Quatre-vingt dix ans d’histoire, onze voitures de légende
Années 20 : Bentley Speed Six
Couronnée en 1929 puis en 1930 aux 24 Heures du Mans, l’histoire dit que la Bentley Speed Six aurait rallié Cannes à Londres plus vite que le célèbre Train Bleu à l’époque. D’où son surnom de Bentley Blue Train. Impossible de séparer cette voiture au style so british capable d’atteindre les 160 km/h dans la ligne droite des Hunaudières, de son propriétaire et pilote Woolf Barnato. Le capitaine anglais était au volant de la Bentley lors des deux succès dans la Sarthe. Il s’y est même imposé trois autres fois avec des voitures moins abouties (1924, 27, 28).
Années 30 : Alfa Romeo 8C
A la classe britannique succède l’inventivité italienne. L’Alfa Romeo 8C s’adapte au circuit et au type de course. La Monza est adaptée pour les Grands Prix, la Corsa à la course d’endurance Mille Miglia et la Le Mans conçue pour l’épreuve française. Le châssis y était plus long afin de stabiliser la machine dans la ligne droite des Hunaudières. La firme italienne plane sur les deux tours d’horloge sarthois de 1931 à 1934 avec quatre victoires. Avec 175 chevaux sous le capot, l’Alfa a également dompté les défuntes Targa Florio et Mille Miglia.
Années 40 : Ferrari 166 MM
Conçu pour la course Mille Miglia d'où les initiales MM, la Ferrari 166 MM offre à la firme au cheval cabré ses premières lettres de noblesse dans le monde du sport automobile. Sa forme de petit bâteau est révolutionnaire.L'historien David Seielstad affirme même qu'il s'agit « de la première belle Ferrari, fondamentale dans les succès futurs de la marque transalpine. » Clemente Biondetti ouvre la voie en remportant la Mille Miglia en 1948. L'année suivante, Luigi Chinetti et Peter Mitchell-Thomson l'imitent sur les 24 Heures du Mans. Ferrari est sacrée dès sa première apparition sur la course mancelle.
Années 50 : Jaguar D
Jaguar a beau avoir gagné les 24 Heures du Mans en 1951 et 53, cela ne suffit pas au bonheur de la firme de Coventry. Avec la Jaguar Type D, elle survole les éditions 1955, 56 et 57, l'emportant avec des équipages 100% britanniques à chaque fois. Utilisée comme véhicule de développement par l'ingénieur en chef des essais Jaguar, Norman Dewis, la voiture pilotée par le duo vainqueur Hawthorn-Bueb fut gravement accidentée à Silverstone avant d'être démembrée, pour fournir des pièces détachées à d'autres Type D.
Années 60 : Ford GT40
Ferrari écrase la première moitié des années 60 avec 6 succès consécutifs aux 24 Heures du Mans. Attiré par les sports automobiles, Henry Ford veut voir sa marque briller sur la plus prestigieuse des courses d'endurance. Face au refus d'Enzo Ferrari de se laisser racheter malgré des négociations, le constructeur américain lance les grandes opérations. Des problèmes mécaniques empêchent la GT40 de prendre le dessus sur la firme transalpine en 1964 et 65. Pas en 1966 où elle truste les trois marches du podium. Au volant de sa Ford, le duo australien McLaren-Amon roule à 201, 795 km/h de moyenne. La barre des 200 km/h de moyenne sur le circuit sarthois vient de tomber. La marque américaine reste imbattable jusqu'en 1970. L'année précédente, un certain Jacky Ickx a remporté la première de ses six couronnes dans la Sarthe.
Années 70 : Porsche 917K
Battu par la Ford GT 40 en 1968 et 69, Porsche se lance dans une véritable course à l'armement. En ressort la Porsche 917 et un duel épique avec Ferrari sur le circuit du Mans. Intouchable lors du championnat du monde des voitures de sport avec neuf victoires sur dix courses d'endurance, la voiture allemande supplante sa rivale italienne sous la pluie. A nouveau victorieuse l'année suivante, elle signe un record à plus de 390 km/h sur la ligne droite des Hunaudières. Il faudra attendre 20 ans pour voir un bolide rééditer pareille performance. Le film Le Mans de Steve McQueen lui rend d'ailleurs hommage en retraçant les 24 H édition 1970.
Années 80 : Porsche 956
La Porcshe 956 est créée en 1981 pour prendre le relais de la 936 pourtant victorieuse cette année-là au Mans. Conçue pour répondre aux nouvelles réglementations, la voiture de la firme allemande s'impose dès sa première apparition dans la Sarthe (1982) puis remporte les deux éditions suivantes. Interdite au-delà de la saison 1986, la 962 C lui succède pour deux succès supplémentaires sur l'épreuve française. Plus que ses performances dans des compétitions d'endurance boudées par la plupart des gros constructeurs, la Porsche 956 aura contribué aux dernières victoires de Jacky Ickx (1982) et d'Henri Pescarolo (1984) sur la piste mancelle.
Années 90 : Ex-aequo Mazda 787B / Peugeot 905
A l'aube des années 90, Le Mans s'abonne aux nouveautés. En 1991, le constructeur japonais Mazda est le premier nippon à s'imposer aux 24 Heures du Mans. Sa 787B torpille la course grâce à un moteur rotatif Wankel, technologie interdite par la suite. Autre première lors de l'édition suivante : la victoire de Peugeot. Lancé en 1988 par Jean Todt, le « projet 905 » aboutit en 1992. Victoire dans la Sarthe et championnat du monde des voitures de sport couronnent ce modèle. A nouveau gagnant en 1993, Peugeot décline au moment où le Français quitte l'écurie Peugeot Talbot Sport.
Années 2000 : Audi R10 TDI
La domination d'Audi sur les 24 Heures du Mans débute en 2000. Depuis, la marque allemande n'a laissé filer que deux sacres sur la mythique course d'endurance. Symbole de cette domination outrageuse, l'Audi R10 TDI, indétrônable entre 2006 et 2008. Moins victorieuse que la R8, sa devancière, la R10 est plus innovante. Il s'agit de la première voiture Diesel ayant triomphé sur les deux tours d'horloge manceaux.
Années 2010 : Audi R18 e-tron quattro
Nouvelle innovation majeure pour la marque aux quatre anneaux avec la R18 e-tron quattro. Elle est une évolution de la R18 TDI. Avec ce protoype, le constructeur allemand a fait rentrer les courses d'endurance dans l'ère de l'hybride. Avec un moteur Diesel et un moteur électrique placé à l'avant, l'e-tron quattro enlève les 6 Heures de Spa en 2012. Un succès historique pour une voiture de ce genre, confirmé aux 24 Heures du Mans la même année.
Pour l'occasion, ces voitures sont exposés jusqu'au dimanche 23 juin au village des 24 Heures du Mans. Le vendredi 21 de 10h à 16h elles seront même disposées sur la piste dans la montée vers la passerelle Dunlop. Enfin, le samedi à 12h35 et 13h15, elles réaliseront un tour de parade sur le circuit manceau.
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