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Evan Fournier : "On a fait quelque chose de bien, mais on a raté quelque chose de grand"

Tout juste rentré de Chine après avoir décroché avec l'équipe de France une belle médaille de bronze, Evan Fournier ne parvient pas à se satisfaire pleinement de ce résultat. S'il se dit fier du groupe et du visage montré par les Bleus dans ce Mondial, l'ailier du Magic ne cache pas sa frustration, et n'arrive pas à digérer la demi-finale perdue face à l'Argentine. "Je voulais être champion du monde", reconnaît-il.
Article rédigé par Emilien Diaz
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
 

24 heures après avoir décroché cette belle médaille de bronze, quel sentiment prédomine chez vous ? On vous a vu frustré sur le podium mais vous avez également fait part de votre fierté sur les réseaux sociaux …
Evan Fournier : "Je dirais le sentiment de se dire qu’on a fait quelque chose de bien, mais qu’on est passés à côté de quelque chose de grand. C’est comme cela que je vois les choses. Je suis fier de ce groupe, fier de ce qu’on a réussi, mais je suis aussi déçu d’être passé à côté d’une finale mondiale. Quand on regarde cette demi-finale face à l’Argentine, il y a forcément de la déception. Donc il n’y a pas de sentiment prédominant. C’est un tout, global. Ça fait partie de l’aventure et on ne peut pas dissocier la fierté de la déception. Je retiens cette médaille, mais je retiens aussi le fait que l'on n'ait pas gagné". 

Vous pensez que cette équipe de France avait le potentiel pour être championne du monde ?
EF : "Oui, clairement, je ne dirais même pas qu’on en avait le potentiel, mais plutôt qu’on était assez forts pour le faire, bien sûr". 

Malgré cette défaite face à l’Argentine, vous avez su rebondir en ramenant la deuxième médaille mondiale de l’histoire du basket français. On peut dire que l’objectif est atteint ?
EF : "L’objectif de la médaille, c’était l’objectif de qui ? Est-ce que c’était l’objectif annoncé des médias, ou l’objectif de notre équipe ? Nous, on voulait gagner ce tournoi. On voulait être champions du monde".

Vous avez su vous remobiliser pour aller chercher cette dernière victoire au forceps. Il le fallait…
EF : "Oui, ce dernier match, on l’a gagné avec nos tripes. On ne se voyait pas terminer quatrièmes, comme des cons. On a eu un regain de fierté, qui a fait qu’on a réussi à l’emporter au final. On a rien lâché. Ces matches pour la troisième place ne sont jamais faciles à négocier, c’est vraiment particulier à jouer. Et je trouve qu’on a très bien réagi".

C’est aussi ce que l’on retient : le mental de votre groupe et sa capacité à rebondir dans les moments difficiles. Après l’Australie, après l’Argentine, la force collective a parlé ...
EF : "On a vraiment un très bon groupe. Je trouve qu’on a montré une belle image durant toute la compétition. Et c’est une des raisons pour lesquelles je suis fier de cette équipe. Ce groupe a du cœur et l’a démontré. Dès qu’on s’est retrouvés dans le dur, on a réussi à rebondir. Au final, il n’y a qu’un seul match où nous sommes passés au travers. Un sur huit. Et c’est malheureusement cette demi-finale, qui nous coûte cher. C’est le bilan".

Sur le plan individuel, vous avez réalisé le meilleur tournoi de votre carrière internationale en terminant dans le 5 majeur du Mondial. Est-ce que vous arrivez tout de même à en tirer de la satisfaction ?
EF : "Ce que j’ai fait a été à l’image de l’équipe. Je suis passé à côté d’un match. Et c’est pour cette raison que je peux avoir des regrets. Il y a eu un très bon premier tour, un bon deuxième tour, et j’ai fait un non-match contre l’Argentine. Et c’est ce qui me reste en travers de la gorge".

Ce match a été particulièrement difficile pour vous car on a senti que les Argentins vous avaient ciblé d’entrée. C’était donc très dur de vous exprimer comme vous l’aviez fait depuis le début du tournoi ?
EF : "C’est vrai qu’ils ont essayé de me stopper, c’était dans leur plan de jeu. Mais j’aurais pu faire des choses pour contourner cela. Et de toute façon, ce n’était pas que moi. Je n’ai pas su m’exprimer sur ce match parce que l’équipe dans sa globalité n’a pas réussi à le faire. Quand tu essayes de prendre des initiatives individuelles, tu dois faire plus d’efforts et malheureusement, je n’étais pas en réussite. Donc j’ai souffert de ça. Ils étaient focus sur moi mais, dans un bon jour, ce n’est pas grave".

Vous n’avez pas manifesté de joie sur le podium et avez expliqué pourquoi sur les réseaux sociaux. Certains ont très bien compris votre position, d’autres un peu moins. Qu’est-ce que vous voudriez leur répondre ?
EF : "Ma réaction, tu la comprends ou tu ne la comprends pas. Mais personnellement, elle me paraît claire. Si certains ne sont pas d’accord, que voulez-vous que je leur dise ? Je n’ai rien à leur répondre".

Evan, vous avez 26 ans et on a senti dans ce Mondial que vous vous étiez imposé avec Rudy Gobert, Nicolas Batum et Nando de Colo comme un leader de cette équipe. Est-ce que c’est le rôle que vous voulez jouer à présent ?
EF : "Très clairement. On a construit un nouveau groupe, avec des leaders et une nouvelle hiérarchie. J’en fais partie. L’objectif sera d’emmener ce groupe qui s’est créé vers les Jeux Olympiques. Je crois qu’il va y avoir une certaine continuité après ce Mondial. On va bien-sûr s’améliorer parce que tout le monde va progresser individuellement, et des pièces manquantes – comme Thomas Heurtel - vont venir s’ajouter. Donc on va encore évoluer dans le bon sens".

Vous serez à Tokyo dans un an pour gagner alors ?
EF : "Oui, évidemment. Dès qu’on fait une compétition c’est pour la gagner. Peu importe l’adversité. Si tu pars favori ou non. Si tu fais un truc c’est pour le faire bien".

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