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Louis Rossi : "C'est juste incroyable !"

Vainqueur du GP de France en Moto 3, Louis Rossi est sur un nuage. Le Manceau espère que ce premier succès va lui permettre de franchir un nouveau cap et de devenir un pilote à part entière.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
 

Q : Louis Rossi, racontez-nous cette course folle
R : « J’étais en retrait en début de course car j’attendais les erreurs des autres et je ne voulais pas, au cas où quelqu’un en ferait une, me retrouver à lui rouler dessus. Je voulais faire une course intelligente et rattraper les erreurs de Jerez et Estoril. Ca m’a bien servi de les faire. Et ce que je pensais est arrivé. Ils sont tombés quand ils ont commencé à pousser. J’étais là et j’attendais. Quand le groupe s’est réduit, j’ai recollé à Vinales. Là il a fait une erreur. Je ne m’y attendais pas car j’étais derrière lui et j’avais l’opportunité de le doubler dans quelques virages. J’ai failli lui rouler dessus et perdre tout le travail fait avant. J’ai fait sept tours en tête et c’était long parce qu’il se passe plein de trucs. Rien que le fait de passer en tête, c’est super grisant. Il faut tout de suite se rattraper et la ligne droite n’est pas assez longue. Il a fallu se reconcentrer et reprendre les bases que j’avais avant pour ne pas faire d’erreur. Mike (di Meglio) m’avait appris que quand on veut assurer ou aller moins vite, c’est là qu’on tombe car on ne roule pas comme à l’habitude. C’était compliqué même si je voyais sur le bord du muret mon équipe me dire de me calmer. J’ai roulé moins vite mais en gardant un bon rythme. La seule chose de différent, c’était de prendre moins d’angle et attendre plus pour reprendre les gaz. »

Q : Le public vous a aidé ?
R : « Je l’ai senti à la fin. Pendant la course, et ça fait partie de mes qualités, je suis resté bien concentré. Je suis comme tout le monde, je n’ai pas peur de dire que je me suis déconcentré quand je suis passé en tête. Mais tout de suite j’ai franchi un cap pour me remettre dedans. Ça m’a permis de ne pas faire d’erreur dans des conditions de piste difficiles. »

Q : Qu’avez-vous ressenti en passant la ligne ?
R : « C’est juste incroyable. Ce sont juste des choses pas habituelles pour moi. J’en avais plusieurs fois rêvé. Encore hier soir je me suis endormi en me disant que ce serait fantastique qu’on puisse faire un podium. La victoire, je ne faisais que la rêver. Et puis elle est arrivée. C’est le meilleur moment de ma vie et l’occasion de remercier tous ceux qui m’ont suivi et qui m’ont supporté. Pour moi c’est l’accomplissement de quelque chose mais aussi le début d’une grande suite. C’est une belle opportunité pour confirmer l’orientation que je veux donner à ma carrière. Je veux plus être un pilote qu’un manager. Gagner ici va m’aider à passer ce cap qui n’est pas forcément évident. »

Q : C’était un avantage de connaître le Bugatti sous la pluie ?
R : « Cette piste, j’y ai roulé en championnat de France mais ce n’est pas parce que je suis né ici que je roule tous les jours sur cette piste. C’est ce vers quoi je tends. L’avantage que j’avais, c’est que j’étais plus motivé que les autres car j'étais à la maison. Je n'avais pas de championnat à gérer. Tout le week-end on m’a dit de faire attention, de prendre mon temps et de faire une course intelligente. Je reviens de deux erreurs qui m’ont permis de tempérer plus que les autres. »

Q : Votre chute à Jerez était peut-être un mal pour un bien ?
R : « On apprend beaucoup de ses erreurs. J’ai beaucoup appris de ma chute à Jerez mais je ne veux pas en faire trente-six millions des erreurs et d’appendre trente-six millions de choses. J’aimerai y penser avant et les éviter. Je crois que j'ai passé un gros cap ici et que je vais aussi progresser sur le sec. Il faut bien garder à l'esprit qu'on a gagné dans des conditions particulières, très difficiles. Je n'aurais pas pu le faire à la régulière sur le sec. Ce travail ne va pas se faire tout seul et il va falloir qu’on se bouge. »

Q : Est-ce un déclic pour la suite du championnat ?
R : « C’est toujours un déclic. J’ai gagné et je me sens bien. Comme tout le monde j’ai de l’égo et ça va me donner de la confiance. Et en confiance, on se sent capable de faire plus de choses. Avec mon préparateur Fred Corminboeuf on va travailler là-dessus. Ce n’est pas parce qu’on a gagné qu’on est champion du monde et au contraire il faudra se servir de cet élan pour apprendre deux fois plus vite. »

Q : Rouler vite sous la pluie, c’est inné ?
R : « Non car je ne m’entraîne pas. Rouler vite, ça dépend encore trop de mon état d’esprit. C’est un peu pour cela que je me rapproche de Laurent Fellon et Johann Zarco car j’ai besoin de progresser. Et pour progresser il faut rouler. Celui qui fait de l’athlé, du vélo ou du cheval, il s’entraîne tous les jours. Moi je veux rouler tous les jours. A force de faire de la moto, on se sent à l’aise dans toutes les conditions. Johann le montre bien. Ils ont une méthode de travail très particulière qui a été critiquée ou jugée mais ils ont prouvé à tout le monde qu’ils avaient raison de travailler sans relâche. »

Q : Vous allez aussi rouler treize jours sur quinze ?
R : « Je ne vais peut-être pas rouler sur le même rythme car je ne suis pas là pour détruire la famille qu’ils ont créé. Je ne viens pas pour être le deuxième ‘‘enfant’’ de Laurent. Je vais m’insérer dans leurs séances de roulage et travailler avec eux. Il faut que tout cela démarre. On ne se connaît pas vraiment. A moi de voir comment ça va se passer avec eux et eux avec moi. »

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