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WEC, équation à trois inconnus

Le championnat du monde d'endurance (WEC) reprend ses droits à l'occasion des 6 Heures de Silverstone. Le retour de Porsche en compétition officielle et son niveau de compétitivité face à Audi et Toyota seront la grande attraction du week-end. Qui des trois constructeurs est le mieux armés pour la saison et les 24 Heures du Mans qui approchent à grands pas (14-15 juin).
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
Le plateau du WEC

Porsche, l'angoisse de la feuille blanche

On a beau s'appeler Porsche et détenir le record de victoires au Mans (16, ndlr), l'humilité reste de mise quand une nouveau modèle fait son apparition. Armée de sa 919 Hybrid, le constructeur allemand débarque en WEC avec une discipline reconquérir. Depuis son retrait de l'endurance sur un dernier succès dans la Sarthe en 1998 (avec la 911 GT1), Porsche a suivi de loin son cousin Audi prendre la relève avec brio. La marque aux anneaux s'est même bien gavée puisqu'avec 12 victoires au Mans elle s'est calée seule à la 2e place au palmarès des constructeurs. Porsche a également observé l'arrivée de la technologie hybride initiée par Audi, Peugeot et Toyota. Là encore, les lauriers sont retombés sur les têtes allemandes. Chantre du mélodieux Flat 6, Porsche revient là où ne l'attendait pas, sur le terrain de l'hybride avec un petit quatre cylindres. Le pari de l'audace technique malgré toute sa complexité quand on part d'une feuille blanche. A voir l'immense bataillon d'ingénieurs dépêché au Paul Ricard lors du Prologue de la saison, la 919 demande beaucoup de ressources. Nouvelle rassurante, les chronos étaient au rendez-vous pour Webber, Dumas et consort. Pour la fiabilité, cela reste à voir à cause notamment des vibrations engendrées par le nouveau moteur. On ne tirera pas de conclusion après les 6 Heures de Silverstone mais la comparaison avec la concurrence sera intéressante.

Audi n'est pas prêt à partager

En terrain conquis. Renouant avec la tradition de la traversée du Mans pour rejoindre le circuit mi-mars, Audi s'est placé dans la peau d'une lionne qui défend ses petits. Pas question de céder son trône de roi de l'endurance en image comme sur la piste. Pionnier du nouveau règlement, le constructeur allemand, Audi a beaucoup misé sur sa R18 e-tron quattro nouvelle édition. Nouvelle car le nom est le seul lien direct avec la LMP1 qui a gagné Le Mans et le WEC en 2013. Les Allemands ont capitalisé sur leur expérience en produisant une voiture différente mais très aboutie. "La réglementation a changé mais notre voiture se rapprochait déjà de cette nouvelle réglementation, explique Benoît Tréluyer, double vainqueur au Mans. Je pense qu’on a une très bonne expérience qui va peut-être nous permettre d’avoir un petit avantage au début de la saison." De l'hybride oui, mais moins que les autres. Ce n'est pas un reniement mais une vision réaliste de la performance et de la fiabilisé qui étaient les deux mamelles de l'endurance. A l'issue de ses essais à Sebring, Audi a ainsi décidé de sacrifier un de ses systèmes hybrides (celui qui récupérait de l'énergie à l'échappement, ndlr) qui n'était pas assez rentable au regard de son poids. Rien ne dit qu'on ne le reverra pas plus tard. "On essaye d’évoluer et de tirer le meilleur profit de ce qu’on a sur la voiture, reprend Tréluyer. Le plus important reste d’avoir une très grande fiabilité. On a déjà réalisé un grand nombre de kilomètres sans trop de problème. On connaît le système hybride à l’avant car on a roulé deux ans avec. Il a progressé depuis." La seule inconnue réside dans la consommation qui jouera un rôle crucial en course. Si Audi n'est pas trop gourmand et contraint de lever le pied, il faudra aller les chercher.

Toyota à la croisé​e des chemins

Déjà l'an 3 pour Toyota. La prudence des débuts a laissé place aux certitudes. Fort de ses deux années d'apprentissage et ses victoires sur des courses de 6 Heures, le constructeur japonais est prêt à passer à l'échelon supérieur. Il en a même l'obligation vis-à-vis de son état-major. Plus audacieuse qu'Audi dans l'hybridation de son prototype, l'équipe de Pascal Vasselon peut maintenant viser plus haut et toucher le Graal du Mans. Ses moyens sont certes moins importants que ceux d'Audi et Porsche mais Peugeot avait démontré qu'une autre voie était possible en s'imposant lors de l'édition 2009. Alex Wurz peut en témoigner. Comme ses petits copains de jeu, Toyota a toutefois du revoir sa copie pour coller au règlement 2014. La TS030 est devenue TS040. Une évolution en profondeur où les 4 roues motrices en sont l'aboutissement le plus visible. "Le principal défi a été de créer une voiture plus complexe avec encore plus de technologie hybride pour atteindre une puissance hybride supérieure et dans le même temps de réduire considérablement le poids en raison d’une diminution de 45 kg du poids minimum, explique le directeur technique Pascal Vasselon. Cela a été un véritable casse-tête, mais avec des matériaux légers et des processus de conception optimisés, nous avons atteint nos objectifs." Les pilotes ont approuvé le changement. "Les quatre roues motrices nous permettent d’optimiser l’accélération au point de se croire dans une fusée ! Une des raisons majeures ayant motivé le passage aux quatre roues motrices est l’augmentation de la récupération d’énergie au freinage et cela fonctionne extrêmement bien", ajoute Wurz. Toyota a deux courses (Silverstone et Spa) pour régler son décollage. Après il sera trop tard.

VIDEO : Tout savoir sur le nouveau règlement

Calend​rier du WEC

18-20 avril : Silverstone (GBR)
2-3 mai : Spa-Francorchamps (BEL)
1er juin : Journée test 24 Heures du Mans (FRA)           
14-15 juin : 24 Heures du Mans (FRA)                                              
18-20 septembre : Circuit des Amériques (USA)                   
10-12 octobre : Fuji (JAP)                                  
1-2 novembre : Shanghai (CHI)                                                
13-15 novembre : Bahreïn (BAH)
28-30 novembre : Sao Paulo (BRE)

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