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Rallye Monte-Carlo : "Loeb a un mental d’acier et une rage de vaincre énorme, c'est ce qui fait la différence", selon Guy Fréquelin, son ancien patron chez Citroën

Le pilote français s'est imposé pour la huitième fois à Monte-Carlo, dimanche.

Article rédigé par Justine Saint-Sevin, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le pilote français Sébastien Loeb aux côtés de Guy Fréquelin, le 6 mai 2007. (CLAUDE SAULNIER / AFP)

Il est de ces sportifs à l'appétit insatiable qui donnent tout son sens au poncif "avoir la rage de vaincre". À presque 48 ans, Sébastien Loeb, dégoûte encore la concurrence. Seul son compatriote Sébastien Ogier est capable de suivre le rythme. Dimanche 23 janvier, c'est néanmoins l'aîné des Sébastien, nonuple champion du monde de rallye, qui a décroché avec sa copilote Isabelle Galmiche la victoire à Monte-Carlo. Une performance qui lui vaut de faire tomber de nouveaux records.

Guy Fréquelin, ancien directeur de Citröen Sport avec lequel Loeb a récolté ses titres mondiaux, revient pour franceinfo:sport sur ce nouveau coup de maître.

Franceinfo: sport : En décrochant un huitième succès à Monte-Carlo, Sébastien Loeb porte son total de victoires en rallye à 80, un record. Qu'est-ce que cela vous inspire ?

Guy Fréquelin : Ce qu’il a fait là, à presque 48 ans, c'est exceptionnel. Il a presque 10 ans de plus qu'Ogier qui est en son absence le plus vieux du WRC. Quand ils sont tous les deux à la bagarre, les autres sont inexistants, ils sont à des années lumière, c’est incroyable. 

En s'imposant dimanche, Sébastien Loeb est aussi devenu le plus vieux vainqueur d'un rallye. Cela vous étonne-t-il ? Comment expliquer une telle longévité ?

Physiquement, il est en super forme, il a un mental d’acier et une rage de vaincre énorme, c'est ce qui fait la différence. Pour gagner un Championnat du monde, il faut gagner des rallyes, mais surtout, il faut gagner des points. La grosse différence par rapport aux autres, c’est que lorsqu'il a un problème, plutôt que de vouloir rattraper le temps perdu en deux spéciales, il a toujours eu la capacité de se dire ‘il faut que je tienne’ tout en évitant de faire des erreurs.

Il a cette analyse, cette intelligence de la course qui fait la différence avec les autres. Des anecdotes de courses où il a eu des problèmes, et où il a fini par remonter à la deuxième place voir à gagner le rallye, il y en a plein. On ne fait pas un championnat de 15 ou 16 rallyes sans avoir un problèmes. Lui se démarque parce qu'il ne s’affole pas et qu'il est même capable de grappiller des secondes et de revenir sur les leaders quand ça arrive.

C'est un pilote qui a fait le choix de lever le pied depuis quelques années, de tenter d'autres disciplines. Il aurait peut-être pu aller chercher d'autres records encore. Comment percevez-vous cela ? Avez-vous des regrets ?

Non, c’est très difficile d’avoir un regret pour lui. On en a souvent discuté et je lui disais ‘ça Seb, c’est toi qui le sens’. Il a fait dix ans de championnat du monde au top niveau, il en a gagné 9 sur les 10 qu’il a faits avec Citroën. C'est quelque chose qui demande tellement d’efforts, d’abnégation, de contraintes à tous les niveaux, aussi bien familial que personnel. Je peux comprendre qu’il ait eu envie, et besoin, de souffler.

Il n’a pas arrêté, mais simplement ralenti sa carrière, il est resté dans la compétition. Cette année, ce que je trouve particulièrement exceptionnel, c’est qu’il n’a pas mis ses fesses dans une WRC de 2021, il monte dans une voiture nouvelle pour lui, dans une nouvelle WRC encore plus rapide que les anciennes, doit s'adapter à un véhicule hybride compliqué à conduire et il est dans le coup tout de suite. C’est bluffant.

Etre capable de faire preuve d'une telle capacité d'adaptation, cela contribue-t-il à faire de lui le meilleur pilote de rallye de l'histoire ?

Qu’il est le meilleur, il l’a déjà prouvé, parce qu’il a été neuf fois champion du monde de suite. Même si derrière, Ogier fait une super carrière et qu'il a encore des choses à montrer. Ce qui est certain, c'est que dans la longévité, c'est lui le plus fort.

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