Vainqueur sans plaisir au Mexique car inquiet en raison du Coronavirus, Sébastien Ogier à cœur ouvert
Sébastien Ogier, vous venez juste de rentrer du Mexique avec une victoire qui vous laisse quand même peut-être un goût amer en raison de la situation sanitaire mondiale...
Sébastien Ogier : "C’est sûr que j’aurais préféré avoir un contexte un peu plus normal pour célébrer ma première victoire avec Toyota et c’est vrai que c’était une semaine compliquée. A l’arrivée au Mexique, même si la situation n’était déjà pas super, on avait l’impression, de là-bas, que ça allait encore. Et puis finalement, jour après jour, ma prise de conscience de la situation a augmenté, de plus en plus de restrictions étaient mises en place dans le monde entier et j’ai commencé à me demander ce que je faisais là. J’ai vraiment pris conscience du fait que ce n’était vraiment pas le moment de faire une course et donc j’étais plutôt à pousser pour que ce rallye soit annulé. Je n’étais pas vraiment motivé à prendre le départ. Finalement, mon équipe m’a convaincu de faire cette course. Mais c’est vrai que les moments que l’on vit actuellement sont difficiles et ce n’est pas simple de se concentrer sur une compétition."
C’est la 48e victoire de votre carrière, la 6e au Mexique comme Sébastien Loeb, même si ce rallye a été écourté. Vous deviez ensuite passer des vacances aux Etats-Unis mais vous vous êtes rendu compte, bien avant le départ, en écoutant le discours de Donald Trump, que vous ne vous sentiez pas à l’aise…
SO : "Effectivement, mercredi soir de la semaine dernière, Trump annonce qu’il veut fermer les frontières et que ce n’est plus possible de voler entre l’Europe et les Etats-Unis. C’est vrai que je devais rejoindre ma famille à Los Angeles. C’était des vacances mais ma femme avait, elle, un projet à Los Angeles pour quelques jours, un nouveau jeu télé à enregistrer. C’est vrai qu’à ce moment-là tout ce projet tombe à l’eau. J’ai vraiment eu peur de rester bloqué là-bas et jeudi, au shakedown, je n’étais pas concentré. Je n’arrivais pas à me mettre dans ma bulle, j’avais la tête ailleurs. Mais comme je l’ai dit, jeudi soir mon équipe m’a convaincu de prendre le départ, qu’on était là, qu’il fallait arriver à faire le boulot et qu’ensuite on ferait le maximum pour rentrer, tout en gardant un œil bien sûr sur l’évolution de la situation. C’est aussi pour ça que le rallye a été écourté, que les équipes ont décidé que c’était mieux de finir le rallye un jour plus tôt. La majeure partie de l’épreuve était déjà effectuée de toute façon. C’est vrai que, du côté sportif, tout s’est bien passé par contre et là, ça fait du bien de renouer avec la victoire..."
Victoire avec une 4e marque différente, après Citroën, Volkswagen et Ford, comme Juha Kankkunen et Carlos Sainz...
SO : "Oui, cela fait toujours plaisir d’avoir des statistiques comme celle-ci et de matcher les grands noms du rallye. Après ce n’est pas forcément ce que je regarde le plus. Pour moi, ce qui compte le plus, c’est de continuer à me faire plaisir derrière le volant, de continuer à être compétitif. D’arriver à le faire avec une nouvelle marque, c’est sûr que c’est toujours flatteur. Mais, comme je viens de le dire, les sensations dans la voiture sont vraiment très bonnes. L’équipe Toyota fait du très bon boulot, donc pour la suite de la saison, ça s’annonce plutôt bien. Maintenant, la grosse question ça va être “quelle est la suite de la saison ?”. Au vu de la situation actuelle, on ne sait pas du tout de quoi l’avenir sera fait."
Justement votre situation actuelle… Le retour du Mexique a été assez stressant, pas simple de revenir parmi vos proches après avoir côtoyé beaucoup de monde en ces temps de pandémie… Vous n’êtes pas en Suisse, chez vous, parce que vous vous êtes dit qu’il y avait là-bas pas mal de gens contaminés. Quelle est votre situation aujourd’hui ?
SO : "Effectivement je suis rentré et c’est vrai que la plus grosse interrogation que j’avais, c’était de savoir si j’étais porteur du virus ou pas. Je ne voulais surtout pas contaminer ma famille. Quand je suis arrivé en Allemagne, à Munich, je me suis isolé et j’ai eu la possibilité de faire un test pour vraiment être sûr, avant de côtoyer mes proches, d’être en bonne santé. J’ai eu la chance de faire ce test hier et il s’est révélé négatif, j’ai eu le résultat ce matin. C’était rassurant dans cette période particulière où j’ai envie de rester auprès de ma famille."
Comment ça se passe pour un pilote de rallye quand d’un seul coup on se retrouve confiné chez soi et non plus dans la voiture ? Comment voyez-vous votre entraînement les prochains jours ? Du repos tout simplement ?
SO : "Oui, c’est difficile de regarder en avant parce qu’on ne sait pas du tout combien de temps cette période va durer. Dans les prochains jours, j’espère quand même pouvoir continuer à m’entraîner à rester en forme physiquement mais par contre, tout ce qui est séance d’essai avec l’équipe, pour l’instant, tout est en stand-by. On attend de voir comment la situation évolue. On ne sait pas encore quel sera le prochain rallye au calendrier, donc ce n’est pas simple de voir l’avenir pour le moment."
Dernière question, purement technique, sur la voiture, parce qu’on attend toujours en tant que pilote des évolutions sur une auto, des nouveautés. Là justement, on ne peut pas faire de tests sur les prochains rallyes de la saison. C’est perturbant, non ?
SO : "Oui, c’est sûr que ce n’est pas idéal. Mais d’un autre côté on est tous logés à la même enseigne. On est impatient de savoir quel sera le prochain rallye au calendrier. Dans tous les cas, l’équipe va continuer à travailler autant que possible. Il y a des idées de travail en tête, mais savoir quel rallye en particulier arrive au calendrier, c’est clair qu’on n’en a aucune idée."
Merci Sébastien Ogier, on se retrouve pour la suite de la saison en espérant qu’elle reprenne assez vite après la fin de ce virus mondial.
Propos recueillis par Christian Choupin
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