Dakar. "700 km avec un mal de tête, une envie de vomir, la route est très longue !" : les pilotes face à l'épreuve de l'altitude
Les épreuves en altitude éprouvent les pilotes du Dakar. Samedi encore, ils montent jusqu'à 5 000 mètres en haute montagne. Si certains ont anticipé, d'autres ont vraiment souffert.
La septième étape du rallye Dakar, samedi 13 janvier, emmène les concurrents sur un parcours de 727 kilomètres entre La Paz et Uyuni, en Bolivie. Là encore, en haute montagne, avec des routes situées entre 3 500 et 5 000 mètres d’altitude.
Les organismes souffrent, les pilotes manquent d'oxygène et l'effort devient plus difficile. De quoi éprouver ceux qui ne se sont pas préparés.
L'altitude, le motard Xavier de Soultrait s'y prépare depuis plusieurs semaines grâce à une installation montée chez lui, sur son lit : "Je dors dans une tente hermétique branchée à une machine qui simule l'altitude, explique le pilote moto de 28 ans qui vit son cinquième Dakar. Ça m'a permis de créer de l'EPO naturel et je suis prête à l'altitude."
Chose qu'il n'avait pas pu faire l'an dernier : "Je me suis marié cet été et l'année avant le mariage je n'ai pas osé imposer ça à ma femme, confie-t-il. Maintenant, c'est bon, on en a parlé, elle est ok donc j'ai dormi dans cette tente pendant un mois."
"Ça peut être dangereux"
Cinq fois lauréat en deux roues, Cyril Despres roule désormais en auto. Ce grand habitué de la compétition -18 participations consécutives- surveille son taux d'oxygène dans le sang pendant la course. "J'ai contrôlé avec un petit appareil, qu'on appelle un oximètre, le pourcentage d'oxygène dans le sang et je suis à 97, 96 donc c'est pas mal, indique le Nemourien.
En fait, le plus problématique quand tu es sur une moto ou une voiture, c'est que ton esprit est un peu ralenti.
Cyril Despres, piloteà franceinfo
"Quand tu as l'habitude d'avoir des repères de freinage, des repères d'accélération ou de tourner le volant, il faut essayer de les anticiper, poursuit le pilote. Donc, déjà il faut penser à les anticiper et après il faut aussi faire l'action, parce que moins d'oxygène dans le sang, moins d'oxygène dans le cerveau, ça peut être dangereux. Je suis sorti deux ou trois fois en moto comme ça, en haute altitude, il faut faire gaffe, oui."
Une épreuve pour les pilotes amateurs
Les pilotes amateurs, eux, n'ont pas la même préparation que celle des pros. Bruno Raymond en a beaucoup souffert. "Dès qu'on a commencé à monter : [j'ai eu] énormément mal à la tête, raconte ce pilote de 49 ans qui vient de Varaire, dans le Lot. Ça n'a fait qu'empirer toute la spéciale."
700 km avec un mal de tête, une envie de vomir et rien qui allait, la route est très longue !
Bruno Raymond, piloteà franceinfo
À l'arrivée, son état était inquiétant : "J'ai quitté le casque, le médecin m'a dit : 'Viens vite dans le bus, tu es tout gris, je vais te mettre de l'oxygène.' Et voilà : 40 minutes d'oxygène, un café chaud et puis après c'est reparti pour la liaison jusqu'à La Paz sans trop de problème", raconte-t-il. La peur ? "Pas vraiment, assure le pilote qui en est à sa quatrième participation, dont trois en moto. On a toujours cette envie d'aller au bout du Dakar qui nous prend les tripes et qui fait qu'on repousse nos limites physique pour aller au bout."
La piste du Dakar 2018 va rester entre 3 500 et 5 000 mètres d’altitude jusqu’à mardi 16 janvier. Les équipages passeront par Tupiza, toujours en Bolivie, puis Salta et Belén en Argentine.
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