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Dakar 2016 : Les deux Dakar de Sébastien Loeb

Pile, Sébastien Loeb a éclaboussé le Dakar de sa classe volant en main. Vainqueur de quatre spéciales, le nonuple champion du monde WRC était de très loin le plus rapide. Face, Sébastien Loeb n’est pas encore le champion du désert. Accident, tankage, erreur de navigation, il lui reste beaucoup à apprendre sur le sable.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
Pour son premier Dakar en carrière, Sébastien Loeb (Peugeot), nonuple champion du monde en Rallye WRC, a vécu deux Dakar différents : une première semaine exceptionnelle et une seconde ensablée...  (FRANCK FIFE / AFP)

1ère semaine : Sébastien Loeb en roi de la piste

Chassez le naturel, il revient au galop. En mode WRC sur les pistes argentines de la première semaine du Dakar, Sébastien Loeb n’a pas tardé à mettre tout le monde d’accord sur un point : l’Alsacien évolue toujours sur une autre planète question pilotage. En confiance avec sa 2008 DKR, Loeb a trusté le haut des feuilles de classement jusqu’en Bolivie. Il n’a rien perdu de son style, de ses glissades et de ses trajectoires tranchantes. Et encore, il en gardait sous la pédale. « A chaque virage, tu te dis que t’aurais pu passer plus vite ! Mais c’est ce qu’il faut faire, parce que 10 fois, on peut passer plus vite, mais la fois suivante, le virage se ferme », assurait-il en début de rallye. Très typée WRC, la première semaine lui a été comme un gant. Même son copilote Daniel Elena s’est baladé à ouvrir la route, il est vrai sur des spéciales sans grandes difficultés. « De toute façon on est là pour apprendre, reconnaissait Loeb. On ne peut pas avoir de stratégie, alors on ne se pose pas de questions et on roule. »

« Je ne pensais pas être en tête à la journée de repos »

Ça roule plutôt bien sauf quand la 2008 se montre capricieuse. Lors de la 6e étape, après une crevaison, son accélérateur reste bloqué à fond. Ça ne s’invente pas… « On a dû rouler avec le coupe-circuit, et j’ai repris une pierre, ce qui nous a obligés à changer une roue, raconte Loeb. Globalement ça se passait plutôt bien jusqu’à aujourd’hui où on perd gros. Les pendules sont remises à zéro, il va falloir tout recommencer. » Dès le lendemain, veille de la journée de repos, Loeb met son plan à exécution. Un problème moteur l’empêche de réaliser un gros coup mais l’essentiel est là, il repasse en tête du rallye. Une aubaine pour Peugeot et l’ensemble des médias qui suivent minutieusement la course d’un des plus grands champions français. « On n’a pas réussi exactement ce qu’on voulait faire, mais on est devant et c’est l’essentiel, expliquait-il à Salta. Avant d’arriver, je ne pensais pas être en tête à la journée de repos. On va en profiter, et il va falloir bien travailler les étapes suivantes. Il y a beaucoup à perdre dans les trois étapes qui viennent. » En effet, le plus dur était à venir.

2e semaine : Sébastien Loeb mange du sable

Les dunes ont manqué au Dakar mais elles ne manqueront pas à Sébastien Loeb. Avant de dompter ces grands espaces sablonneux et piégeux, il lui faudra encore accumuler des kilomètres et de l’expérience. L’Alsacien avait raison de redouter le triptyque autour de Belen. Dès la première étape, tous ses efforts de la première semaine étaient réduits en poussière alors qu’il se bagarrait avec Stéphane Peterhansel dans du hors-piste. « Pour la victoire, c’est mort », lâchait d’emblée le pilote Peugeot. Buggy sur le toit après une série de cinq tonneaux par l’avant, Loeb payait cash sa première grosse erreur du Dakar. « Dans un rio, il y avait une grosse marche que je n’ai pas vu, et qui nous a envoyé en tonneaux, raconte-t-il. Dans les rios, on est plus ou moins en hors-piste. Je ne sais pas si j’ai été gourmand, je n’ai pas l’habitude de rouler dans des rios. Je roulais par rapport à ce que je voyais, et la cassure je ne l’ai pas vu : j’aurais mieux fait de rouler un peu de moins vite ou de passer ailleurs. On essaie de suivre les traces, mais elles s’éparpillent un peu, certaines partent à droite, d’autres à gauche… je n’étais pas sur la bonne. » Heureusement, l’arrivée de la spéciale n’était pas trop loin. L’équipage parvenait à réparer et atteignait le bivouac une bonne heure après les meilleurs.

« Maintenant on sait ce qu’on doit travailler »

C’est là que le Dakar devient le Dakar. Les galères s’enchaînent pour la Peugeot N.314. Des tankages à la pelle le lendemain puis de nouveau une série d’incidents. « Il n’y a pas grand-chose de bon, avouait-il au soir de la 10e étape. Je dois m’habituer à ça. Pour l’instant ça ne m’amuse pas trop de taper de partout. C’était difficile, compliqué à tous les niveaux. On fait un petit tonneau aussi sur un kicking dans une dune. On fait toute la spéciale en mode dégradé dans le sable mou... En dehors de ça on arrive au bout ! » Bilan : « 2 crevaisons, 1 tonneau, 1 ensablement, à un moment paumés… » Loeb est confronté à une série noire. Alors qu’il pense remporter la 11e étape, un cardan casse à deux kilomètres de l’arrivée à San Juan. Tiré par Despres, l’Alsacien ne s’amuse plus beaucoup. « L’apprentissage, je pense que ça ne s’invente pas, confirme-t-il. Rouler vite je sais faire, mais tirer des caps, rouler dans des broussailles, c’est assez nouveau pour moi. » Chargé d’épauler Stéphane Peterhansel jusqu’à Rosario pour assurer la victoire d’une Peugeot, Loeb dégoupille une dernière fois lors de la 13e et ultime étape. Un baroud d’honneur pour finir comme il avait commencé. Classé 6e du classement général, il aura finalement plus appris en deuxième semaine qu’en première. Il fallait passer par là pour gagner dans le futur. Il en est conscient. « On a été globalement très compétitifs. La caisse était dans le coup, nous aussi, assure Loeb. On a eu quelques soucis sur les étapes de navigation, mais maintenant on sait ce qu’on doit travailler. Il y avait des étapes de nav qui étaient sympas, mais d’autres dans le désert où on était en difficulté. Nous verrons comment préparer au mieux pour l’année prochaine, mais ça donne envie de revenir, même s’il y a eu des galères. »

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