Ogier – Loeb, la passation de pouvoir
Sans pression aucune, Loeb a tout tenté pour faire chuter Ogier. Une pression "amicale" comme en 2011 où la moindre bourrasque pouvait faire chavirer le poulain d'Olivier Quesnel, patron de Citroën Racing à l'époque. Le nonuple champion du monde a tout tenté mais cette fois son rival a eu la tête froide. "Sachant qu'en final, je n'ai pas vraiment besoin des points, je cherche à me faire plaisir. Mais on n'a rien pu faire car Ogier a fait une course irréprochable, a avoué Loeb. Pas d'erreur, même sous la pression." En Suède, Sébastien Loeb a trouvé son maître. Ils sont désormais deux non nordiques à s'être imposés sur la neige de Karlstad depuis 1950. "Je dois avouer ma fierté d’être le seul à avoir triomphé des Scandinaves ici, avec un pilote de la trempe de Sébastien Loeb, jubilait le pilote Volkswagen. Ce dernier a représenté une menace constante jusqu’à cette dernière journée, et il a fallu tout donner pour arriver à le maintenir à distance. J’avais peur qu’il ne me reprenne plus de temps ce matin, en particulier dans la spéciale d’ouverture de Mitandersfors. Mais cela ne s’est pas produit. Maintenant… Je suis juste fou de joie." L'exploit est immense mais ce doublé français est tout sauf une surprise. Il était programmé depuis plusieurs années, quand les deux Seb faisaient équipes chez les Rouges.
Ogier est prêt
Citroën aurait dû être le grand bénéficiaire de ce jeu des "Seb" musicales. Loeb continuait d'empiler les titres quand le jeune Ogier faisait ses gammes. Il a suffi d'une ou deux fausses notes en interne pour que la symphonie s'achève avant la fin du premier concerto. Contraint de choisir entre le plus grand rallyeman de tous les temps et le grand espoir de la discipline, l'état major du Chevron a opté pour les assurances du présent. Les promesses du futur étaient bien trop aléatoires. Volkswagen a flairé la bonne affaire et Ogier a préféré sacrifier une année en Skoda S2000 plutôt qu'un statut de N.2 chez Citroën en attendant le départ de l'Alsacien. Ce choix du Gapençais apparaît aujourd'hui comme le plus judicieux pour plusieurs raisons. Contrairement à ce qu'on pouvait penser, 2012 n'a pas été une année blanche. Pendant ces douze mois, Ogier a fait comme son nouvel employeur, il est reparti d'une feuille blanche. L'émotionnel a été mis de côté pour préparer l'offensive de la Polo R. Trop bouillant, Ogier a trouvé un équilibre. Faisant jeu égal avec quelques WRC (10e du classement général 2012, ndlr), il montre le cap à une équipe en manque de repères et obtient sur ses résultats le statut de N.1 qu'on lui avait promis. Cette nouvelle maturité, Ogier en tire aujourd'hui les premiers bénéfices. Pour François-Xavier Demaison, le concepteur de la Polo R WRC, "l'année dernière, passée à bouffer de la m…, lui a fait du bien. Il a développé une énergie positive et il arrive désormais à se contenir un peu plus", explique-t-il dans L'Equipe du 11 février.
Le règne de Seb 2 a commencé
"Cette année de transition m'a permis de prendre beaucoup de recul, d'analyser pas mal les choses et d'apprendre un peu la patience, confirme enfin l'intéressé. L'expérience au fil des années compte aussi. L'an dernier, en S2000, j'ai tout de même parcouru toutes les spéciales et emmagasiné les kilomètres en Championnat du monde. D'ailleurs je connaissais bien la Power Stage après avoir été particulièrement rapide l'an passé avec la Skoda. Cela me permet de rouler encore plus vite en faisant moins d'erreur." Ce premier succès après la 2e place au Monte-Carlo en annonce d'autres. En avance sur son tableau de marche, Volkswagen est aux anges. Le boss Jost Capito a même été bluffé par son pilote : "la Polo R WRC a donné entière satisfaction dans ces conditions extrêmes, et Sébastien Ogier a idéalement exploité son potentiel. Il était hors concours ici. Je savais qu'il avait du talent mais qu'il serait en mesure de l'exploiter aussi rapidement avec la Polo." En revanche, les autres équipes y voient le début du règne d'un autre "Seb". De Malcom Wilson, patron de M-Sport, à Loeb, tous reconnaissent que le WRC vient d'accoucher d'un nouveau patron. On verra sur terre et asphalte s'il est digne de son prédécesseur.
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