Bartoli avec panache !
Depuis plusieurs semaines, le N.1 française affirmait qu'elle était revenue à un bon niveau, qu'elle avait de nouveau confiance en elle et qu'elle abordait ce Roland-Garros avec de belles sensations. Remise en selle après une blessure et plusieurs mois difficile, Marion Bartoli a fait mieux que tenir son rang, elle a rapidement pris sur ses épaules tous les espoirs du tennis féminin tricolore, et a mené son chemin sans faire de bruit ni vraiment de buzz. La preuve: le court Suzanne Lenglen était loin de faire le plein lorsqu'elle y a pénétré alors que sur le Central, dans une enceinte bien remplie, Gaël Monfils allait en découdre avec Roger Federer.
Qu'importe. Marion Bartoli n'est pas du genre à se formaliser ni à se laisser distraire par les éléments extérieurs. Et heureusement, car elle a dû batailler avec beaucoup d'intensité contre un vent tourbillonnant qui a sérieusement perturbé les débats. Le sourire rare, le regard noir, la Française est entrée sur le court comme un taureau dans l'arène, avec l'envie de ne rien lâcher, de ne pas céder un pouce de terrain. Ce qu'elle démontrait tout de suite, en allant chercher la Russe d'entrée pour obtenir un premier break au terme d'un 2e jeu très disputé de presque six minutes. Mais les deux demoiselles s'accrochaient en choisissant le jeu long Lorsque Kuznetsova passait ses premières balles de service, elle se montrait dangereuse, mais hélas pour elle et tant mieux pour la Française, elle laissait quelques services au passage. Des deux côtés, on cherchait à provoquer la faute mais avec le vent, les trajectoires n'étaient pas toujours très précises. Avec quelques déchets techniques jetés en route, les deux joueuses breakaient puis débreakaient pour en arriver logiquement à un tie-break qui devait rendre son verdict. Bartoli avait plusieurs fois laisser passer sa chance de prendre un vrai avantage, mais cette fois-ci, avec toujours une détermination étonnante, elle allait chercher ce jeu décisif pour enlever la première manche après 1h06. Le stade s'était rempli, l'ambiance était montée d'un cran et la Française bien que toujours très fermée, semblait consciente vraiment qu'elle avait un bon coup à jouer.
Marion à l'abordage
Elle entra dans la deuxième manche avec la même farouche volonté. Véritable pile électrique, balayant le court, elle mettait immédiatement la pression sur Kuznetsova solide en défense, mais qui se retrouvait souvent sur le reculoir aux prises avec les coups puissants et appliqués d'une Bartoli survoltée qui empochait le 1er jeu. Dès lors, la Française ne commettait plus les mêmes erreurs que dans la première manche quand elle se montrait fébrile au moment de porter l'estocade, mais au contraire avançait sans tremblere.Le public ne s'y trompait pas qui amorçait une ola en scandant le nom de "Marion". Portée par l'évènement, la native du Puy continuait d'accélérer en s'appuyant sur son jeu d'avance. Kuznetsova tentait de rester dans la partie en gagnant ses mises en jeu dans la douleur, mais c'était trop laborieux pour surprendre une Bartoli qui sentait qu'elle ne pouvait plus perdre.Elle s'imposait finalement 6-4 dans une deuxième manche rondement menée en moins de 5O minutes. Avec cette victoire, la 3OOe qu'elle obtenait sur le circuit , elle s'octroyait aussi le redoutable privilège de devenir la dernière représentante du tennis français à demeurer en lice.
A 26 ans, la N.1 française disputera une place pour la finale à la tenante du titre, l'Italienne Francesca Schiavone, qui a montré parfois des signes de faiblesse. Dans un tournoi féminin dévasté par les éliminations prématurés des trois premières têtes de série, tout est permis désormais. Déjà demi-finaliste à Wimbledon en 2007, Marion Bartoli a depuis beaucoup progressé dans l'approche de ces grands rendez-vous et elle n'aura rien à perdre. Elle devra faire preuve du même état d'esprit et de la même attitude, cette grinta qui permet parfois de soulever des montagnes. Pour le reste, son jeu est là. Elle-même d'ailleurs est conscience qu'elle peut le faire "Je ne pensais vraiment pas atteindre les demi-finales ici", a-t-elle admis.. Mais maintenant qu'elle y est elle ne craint pas d'ajouter: Avec un public comme ça derrière moi, je ne vois pas comment je ne peux pas gagner."
CG
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