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Pescarolo a de la ressource

Souvent à court de budgets mais jamais à court d'idées, Henri Pescarolo vit de miracle en miracle depuis deux ans. Sa dernière trouvaille : engager une Dome et redonner vie à l'Aston Martin AMR-One au Mans. Explications.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Même au grenier, le casque vert continue de dépasser les frontières. Personnage emblématique de l'endurance, Henri Pescarolo est un nom qui parle encore au Japon. Malgré les difficultés financières de son team, le quadruple vainqueur au Mans a réussi à attirer un constructeur dans son atelier du technoparc du circuit sarthois, le Japonais Dome. Ingénieur au Japon mais ancien du team manceau, Ricardo Divila a joué les entremetteurs. Ce n'est pas un géant comme Toyota ou Audi mais le projet nippon est ambitieux et il est gratuit. "Quand le projet est arrivé chez moi, je ne savais pas si j’allais être en état de faire autre chose, raconte Pesca. Ça me permettait de faire vivre mon équipe jusqu’au mois de juin. J’ai accepté avec enthousiasme car c’est un vrai projet constructeur. Il est entièrement financé Dome sur un an."

Pescarolo "sous-traitant"

Longtemps Pescarolo avait cherché un partenariat avec un constructeur. Au début des années 2000, des contacts avaient été établis avec Peugeot mais le Lion avait préféré la jouer en solo plutôt que de copier Audi qui s'était appuyé sur une autre légende de l'endurance, Reinhold Joest, pour monter sa structure. Avec le succès que l'on connaît. Pesca avait donc continué son aventure armé d'un canif face aux gros couteaux germaniques et sochaliens. En 2012, tout va changer. Oreca a rejoint le camp Toyota mais avec un rôle mineur. Pescarolo aura lui une charge bien plus importante. "Aujourd’hui je suis sous-traitant. Dome me donne la voiture, les pièces et c’est à moi et à mon équipe de la développer, de la mettre au point et de l’engager à Spa et au Mans."

Boullion et Bourdais au bercail
Pescarolo Team est une grande famille. On y accueille toujours les anciens "enfants" de la maison. Libéré par le retrait de Peugeot, Sébastien Bourdais fera son retour dans le team de son mentor. Il pilotera la Dome avec Nicolas Minassian et un pilote Japonais (Ara). "Dans l’ex-Aston, je fais revenir Jean-Christophe Boullion qui a été laissé de côté par Rebellion, ajoute Pesca. Il sera avec Emmanuel Collard et Julien Jousse qui est loin d’avoir démérité l’an dernier." Pilier de l'équipe en 2011, Christophe Tinseau sera lui le grand absent.

En pleine évolution en soufflerie actuellement, la S102.5-Judd devrait arriver au Mans pour la mi-février. Jusqu'aux 24 Heures, plusieurs séances de test sont prévus afin de développer l'auto au maximum et de tester les différentes solutions aéro. Elle sera également dotée de roues larges à l'avant avec des pneus Michelin, ce qui oblige les ingénieurs à revoir les suspensions. La voiture ne serait rien sans ses pilotes. Pour la Dome, Pesca aura un équipage de haut niveau avec les anciens Peugeot Boys Bourdais et Minassian. Le troisième pilote devrait être un Japonais ancien vainqueur au Mans (Ara, vainqueur sur une Audi en 2004).

Coques en stock

Couvert par sa Dome, Henri Pescarolo a mené un autre projet en parallèle. L'idée un peu folle de redonner sa chance au châssis de l'Aston Martin AMR-One. "Dès que j’ai su qu’Aston Martin abandonnait le projet LMP1, qu’ils allaient se consacrer au GT uniquement, je suis allé voir David Richards avec Claude Gallopin, explique Pescarolo. On voulait voir cette voiture car on était impressionné par la qualité de réalisation de la coque. On a vu que c’était la coque qu’on voulait si on devait en construire une. Elle est très moderne avec un avant très haut comme une Peugeot ou une Audi, permettant de faire le développement aérodynamique qu’on voulait faire." Entamée à Silvertone en septembre 2011, les discussions ont abouti tardivement ce qui aura pour conséquence de voir une Pescarolo-Judd de 2011 à Sebring pour l'ouverture du WEC (selon acceptation de la FIA).

L'AMR-One est un ovni qui n'a jamais fonctionné, trainant sa misère de stand en stand à cause d'un moteur mal conçu et d'un aérodynamisme défaillant. Tout ce que Pescarolo ne conservera pas. Au Mans, les deux autos avaient abandonné au bout de trois heures, la 009 ne couvrant que trois tours. "La coque, qui est rebaptisée Pescarolo, reste intacte. On change tout ce qu’il y a autour, reprend Pescarolo. Il y a une implantation moteur compliquée car on passe d’un 6 cylindres à un V8. On reconstruit une nouvelle voiture. On va toutefois conserver les suspensions à l’avant et certainement la boîte de vitesse. En gros, on conserve tout ce qui est bon et on jette tout ce qui ne marchait pas, c’est-à-dire le moteur et l’aérodynamique. " Grâce à la donation d'un collectionneur, Pescarolo aura deux coques à sa disposition, la deuxième servant de stock de pièces. Face à cette montagne de travail, l'équipe a embauché du personnel et continue de se renforcer en espérant être prêt pour les 6 Heures de Spa. Une nouvelle course contre-la-montre est engagée. Comme en juin, chaque tour d'horloge va compter.

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