Ballon d'Or 2019 : Sadio Mané hors du podium, une absence qui fait tâche
Ce lundi soir au Théâtre du Châtelet, Lionel Messi a reçu son sixième Ballon d'Or. Avec lui sur le podium, le Néerlandais de Liverpool Virgil van Dijk et le Portugais de la Juventus Cristiano Ronaldo. Derrière eux, Sadio Mané échoue à la 4e place, malgré sa victoire en Ligue des champions et sa finale de Coupe d'Afrique des Nations avec le Sénégal. Pourtant décisif dans le titre européen des Reds, le Sénégalais paye une exposition médiatique trop faible pour espérer mieux.
Liverpool, la force du collectif
Ce déficit, Sadio Mané le doit en partie à la façon dont le succès de son club s'est construit. Liverpool, c'est la force d'un collectif. Là, où Lionel Messi est sans rival à Barcelone, Sadio Mané partage l'affiche au sein de l'attaque des Reds. Et il doit composer avec l'omniprésente figure de Mohamed Salah. L'Egyptien, 5e du Ballon d'Or, bénéficie d'une aura médiatique supérieure à Mané, héritée de sa saison 2017-2018 complètement folle (44 buts en 52 matches). Pourtant, l'influence de Mané dans les performances de Liverpool est supérieure depuis la rentrée 2018. Mais Salah, toujours très bon finisseur, garde des statistiques proches de celles du Sénégalais (36 buts contre 42 depuis août 2018). La limite des chiffres, qui ne rendent pas compte d'un Salah beaucoup plus individualiste que son coéquipier. Mané l'avait d'ailleurs fait remarquer lors d'une rencontre face à Burnley fin août. Sur un contre, l'Egyptien avait préféré frapper, et rater, plutôt que servir son acolyte complètement seul, provoquant la colère du Sénégalais, un peu trop habitué à cette situation.
Mané, l'homme de la Ligue des Champions
Il suffit de se pencher à nouveau sur l'épopée européenne des Reds pour voir toute l'importance de Sadio Mané. Si Salah avait été l'acteur majeur du parcours la saison précédente, achevé sur une finale contre le Real, Mané a bien été le facteur X cette saison. Dès les huitièmes, il a débloqué un match fermé face au Bayern (0-0 à l'aller), en marquant à Munich après avoir éliminé Manuel Neuer (3-1). En quart face à Porto, c'est encore lui qui a glissé le ballon entre deux joueurs sur l'aile gauche. Le cuir a fini une passe plus tard dans les pieds de Naby Keïta pour l'ouverture du score (2-0). Premier buteur au retour, il a également dévié le ballon sur le 4e but des Reds, signé Van Dijk (4-1). En demi-finale, il a lancé la folle remontée des Reds en lançant Jordan Henderson dans la surface de Barcelone. La frappe repoussée du milieu a terminé dans les pieds de Divock Origi, qui n'avait plus qu'à pousser le ballon. En finale, si Salah a transformé le penalty de l'ouverture du score, c'est bien Mané qui l'a obtenu avec un centre sur la main de Moussa Sissoko.
Van Dijk, un sérieux candidat
Si Mané a perdu des voix avec la 5e place de Salah, que dire de la 2e position de Virgil van Dijk ? Sûrement pas qu'elle est imméritée. Le Néerlandais est sans doute le meilleur défenseur du monde depuis son arrivée à Liverpool. Il a été lui aussi capital dans le titre européen, surtout à une période où les très bons défenseurs se font rare. Si Manchester City avait accepté de mettre sur la table les 85 millions de son transfert, Pep Guardiola aurait peut-être soulevé la Ligue des champions en juin dernier. Et on peut apprécier de voir un défenseur aussi mis en avant. Mais une finale de Ligue des Nations avec les Pays-Bas vaut-elle une finale de Coupe d'Afrique des Nations avec le Sénégal ? Pour la première fois depuis 2002, et pour seulement la deuxième de leur histoire, les Lions de la Teranga ont dépassé les demi-finales du tournoi continental. Un exploit visiblement pas assez retentissant pour voir Mané grimper dans les votes. La faute à une attention moindre pour la compétition ? A un désintérêt, voire un mépris, pour les sélections africaines ?
Ronaldo en profite
Le fait est que ce partage des voix entre les joueurs de Liverpool a desservi Sadio Mané. Lionel Messi est le seul Barcelonais dans le Top 10, contre quatre joueurs de Liverpool avec également Alisson Becker, 7e et vainqueur du Trophée Lev Yachine de meilleur gardien. Il ne s'agit pas d'affirmer que Sadio Mané méritait le Ballon d'Or cette année. Difficile de contester que Lionel Messi est dans l'absolu un meilleur joueur que le Sénégalais. Voir Virgil van Dijk devant, même si le débat est ouvert, n'est pas un scandale. Par contre, il aurait sans doute mérité de doubler Cristiano Ronaldo, certes vainqueur de la Ligue des Nations, mais moins efficace (20 buts en club en 2019) et arrêté dès les quarts en Ligue des champions. L'essentiel est sans doute ailleurs. Sadio Mané, absent de la cérémonie, ne voudrait pas troquer son beau parcours estival et son titre européen contre une place sur le podium, même au sommet. "Je dis bravo au vainqueur et j'espère être là l'année prochaine, pour peut-être soulever le trophée" a-t-il réagi dans une vidéo. C'est tout ce qu'on lui souhaite.
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