Baseball : comment Juan Soto a pu signer le plus gros contrat de l’histoire du sport
Au pays de la démesure, le sport ne déroge pas à la règle. La Major League Baseball (MLB), la ligue américaine de baseball, a enregistré le contrat le plus important de l'histoire du sport, lundi 9 décembre. Agent libre (sans contrat), Juan Soto s'est engagé avec les Mets de New York pour un contrat jamais vu : 765 millions de dollars sur 15 ans. Un contrat qui donne le vertige, mais qui répond à la dynamique actuelle des sports américains.
"Dans le baseball, on est habitué à avoir des contrats plus longs que ce qu'on peut voir en Europe, avec le football par exemple, note Gaétan Alibert, auteur de plusieurs livres sur le baseball. Mais là, c'est vraiment un contrat extrêmement long. C'est historique par le montant total et la durée." Deux éléments qui s'expliquent "par le talent générationnel de ce joueur. Il n'a que 26 ans mais a déjà démontré qu'il était exceptionnel notamment au niveau offensif. Il pourra jouer encore de nombreuses années. En plus, avec un contrat aussi important, on le sécurise dans le temps."
"Les joueurs veulent les salaires les plus élevés pour se situer parmi les meilleurs dans la hiérarchie. C'est aussi une course entre eux pour obtenir les meilleurs contrats."
Gaétan Alibert, auteur de plusieurs livres sur le baseballà franceinfo: sport
Le joueur dominicain n'est pourtant pas le premier à atteindre des montants aussi élevés. Si Juan Soto est bien le joueur avec le plus "gros" contrat, à l'année, c'est Shohei Ohtani qui a négocié le meilleur montant. Le Japonais avait rejoint les Dodgers en 2023 moyennant 700 millions de dollars sur dix ans, soit 70 millions de dollars par saison. Le nouveau joueur des Mets émargera, lui, autour des 51 millions de dollars par an.
Même si les contrats peuvent être plus longs en MLB que dans les autres sports américains (NBA, NFL, NHL), les salaires à la saison sont équivalents. "On est autour de 50 millions de dollars en NBA, en NFL", constate Frank Pons, directeur de l'Observatoire international en management du sport et professeur à l'université Laval de Québec.
Des salaires possibles grâce à des revenus en hausse
Principales mannes financières pour les franchises, les droits TV traditionnels sont désormais accompagnés par d'autres ressources : "Depuis qu'ils ont réussi à monétiser la mise sur le marché des contenus sur différentes plateformes, il y a une augmentation des droits de diffusion. C'est souvent boosté par les paris sportifs, qui génèrent des revenus supplémentaires avec les résultats et quelques images. Il y a donc une augmentation des valeurs de contenu", explique Frank Pons.
Les montants des salaires sont aussi amortis par les ventes liées aux joueurs. "Ce sont des 'market players'. Soto va vendre des maillots, il va augmenter les revenus des ventes dérivées. Ohtani, lui, amène ça dans un nouveau marché, avec des Japonais qui consomment énormément. C'est l'idole d'un pays et il ramène une manne financière extrêmement importante, autour de 200 millions de dollars par saison", détaille le chercheur. Un merchandising également présent dans l'économie du football en Europe.
"En même temps, la valeur des franchises augmente, les revenus suivent et les salaires aussi."
Frank Pons, spécialiste du management du sport à l'Université Laval de Québecà franceinfo: sport
Dernier point, contrairement à la NBA et à la NFL, les franchises de la MLB ne sont pas restreintes par un "salary cap", mais une "luxury tax", appelée "Competitive Balance Tax" (CBT). Si les franchises dépassent les 230 millions de dollars de masse salariale, elles sont soumises à une taxe, une somme ensuite reversée aux plus petites équipes. Cette contrainte n'en est pas vraiment une pour les équipes historiques de la ligue comme les Yankees et les Dodgers, qui paient chaque saison cette taxe.
Pour faire venir Shohei Ohtani, les Dodgers avaient effectué un montage financier pour échapper à des taxes supplémentaires. Le joueur n'est payé que 2 millions de dollars durant les 10 premières années de son contrat, avant de recevoir le reste de son salaire par la suite. Ainsi, les 702 millions de dollars ne sont pas comptabilisés dans la masse salariale, ce qui a permis à l'équipe de se renforcer avec d'autres joueurs.
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