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Nissan a perdu toute crédibilité

Carlos Ghosn a bien fait de ne pas venir au Mans. Un temps annoncé dans les stands pour booster les projets d'Alpine et de Nissan, le PDG du groupe Renault-Nissan a semble-t-il senti le vent du fiasco autour de la GT-R LM Nismo. Le Brésilien est un visionnaire ou alors il avait reçu de son staff la confirmation que la "créature" de Ben Bowlby tenait plus de l'épouvantable que d'un futur épouvantail de l'endurance.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
La Nissan GT-R LM Nismo N.21 (FRANCOIS FLAMAND / DPPI MEDIA)

Tout s'est hélas confirmé pendant la semaine des 24 Heures du Mans. Rarement en piste, les trois voitures censées marcher sur les platebandes d'Audi, Porsche et Toyota ont tout juste réussi à devancer les meilleurs petits prototypes du LM P2. Le verdict du chrono a toutefois été sans appel. Comme lors de la journée test, il ne fallait pas chercher sur le premier écran pour trouver trace d'une Nissan. Au prix d'un gros effort, la N.22 a fini par tourner en 3'36''995 soit à 20''108 de la pole position de la Porsche 919 Hybrid N.18. Loin, très loin du discours très offensif de Darren Cox, directeur de Nissan Motorsport Global, qui rêvait tout haut d'un 3'25''… Ce chrono, supérieur à 110% du meilleur temps de la même catégorie, signifiait tout simplement une non-qualification pour la course. Avec Nissan au premier plan de son affiche officielle et un plan com à la hauteur de son spot de pub à la mi-temps du Superbowl, on voyait mal l'ACO renvoyer les Japonais. Heureusement, il existe une sorte de 49.3 dans le règlement qui permet au directeur de l'épreuve d'admettre une voiture à la course sans qu'elle ait répondu aux exigences des qualifications.

Un tiers du temps au stand

Envoyer les GT-R LM Nismo en course n'était pas forcément un cadeau. Le calvaire s'est poursuivi. Une lente agonie pour la N.21 et N.23. Une arrivée en trompe-l'œil pour la N.22, 40e mais non classée en raison d'une distance insuffisante (242 tours contre 395 au vainqueur, ndlr). Sur 24 Heures, la Nissan rescapée a passé près d'un tiers de son temps à l'intérieur de son box (7h56, ndlr). Un manque de performance et des résultats indignes d'un grand constructeur, même dans sa première année. Le projet est-il construit sur autre chose que du marketing ? On s'est longtemps posé la question. Je crois qu'on a malheureusement la réponse. Selon Benoît Tréluyer, pilote Audi et fin connaisseur du sport auto japonais, ce n'est pas Nismo, la structure compétition de Nissan, qui est en cause mais ceux qui ont monté le projet en Angleterre. Ce qui est fiable, c'est que le retour de Nissan a désormais du plomb dans l'aile malgré les déclarations teintées d'optimisme de Cox.

Un chantier immense

"La plupart des constructeurs engagés en LM P1 ne finissent pas Le Mans à leur première tentative, il était donc important pour nous de réaliser cela. Pour sûr, nous avons eu des problèmes, mais c'est ce qui arrive lorsque vous innovez. Notre moteur est performant et nous avons été en mesure de corriger rapidement les autres problèmes que nous avions. Nous avons appris une quantité incroyable de choses au Mans et cela va nous rendre plus fort." Plus humble aussi. Quant aux choix techniques audacieux (suicidaire ?) de Nissan, notamment le moteur en position avant, il va encore falloir attendre pour se faire une idée de leur potentiel. Si les GT-R LM Nismo participent aux autres manches de la saison, elles vont progresser et pourquoi pas tirer profit de leur système hybride dont on se demande encore si il était bien installé dans l'auto. Le travail est immense pour faire avancer les P1 japonaise en course et dans les secteurs lents des différents circuits du WEC. Cox imagine déjà ses voitures faire un bond aussi conséquent que les Porsche en une année. On n'en demande pas tant.

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