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Mercedes et la F1 mettent leur technologie au service des malades

A la pointe de la technologie en course automobile, la Formule 1 a décidé de transférer ses compétences pour sauver des patients du Covid-19. Sept équipes basées en Angleterre se sont réunies pour développer du matériel médical. En une semaine, Mercedes a créé un respirateur et pourrait le produire en masse.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
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Temps de lecture : 3 min
 

Les mots d’Emmanuel Macron résonne encore dans les foyers français. "Nous sommes en guerre", avait déclaré le chef de l’Etat dans une allocution le 16 mars dernier. De l’autre côté de la Manche, on ne dit plus autre chose après la montée en flèche des cas positifs, dont le Premier ministre Boris Johnson. La mobilisation est générale et toutes les aides précieuses. Dans ce contexte d’urgence, le gouvernement britannique et plusieurs organisations ont sollicité les écuries de Formule 1. Un appel tout sauf désespéré. Même si le temps du char Renault, décisif pendant la 1ère guerre mondiale, est révolu, la puissance technologique des écuries peut être un allié précieux dans la bataille contre le Covid-19. "C’est l’avantage de la Formule 1, nous pouvons réagir aux plus grands défis technologiques dans le temps le plus limité qui soit, et nous avons une bonne vitesse de production", assure Helmut Marko de Red Bull Racing.

L’appel de la "Pitlane"

En temps normal, la F1 se garde bien de toute collaboration avec l’ennemi (les autres équipes) et ne partage pas ses petits secrets. Cette semaine, elle devait préparer ses monoplaces pour le 1er GP du Vietnam de l’histoire. Mais aujourd’hui on ne sait toujours pas quand la saison pourra enfin débuter. Alors plutôt que de couler de paisibles jours de confinement pendant leur trêve estivale à attendre le prochain feu vert, sept teams se sont placées dans une autre « Pitlane » du nom du projet éponyme qui réunit les équipes basées totalement ou en partie au Royaume-Uni (Mercedes, Red Bull, Renault, McLaren, Racing Point, Haas, Williams), au coeur de la « Silicon Valley » de la F1. 

Après concertation, elles ont toutes répondu à l’appel de Londres en mettant en commun leurs ingénieries et leurs unités de production pour développer rapidement et en masse du matériel médical. Face au Covid-19 qui attaque les cellules du poumon, le nerf de la guerre s’appelle le respirateur. La plupart des pays en manque, y compris parmi les nations les plus riches. Ces machines essentielles pour sauver des vies font de plus en plus défaut en France, en Italie, en Espagne et bientôt en Grande-Bretagne. Avec "Pitlane", les équipes de F1 sont engagées dans trois phases : la découverte des processus de fabrication de matériel médical, la maîtrise des contraintes de production, notamment la taille, et la conception de solutions palliatives au matériel existant.

Mercedes encore en pole

Comme lors des week-ends de Grand Prix, Mercedes a claqué la pole. Il n’a fallu qu’une centaine d’heures au département moteur de l’écurie sextuple championne du monde (le fameux High Performance Powertrains) pour mettre au point son premier appareil d’assistance respiratoire en collaboration avec des ingénieurs en mécanique et des médecins de l’University College of London (UCL) et l’University College London Hospitals (UCLH). Les ingénieurs de Brixworth ont opté pour la technologie du CPAP (Continuous Positive Airway Pressure) qui a déjà fait ses preuves en Chine et en Italie pour les patients gravement atteints.

"Compte tenu du besoin urgent, nous sommes reconnaissants d'avoir pu réduire un processus qui pourrait prendre des années à quelques jours", a jubilé le professeur Tim Baker de UCL Mechanical Engineering. "La communauté F1 s’est mobilisée très rapidement pour contribuer à la lutte contre le COVID-19 dans le cadre du Projet Pitlane", a déclaré pour sa part Andy Cowell, patron du département moteur de Mercedes. "Nous sommes fiers d’avoir mis nos ressources au service de l’UCL pour produire le système CPAP le plus vite possible et dans le respect des plus hautes normes de qualité"

100 respirateurs en test, bientôt 1.000 produits par jour

Approuvé par le service de santé britannique (NHS), ce système aide les malades sévèrement touchés à mieux respirer sans utiliser les appareils respiratoires les plus lourds. 100 appareils sont déjà en test clinique à l’UCLH, dernière étape de validation avant de les distribuer aux hôpitaux. "Cette avancée peut clairement sauver des vies en permettant au personnel soignant du NHS de libérer des ventilateurs", a indiqué le Professeur David Lomas d’UCL. "Ce n’est pas un mince d’exploit d’être parvenu à produire un tel système en tout juste 10 jours. Cela montre à quel point les universités, les industries, et les hôpitaux peuvent s'associer et œuvrer ensemble pour le bien de tous". Si le test s’avère concluant, Mercedes sera en mesure de produire 1000 machines par jour. Une vraie bouffée d’air pour les malades et les soignants.

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