Mondial 2019 de basket : La France réalise un exploit historique contre les Etats-Unis et se qualifie en demi-finales
Mercredi 11 septembre 2019. Cette date, il faudra désormais la noter dans un carnet tout particulier. Celui qui recense les plus grands exploits du sport français. Splendide, formidable, exceptionnelle : on vous laisse choisir le superlatif qui vous conviendra le mieux pour désigner cette victoire (89-79) de l'équipe de France contre la sélection la plus titrée de l'histoire, les Etats-Unis. Ce succès, il est d'autant plus historique puisque jamais, les Bleus ne s'étaient imposés contre la Team USA en compétition internationale. Et comme dans tous les grands moments de sport, ceux qui appartiennent à la fois au passé, au présent et au futur, cet exploit a été le fruit d'une oeuvre collective. Du coach, Vincent Collet, et de son staff, jusqu'aux joueurs, de Rudy Gobert, monstrueux comme jamais, à Evan Fournier jusqu'à Nando De Colo, Franck Ntilikina ou même Mathias Lessort, tous ont apporté leur pierre à cet immense édifice. Un édifice dont il faudra désormais terminer la construction dès les demi-finales de ce Mondial où l'Argentine du vétéran Luis Scola attend l'équipe de France pour poursuivre cette folle épopée qui, espérons, ne fait que commencer...
Voir sur Twitter
Fournier l'artilleur, comme d'habitude...
On a compris, très vite, dès les premiers instants de la partie, que les deux équipes allaient se livrer un duel sans merci. Une rencontre digne de celles que l'on peut admirer chaque nuit du côté de la plus grande ligue de basket au monde, la NBA. Car sur le parquet, sur les dix hommes lancés d'entrée, on ne comptait pas moins de neuf joueurs évoluant dans le championnat américain. Et à ce jeu-là, les Français ont montré qu'ils avaient toutes les qualités nécessaires, des deux côtés du parquet, pour rivaliser avec un effectif exclusivement composé de joueurs NBA. Et c'est donc le cinquième meilleur scoreur du Mondial, Evan Fournier, encore énorme ce mercredi (22 points, 3 rebonds et 4 passes décisives) qui a, comme d'habitude depuis le début du tournoi, mené la France avec brio, au coude à coude après le premier quart (18-18, 10e).
Et si durant le tournoi les rebonds ont souvent posé un problème aux hommes de Vincent Collet, les Bleus, pour rêver d'un exploit, devaient rectifier le tir. Et ils l'on fait, avec la manière (44 à 28) face aux Américains, les meilleurs du Mondial jusqu'ici dans cet exercice. Du coup, petit à petit dans le deuxième quart-temps, les Français ont pris de l'avance, toujours sous l'impulsion de Fournier l'artilleur (4/8 à trois points) mais aussi et surtout grâce au double meilleur défenseur de la NBA, Rudy Gobert. Le pivot du Jazz de Utah a enfin sorti une prestation digne de son statut outre-atlantique.
Voir sur Twitter
Rudy Gobert a marché sur la Team USA
D'abord sérieux et très solide, il a permis à l'équipe de France de maintenir une défense en zone de tous les instants et de finir devant à la pause (45-39, 20e). Par sa capacité à monter au panier, en jouant au poste, il a énormément perturbé les systèmes de Gregg Popovich, souvent basés sur du "small ball" qui consiste à jouer davantage avec des "petits" sur le parquet, pour mettre plus de vitesse. Résultat ? Gobert a réalisé un chantier complètement dingue en compilant 21 points (6/12 aux tirs, 9/10 aux LF), 16 rebonds (dont 7 offensifs !), 2 passes et enfin 3 contres ! Une ligne de statistiques qui en dit long sur l'impact, tant offensif que défensif, du géant tricolore (2m15), de plus en plus dominant au fil de la partie.
Car c'est lui, avant la révolte américaine (66-63 pour les USA, 30e) menée par son coéquipier à Utah Donovan Mitchell (29 points, 6 rebonds et 4 passes), qui a littéralement pilonné, encore et encore, une équipe des Etats-Unis finalement méconnaissable. Derrière la muraille Gobert, les Albicy, Batum ou Ntilikina, ont réussi à éteindre les Turner, Lopez, ou encore le meneur star de Boston, Kemba Walker, bien muselé (10 points à 22% et 4 balles perdues). Même Mathias Lessort, en sortie de banc, a montré qu'il était capable d'élever son niveau. À celui que l'exigence de la NBA demande habituellement. Et finalement, les limites du basket américain, et de cette équipe difficilement concoctée par "Pop", ont été atteintes en fin de partie. L'incapacité à trouver des solutions offensives face à une défense rugueuse, associée à des prises de shoots forcées et à une équipe de France infaillible : voilà la recette de ce miracle bleu-blanc-rouge.
Ntilikina a surgi !
Si les Bleus ont donc connu un trou noir, les Etats-Unis menant même sept points à sept minutes du terme (74-67), Vincent Collet et son staff ont su trouver les mots pour remobiliser leurs joueurs, désireux d'aller arracher cet exploit XXL. Ils l'avaient annoncé avant la partie : ils se sentaient capables de le faire, et ils l'ont fait ! Pour sa première compétition internationale sous le maillot tricolore, Franck Ntilikina (11 points à 56% et 3 passes) a été le facteur X dans la victoire des siens. L'homme du money time comme on dit. Notamment par sa faculté à tout faire péter dans les derniers instants. Insouciant, il a d'abord égalisé à 76-76 (35e) sur un shoot de loin venu d'ailleurs.
Après avoir vu Gobert arracher l'arceau d'un dunk rageur (80-76, 2'52 à jouer), et contrer la ballon dans la tête de Kemba Walker, le meneur des Knicks s'est encore élevé pour trouver la mire (82-78, 2'05). Et à ce moment-là, le temps s'est quasiment arrêté. La France touchait du bout du doigt son exploit. Une performance qui allait donc rentrer à jamais dans les livres d'histoire du sport français. Car jusqu'au terme, comme il sait si bien le faire, Nando De Colo, encore précieux et imperturbable aujourd'hui (18 points à 67%, 9/10 aux LF) a enchaîné les lancers avec une concentration maximale. Quand vint ce retour en zone de la Team USA, comme ils ont l'habitude de le faire en NBA où la règle sur la remise en jeu est différente de celle en FIBA, tout le monde a bien compris (89-79, 40e). Cette équipe de France venait de faire son entrée dans le panthéon du sport français. Pour l'éternité.
Voir sur Twitter
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.