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Bachelot et Escalettes auditionnés

Après le président de la République, les élus de tous bords, ce sont les députés qui se saisissent du dossier de l'équipe de France. La ministre des Sports, Roselyne Bachelot, et le président de la Fédération française de football, Jean-Pierre Escalettes, seront auditionnés mardi et mercredi à l'Assemblée nationale.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
 

Les hommes politiques ont presque tous un avis sur la question. L'équipe de France occupe le devant de la scène médiatique depuis le week-end dernier. Et malgré sa sortie prématurée, elle sera encore au coeur de l'actualité la semaine prochain. L'Assemblée nationale a en effet décidé de convoquer pour des auditions Roselyne Bachelot et Jean-Pierre Escalettes. C'est la commission des affaires culturelles et celle de l'Education qui seront face aux deux interlocuteurs, les séances étant ouvertes à la presse. Roselyne Bachelot sera auditionnée mardi prochain et Jean-Pierre Escalettes le lendemain.

Mais que peuvent faire les hommes politiques ? A moins de réformer le Code du sport, le gouvernement, qui demande des comptes après le fiasco des Bleus au Mondial, n'a qu'une très faible marge d'intervention dans le football et plus généralement dans le milieu sportif, par tradition réticent à toute main mise étatique. Car les présidents de fédérations sportives sont élus démocratiquement par leur base, ceux du football y compris. "En l'état actuel, Roselyne Bachelot ne peut pas demander la convocation d'une assemblée générale de la FFF. Et Jean-Pierre Escalettes est en droit d'aller jusqu'au bout de son mandat puisqu'il a été élu, de même que Nicolas Sarkozy ne va pas démissionner parce qu'il y a des manifestations", souligne Michel Pautot, avocat spécialisé dans le droit du sport. Si l'Etat donne quelques moyens financiers aux fédérations, dans le cas du football, cette aide est infime puisqu'elle représente environ 1% des 200 millions d'euros de son budget.

Reste que la pression du ministère de tutelle peut certainement pousser n'importe quel président de fédération à quitter son poste. Ce n'est pas pour autant que les votants iront forcément dans le sens voulu par les pouvoirs publiques pour élire le successeur. Et la Fédération internationale de football (FIFA) n'aime pas du tout que la politique s'introduise dans le milieu sportif. Elle peut aller jusqu'à suspendre une fédération nationale de toute participation à des compétitions régionales ou internationales. Mais c'est très rare. En novembre 2008, le Pérou avait refusé de reconnaître l'élection d'un nouveau président de sa fédération de football, ce qui avait provoqué l'interdiction provisoire des Péruviens de compétitions internationales, alors qu'ils étaient engagés dans les qualifications pour ce Mondial. Au cours de la décennie passée, les fédérations malgache, grecque, iranienne, irakienne, yéménite, kényane ou encore koweitienne ont subi les foudres de la FIFA, la plupart du temps pour des ingérences gouvernementales.

Un mois après avoir obtenu l'organisation du Championnat d'Europe en 2016, la France serait mal avisée d'être, même provisoirement, épinglée pour un tel motif. Denis Massiglia, président du Comité national olympique sportif français (CNOSF), pointe implicitement du doigt les limites des possibilités politiques: "Le débat ne doit pas se limiter à la seule gouvernance du sport comme si c'était la seule cause des tourments actuels. Si le mouvement sportif international a été choqué par ce qui s'est passé, il a été surpris par l'importance politique qu'on lui donne."

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