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Mondial de basket : "Les Argentins nous ont fait tomber dans leur piège" pour Richard Dacoury

Après la défaite de la France contre l'Argentine (80-66) en demi-finale du Mondial, notre consultant France TV Sport Richard Dacoury revient sur l'échec des Bleus ce vendredi. L'ancien ailier refuse de parler de déroute mais souligne la très grosse performance défensive des Argentins, qui ont parfaitement su piéger les hommes de Vincent Collet.
Article rédigé par Clément Mariotti Pons
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
 

Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ce vendredi ? Comment expliquer cette déroute après l'exploit en quarts face aux USA ?

Richard Dacoury : "Je suis très déçu, surtout pour les Français. Je ne ferai pas trop de reproches parce que les Argentins les ont fait tomber dans leur piège, tout simplement, et ils n’ont pas su s'en sortir. Les Argentins ont très bien défendu. C’est ce que j’avais dit avant la demie, la clé du match c’est de contrôler le tempo et d’imposer son style de jeu, son rythme et ce sont eux qui l’ont fait. On a subi tout le long du match, on a subi leur présence défensive qui nous a écarté du cercle et empêché de dérouler le système avec fluidité. Présence défensive qui a coupé Rudy Gobert de ses coéquipiers, qui a poussé Fournier à forcer un peu ses shoots… C’est la défense des Argentins qui a fait le boulot et ajouté à cela un rythme, une envie, une réussite qui, elles, étaient au rendez-vous, cela fait la différence. Il y a une nation qui jubile et une autre qui pleure un peu parce qu’on a le sentiment qu’on valait mieux que cela."

On était prévenus que ce match contre l'Argentine allait être difficile. Pourtant Scola s'est trimbalé notamment...

RD : "Il n’y a pas que Scola qui s’est trimbalé, au-delà de ça ils nous ont vraiment imposer leur jeu sans rien forcer. Ils n’ont rien subi. Paradoxalement malgré nos bonnes intentions notre défense n’était pas aussi dure qu’elle a pu l’être par le passé. On a été sous pression, on jouait systématiquement les possessions de balle à la dernière seconde avec des shoots catastrophe. Quand on marquait c’était un peu après des actions forcées et toujours en urgence. La clé est là. L’Argentine a joué son basket et ce sont les Bleus qui ont été forcés de déjouer, de subir."

Comment expliquer la déroute des cadres ? Gobert, Fournier, Batum... on les a sentis impuissants

RD : "C’est la défense des Argentins qui les a fait passer au travers. Rudy a été totalement coupé du reste du jeu, avec le peu de volonté ou de possibilité des extérieurs de le servir dans une bonne position. Après il y a eu aussi une grosse pression sur Fournier. Il a été enfermé par différents joueurs dès le début pour le fatiguer et ils y sont parvenus. Nando (De Colo) de la même manière. Ils avaient très bien ciblés nos points forts. Ils nous ont forcé à jouer sur des joueurs qui n’ont pas la responsabilité habituelle de la marque. Il n’y a que Frank (Ntilikina) qui a été très bon, qui a joué avec beaucoup d’aplomb et de lucidité. Mais à part ça… Les Argentins avaient ciblé Fournier, Gobert, De Colo et ça a fonctionné. Derrière Nico (Batum) n’a pas réussi à avoir d’adresse malgré des shoots ouverts. Je parle beaucoup de défense mais il y avait quand même de la place pour rentrer des shoots, être un peu plus au contact et prolonger le suspense. Là, la maladresse était trop importante. On a dû faire un maigre 22% à 3 points… C’est terrible. On pourra dire qu’on a abusé de shoots à 3 points mais on ne pouvait pas s’approcher du cercle. Et les shoots qu’on a pris étaient bons. Mais l’adresse n’était pas au rendez-vous. On pourra tenter de tout expliquer : un jour de repos en moins, la fatigue… Mais à ce niveau de la compétition toutes les équipes sont fatiguées et c’est celle qui est la plus fraîche et lucide qui l’emporte."

"Il ne faut pas remettre en cause toutes les bonnes choses qu’ils ont pu faire pendant la compétition parce qu'ils font un très bon championnat du monde"

C'est une défaite qui rappelle un peu celle face à la Serbie en 2014, où on tape l'Espagne en quarts avant de se faire surprendre en 1/2... C'est un peu toujours la même chose finalement ?

RD : "Je ne dirais pas que c’est toujours la même chose parce que je ne pense pas qu’ils aient eu cet excès de confiance qu’ils avaient peut-être pu avoir. Je crois qu’ils étaient bien au fait de la difficulté de la tâche mais qu’ils sont tombés sur plus forts qu’eux. Hélas il faut être capable de l’admettre et ne pas remettre en cause toutes les bonnes choses qu’ils ont pu faire pendant la compétition parce qu'ils font un très bon championnat du monde. On est déçus parce qu’ils avaient ouvert énormément d’attente pour les supporters après les USA, même pour eux et la déception est d’autant plus amère. Mais je suis persuadé qu’ils peuvent encore égaler le plus haut niveau jamais atteint pour les Bleus en Championnat du monde avec une médaille de bronze, comme en 2014. Et se qualifier pour les JO, je suis persuadé qu’ils auraient signé dès le début du tournoi. Même s’ils disent “on est là que pour l’or”, il y avait de l’ambition mais il faut aussi être capable de faire preuve de raison. Je ne veux surtout pas qu’on tombe dans un excès d’analyse en expliquant que c’est “une déroute” etc. C’est un match où l’on est tombés mais pas de notre fait, les Argentins nous ont rendu coupables de jouer aussi mal et c’est vraiment de leur fait. On ne peut pas reprocher notre comportement."

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