Louis Rossi : "C'est juste incroyable !"
Q : Louis Rossi, racontez-nous cette course folle
R : « Jétais en retrait en début de course car jattendais les erreurs des autres et je ne voulais pas, au cas où quelquun en ferait une, me retrouver à lui rouler dessus. Je voulais faire une course intelligente et rattraper les erreurs de Jerez et Estoril. Ca ma bien servi de les faire. Et ce que je pensais est arrivé. Ils sont tombés quand ils ont commencé à pousser. Jétais là et jattendais. Quand le groupe sest réduit, jai recollé à Vinales. Là il a fait une erreur. Je ne my attendais pas car jétais derrière lui et javais lopportunité de le doubler dans quelques virages. Jai failli lui rouler dessus et perdre tout le travail fait avant. Jai fait sept tours en tête et cétait long parce quil se passe plein de trucs. Rien que le fait de passer en tête, cest super grisant. Il faut tout de suite se rattraper et la ligne droite nest pas assez longue. Il a fallu se reconcentrer et reprendre les bases que javais avant pour ne pas faire derreur. Mike (di Meglio) mavait appris que quand on veut assurer ou aller moins vite, cest là quon tombe car on ne roule pas comme à lhabitude. Cétait compliqué même si je voyais sur le bord du muret mon équipe me dire de me calmer. Jai roulé moins vite mais en gardant un bon rythme. La seule chose de différent, cétait de prendre moins dangle et attendre plus pour reprendre les gaz. »
Q : Le public vous a aidé ?
R : « Je lai senti à la fin. Pendant la course, et ça fait partie de mes qualités, je suis resté bien concentré. Je suis comme tout le monde, je nai pas peur de dire que je me suis déconcentré quand je suis passé en tête. Mais tout de suite jai franchi un cap pour me remettre dedans. Ça ma permis de ne pas faire derreur dans des conditions de piste difficiles. »
Q : Quavez-vous ressenti en passant la ligne ?
R : « Cest juste incroyable. Ce sont juste des choses pas habituelles pour moi. Jen avais plusieurs fois rêvé. Encore hier soir je me suis endormi en me disant que ce serait fantastique quon puisse faire un podium. La victoire, je ne faisais que la rêver. Et puis elle est arrivée. Cest le meilleur moment de ma vie et loccasion de remercier tous ceux qui mont suivi et qui mont supporté. Pour moi cest laccomplissement de quelque chose mais aussi le début dune grande suite. Cest une belle opportunité pour confirmer lorientation que je veux donner à ma carrière. Je veux plus être un pilote quun manager. Gagner ici va maider à passer ce cap qui nest pas forcément évident. »
Q : Cétait un avantage de connaître le Bugatti sous la pluie ?
R : « Cette piste, jy ai roulé en championnat de France mais ce nest pas parce que je suis né ici que je roule tous les jours sur cette piste. Cest ce vers quoi je tends. Lavantage que javais, cest que jétais plus motivé que les autres car j'étais à la maison. Je n'avais pas de championnat à gérer. Tout le week-end on ma dit de faire attention, de prendre mon temps et de faire une course intelligente. Je reviens de deux erreurs qui mont permis de tempérer plus que les autres. »
Q : Votre chute à Jerez était peut-être un mal pour un bien ?
R : « On apprend beaucoup de ses erreurs. Jai beaucoup appris de ma chute à Jerez mais je ne veux pas en faire trente-six millions des erreurs et dappendre trente-six millions de choses. Jaimerai y penser avant et les éviter. Je crois que j'ai passé un gros cap ici et que je vais aussi progresser sur le sec. Il faut bien garder à l'esprit qu'on a gagné dans des conditions particulières, très difficiles. Je n'aurais pas pu le faire à la régulière sur le sec. Ce travail ne va pas se faire tout seul et il va falloir quon se bouge. »
Q : Est-ce un déclic pour la suite du championnat ?
R : « Cest toujours un déclic. Jai gagné et je me sens bien. Comme tout le monde jai de légo et ça va me donner de la confiance. Et en confiance, on se sent capable de faire plus de choses. Avec mon préparateur Fred Corminboeuf on va travailler là-dessus. Ce nest pas parce quon a gagné quon est champion du monde et au contraire il faudra se servir de cet élan pour apprendre deux fois plus vite. »
Q : Rouler vite sous la pluie, cest inné ?
R : « Non car je ne mentraîne pas. Rouler vite, ça dépend encore trop de mon état desprit. Cest un peu pour cela que je me rapproche de Laurent Fellon et Johann Zarco car jai besoin de progresser. Et pour progresser il faut rouler. Celui qui fait de lathlé, du vélo ou du cheval, il sentraîne tous les jours. Moi je veux rouler tous les jours. A force de faire de la moto, on se sent à laise dans toutes les conditions. Johann le montre bien. Ils ont une méthode de travail très particulière qui a été critiquée ou jugée mais ils ont prouvé à tout le monde quils avaient raison de travailler sans relâche. »
Q : Vous allez aussi rouler treize jours sur quinze ?
R : « Je ne vais peut-être pas rouler sur le même rythme car je ne suis pas là pour détruire la famille quils ont créé. Je ne viens pas pour être le deuxième enfant de Laurent. Je vais minsérer dans leurs séances de roulage et travailler avec eux. Il faut que tout cela démarre. On ne se connaît pas vraiment. A moi de voir comment ça va se passer avec eux et eux avec moi. »
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