MotoGP : nouvelle écurie, l'héritage Rossi… Les douze travaux de Fabio Quartararo
• Digérer une saison de montagnes russes
2020 aura été l'année de l'éclosion pour Fabio Quartararo. Vainqueur de trois Grands Prix, le pilote tricolore a fait mieux que confirmer les espoirs de sa saison de débutant en 2019, durant laquelle il avait déjà tutoyé les sommets. Mais après un début canon, le Niçois était brusquement retombé sur terre, passant de favori au titre à mi-saison à 8e au classement pilotes au terme de l'exercice. "On a eu énormément de problèmes sur la moto, techniques et électroniques, et malheureusement ce n'était que ma deuxième saison de MotoGP et je n'ai pas su bien les gérer", concédait l'intéressé en février dernier à l'AFP. "Mais j'ai pris tellement d'expérience que je ne suis pas frustré d'avoir perdu cette opportunité." Outre cette expérience, Quartararo s'est adjoint un travail mental avec un psychologue durant l'intersaison pour passer un cap.
• De Petronas à Yamaha, Quartararo passe dans la cour des grands
Pour atteindre les hauteurs, le Français pilotera une nouvelle monture. Annoncé depuis plus d'un an, son passage de Petronas Yamaha-SRT, formation satellite, à l'écurie d'usine nippone devrait lui donner plus de moyens techniques pour jouer la gagne. "Cela ne peut être que mieux quand on est pilote officiel, le lien avec l'usine est direct", nous explique Régis Laconi, dernier pilote français à avoir remporté un Grand Prix dans la catégorie-reine avant son cadet. "On va plus l'écouter, mais il faut qu'il soit sûr de donner les bonnes directions techniques."
Quartararo fera équipe avec Maverick Viñales, un de ses principaux rivaux l'an dernier, et devra vite se mettre au diapason de l'Espagnol. Ce transfert dans une des principales écuries du paddock va également le mettre en peu plus sous le feu des projecteurs et pourrait lui donner une dose supplémentaire de pression. "C'est plus un changement de statut que technique", considère Sylvain Guintoli, pilote d'essai chez Suzuki. "Quand on est dans le Team B, il y a cette position d'outsider, même si Fabio disposait de la moto officielle, et avait de bons résultats. C'était une position plus facile à gérer. S'adapter aux nouvelles responsabilités, cela fait partie des situations que les pilotes officiels doivent savoir maîtriser."
• El Diablo prend le poste du Doctor : l'héritage de son idole Rossi
Numériquement, Fabio Quartararo débarque chez Yamaha en lieu et place de Valentino Rossi, qui a fait le chemin inverse. Symboliquement, la passation entre les deux hommes est forte entre El Diablo et le Doctor italien. En succédant à son idole absolue et à une des plus grandes légendes de la MotoGP, Quartararo est bien conscient du poids de ses responsabilités. "Je ne prends pas sa place, je prends juste sa moto dans le 'team'. Sa place, personne ne peut la toucher" insiste-t-il. Régis Laconi, lui, ne s'inquiète pas outre mesure. "Tout grand qu'est Valentino Rossi avec tout ce qu'il a fait pour ce sport, Quartararo n'a pas à avoir de pression. Son idole, elle est sur la fin. Il a déjà fait mieux que Rossi l'an dernier."
• Quartararo va devoir gérer l'après Covid
L'intersaison n'a pas été de tout repos pour le pilote de 21 ans. Quartararo a révélé en février avoir contracté le coronavirus juste après la fin de saison 2020. "J'ai passé la semaine la plus difficile de ma vie. Le plus dur c'était de récupérer ma condition physique. C'était incroyable de voir la puissance de ce virus." L'épisode semble désormais oublié, de son propre ressenti mais aussi dans celui du chronomètre. Quartararo a signé le deuxième meilleur chrono des tests hivernaux disputés sur le circuit de Losail au Qatar, là où se tiendront les deux premières courses du calendrier. "On en a discuté au Qatar parce qu'on l'avait attrapé au même moment, il a bien retrouvé la forme" rassure Sylvain Guintoli.
• Le patron Marc Marquez bientôt en selle, quelle place pour la concurrence ?
Il faudra attendre encore un peu, mais le retour de Marc Marquez se précise. Le pilote espagnol manquera les deux premières courses au Qatar. Mais son calvaire à la suite de sa chute lors du premier Grand Prix de la saison 2020 et les trois opérations au bras qui s'en sont suivies semble approcher de la fin. "La fourmi" sera-t-elle un caillou dans la botte de Fabio Quartararo ? "Si je donnais un favori pour être champion, ce serait juste pour donner un nom", tempère Régis Laconi. "Si Marquez avait été là dès le début de la saison, peut-être l'aurait-il été. Mais il n'est pas monté sur sa moto de course depuis quasiment un an. Il va devoir retrouver les sensations de sa machine. Psychologiquement, ce n'est pas rien, la concentration, le feeling doivent revenir. Retrouver les sensations d'un freinage à 360, c'est une autre planète."
Ce temps de réacclimatation pour le sextuple champion du monde pourrait sourire à Quartararo. Mais il est loin d'être le seul prétendant à la couronne (le tenant du titre Mir, Rins, Miller, Viñales, Espargaro, Morbidelli, Oliveira…). "La saison dernière quand Marquez n'a pas été là, toutes les souris se sont transformées en chat", sourit Sylvain Guintoli. "Ils se sont épanouis, il y a eu des bagarres dantesques. La compétition va être bien plus dense que quand Marc s'est blessé. Les machines et les pilotes sont très proches. Une petite différence vous fera passer de la victoire à la dixième place."
• Quartararo est loin d'avoir fini de grandir
Fabio Quartararo a beau être précoce, il n'en reste pas moins l'un des pilotes les plus jeunes du championnat MotoGP (seul l'Espagnol Iker Lecuona est plus jeune de quelques mois). A 21 ans, le pilote français grimpe les échelons quatre à quatre, mais sa marge de progression reste évidente. "La première année [en 2019], on a fait des podiums, l'année dernière, des victoires... Il manque le dernier pas, être champion du monde", prophétisait l'intéressé en février dernier. "Fabio a déjà beaucoup d'expérience", rappelle Sylvain Guintoli. "Il est très jeune, mais il a aussi commencé à gagner très jeune. Il a maintenant de l'expérience sur différentes machines." Tous s'accordent toutefois sur un maître-mot : la régularité.
"Ce qui est hyper important pour un championnat, c'est la constance", insiste Régis Laconi. "Ne pas vouloir gagner à chaque fois, mais être sur le podium presque à chaque fois." Techniquement, El Diablo peut encore grandir, par sa science des réglages ou sa maîtrise sous la pluie. "Je trouve qu'il doit encore progresser sur sa gestion de l'avant de la moto, l'usure des pneumatiques et à quel point il peut oser taper dedans"" avance Laconi. Autant de pistes qui pourraient l'amener sur la voie du premier titre pour un Français dans l'élite de la course moto.
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