

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