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Randy de Puniet : "Je ne sauterai pas sur le podium"

Sans guidon prototype cette saison, Randy de Puniet a rebondi sur une Claming Rule Team (CRT). Malgré une machine inférieure de trente chevaux, le Parisien ne désespère pas de réaliser quelques coups d'éclat en MotoGP. S'il ne pourra pas viser de top 10 à la régulière, il sera en revanche sera l'homme à battre dans sa catégorie CRT. A quelques heures du début de la saison au Qatar, De Puniet fait le point sur sa carrière et l'évolution de la catégorie.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Randy de Puniet (Power Electronics Aspar) roule sur une CRT (ROSLAN RAHMAN / AFP)

Q : Randy, vous avez eu un hiver compliqué à gérer ?
R : "J'ai bien vécu cette période car c'était clair. Soit un plan tenait la route, soit je restais à la maison. C'est facile à dire maintenant car j'ai trouvé quelque chose qui me convient. Ce n'aurait pas été rigolo de rester à la maison mais ma décision était prise. J'avais une option Pramac que j'ai décidé de ne pas accepter. On a continué à négocier mais au niveau technique ça ne m'allait pas. Puis c'est tombé à l'eau comme les plans Suzuki et Gresini. Le CRT est arrivé. J'ai pris ma décision tard. Je ne regrette pas."

Q : Vous avez regardé dans d'autres disciplines ?
R : "Non. Il fallait que je fasse le bon choix entre CRT ou rester chez moi."

Q : Vous étiez pourtant récitent après le premier le contact à Valence.
R : "Le premier test était catastrophique. J'ai roulé à Valencia sur une Suzuki avec des freins en acier et une piste séchante, pourrie. La semaine précédente, j'avais roulé sur une Suzuki officielle en faisant le 3e temps. Là, quand je me suis pointé avec cette moto, j'ai eu peur. J'ai dit à mon manager, c'est bon on s'en va. J'ai voulu faire un deuxième test dans un meilleur contexte avec des freins en carbone et une moto plus proche de ce que j'allais avoir. Là ça a été !"

Q : Quelle est la différence entre une CRT et une moto de Superbike ?
R : "Ce n'est pas compliqué. Il n'y a que le moteur (issu de la série) qui est pareil. Tout le reste est différent, châssis, freins, suspensions, etc. Mais comme on est limité en moteur, ma moto est beaucoup moins puissante que celle de Biaggi. Il peut rouler 500 km avec, nous on doit en faire 1000."

Q : Peut-il y avoir un problème de sécurité avec la cohabitation de machines de vitesses différentes ?
R : "Dans les virages non. En ligne droite, il faudra faire attention de ne pas trop se coller à l'aspiration pour les MotoGP. Mais ça va créer des tensions. Certains nous annonçaient à cinq secondes au tour. Il y en aura mais ce que j'ai fait à Jerez (13e à seulement 1.821 de Stoner) a un peu calmé tout le monde. Avec un pilote qui tient la route, c'est loin d'être ridicule."

Q : Vous êtes le pilier de l'équipe et la caution de la catégorie
R : "J'ai un coéquipier de 22 ans qui n'a aucune expérience. Donc je fais tout. Je donne les directives et ça me plaît. J'ai de la pression. Le but est d'être le plus proche d'une moto officielle ou de les battre. Tous les essais, j'ai été en moyenne une seconde plus vite que les autres CRT. Je fais le maxi. J'ai demandé un nouveau châssis. Si on fiabilise le moteur, on pourra avoir un peu plus de puissance. Elle va continuer à évoluer."

Q : Pouvez-vous battre des MotoGP avec votre CRT ?
R : "Ça va être compliqué de battre des protos à la régulière vu qu'il y a une trentaine de chevaux d'écart. Ma moto est très bonne mais 30 cx ça coûte cher quand on cherche des dixièmes. Le premier jour à Jerez, c'était du bonus de se retrouver devant deux motos officielles. Je fais mon boulot. L'objectif est d'être premier CRT. S'il y a moyen de battre des protos sur un tour chrono, je ne vais pas m'en empêcher."

Q : Ce n'est pas trop démotivant de se battre en fond de grille ?
R : "Si je ne relève pas le défi en étant positif, ça ne va pas marcher. J'ai retrouvé une bonne équipe et ce qui me manquait l'an dernier, la hargne et l'agressivité. J'en suis à ma 14e saison en Grand Prix. J'espère retrouver la saison prochaine une moto qui me permettra de me battre devant. Pas en 2015."

Q : Si tout va bien, vous serez sur le podium réservé aux CRT à chaque course
R : "Le podium CRT ? C'est juste pour les sponsors. Etre sur le podium en finissant 10e d'une course, je ne vais pas sauter en l'air."

Q : Quoi qu'il arrive, vous partez pour une saison complète en CRT ? Et après ?
R : "J'ai un contrat sur une année. On verra à la fin les options qui se présentent mais je ne veux pas refaire une deuxième année comme ça. Soit tout le monde sera en CRT mais j'en doute. Soit on repassera à du 100 % MotoGP mais avec des motos moins chères et j'espère en récupérer une. Se motiver pour une année ça va mais repartir en se disant qu'on va terminer 13e non. Là je prends sur moi. Mais il ne va pas falloir que ça dure trop longtemps. Je veux me battre devant. Je ne me vois pas gagner au Sachsenring avec ma CRT comme Olivier Jacque a failli le faire lors de la période 500cc/1000cc."

Q : L'avenir du MotoGP est-il dans les mains de Honda ?
R : "Honda est la clé du championnat. Si Honda s'en va, il n'y aura que des CRT. Honda essaye de réduire le prix des motos pour continuer d'être là. Tous les constructeurs discutent pour trouver des solutions, pour exister. Mais il faut aussi penser aux teams. 3,5 millions d'euros pour la location de deux Honda, ce n'est pas simple… Et c'est sans suspension, sans les freins, sans les techniciens. C'est juste pour la location d'un châssis avec un moteur. Une CRT, c'est deux fois et demie ou trois fois moins cher. Et à la fin de l'année, la moto appartient à l'équipe qui peut continuer à bosser dessus."

Q : Valentino Rossi a-t-il une chance derrière Stoner et Lorenzo ?
R : "Stoner et Lorenzo sont vraiment proches. Pedrosa juste derrière. Rossi reste un super pilote mais la Ducati n'est pas au niveau. Il n'y a pas de miracle… Avec deux Honda officielles, deux Yamaha officielles et les deux Tech 3, voire la Honda de Bautista, ce n'est pas simple pour lui. Ce n'est pas pareil qu'il y a 7 ou 8 ans. Je le vois entre la 5e et la 7e place. Avant sa Ducati était surtout bonne sur le mouillé. Là elle est mieux sur le sec mais pas assez pour gagner une course. Et sur la pluie, elle a perdu son avance. Hormis un concours de circonstance énorme, Rossi ne va pas gagner un GP cette année."

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