Cet article date de plus d'onze ans.

Des Braqueuses qui n'aiment pas l'argent

Les visages des Françaises après la finale résumaient bien la situation. Grandes favorites de leur tournoi, devant leur public, les "Braqueuses" avaient bien du mal à accepter cette médaille d'argent. Pour un petit point (70-69), les Tricolores ont laissé le titre continental à l'Espagne. Edwige Lawson et Emmeline Ndongue quittent ce maillot de l'équipe nationale avec un brin d'amertume, mais aussi malgré tout avec la satisfaction d'avoir contribué à l'essor de leur sport.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
 

Il suffisait de voir les milliers de spectateurs venus assister aux différentes rencontres des Bleues pour se rendre compte de leur cote de popularité. Invaincues depuis leur défaite en finale des JO face  aux Américaines (50-86), les joueuses de Pierre Vincent avaient enchaîné pas moins de 17 victoires d'affilée. Douze ans après le sacre à domicile de Yannick Souvré, Audrey Sauret et Cathy Melain, tout était donc réuni pour voir les Françaises remporter un troisième titre européen (après 2001 et 2009).

Mais la pression de cette rencontre jouée justement devant leur supporteurs, et celle de vouloir offrir le plus beau cadeau d'adieux à Lawson et Ndongue étaient trop fortes. "Il y a des regrets. On aurait dû se lâcher", a résumé une Isabelle Yacoubou inconsolable. Même Céline Dumerc a cherché à s’isoler un peu après cette déconvenue et les larmes ont coulé. Après le vacarme et les si nombreux cris de joie entendus durant les 15 jours de compétition, c’est un silence assourdissant qui a envahi le vestiaire de l’équipe de France.

Dignes dans la défaite

Conscientes d’être passées à côté d’une superbe performance, les partenaires de Ndongue et Lawson-Wade n’avaient plus le courage de se réconforter. L’heure était à l’introspection, à l’analyse de la rencontre, de ses erreurs et des ces 18 maudites balles perdues, tout ce qui leur a coûté cette défaite. Mais même si l’envie était forte de dénoncer les quelques errements de l’arbitrage, les Françaises sont restées dignes. En grandes championnes qu’elles sont, les vice-championnes olympiques ont reconnu le talent de leurs adversaires, et notamment d’Alba Torrens et Sancho Lyttle.

Si il sera difficile d'oublier cette défaite, il sera tout aussi d'oublier à quel point ces joueuses ont apporté au basket français. Depuis la prise en main de cette équipe dite en reconstruction par Pierre Vincent, les Tricolores n'ont cessé de surprendre leur monde. Dès 2009, les coéquipières de Céline Dumerc et Sandrine Gruda ont enchaîné les exploits, avec pour commencer un sacre européen, obtenu face aux tenantes du titre russes. Cette génération rapidement appelée "les Braqueuses" a rapidement fait trembler la plupart des équipes nationales.

La relève est présente

Privées de Sandrine Gruda lors du Mondial 2010, elle se contentent d'une sixième place. Bronzées à l'Euro suivant, c'est aux JO de Londres qu'elles réalisent la plus grande performance de l'histoire de l'équipe nationale féminine, en décrochant l'argent face à des Américaines intouchables. Lors des cinq dernières compétitions majeures, "les Braqueuses" ont disputé trois finales, et atteint à quatre reprises le podium, ce qui reste une superbe performance. Les 5000 spectateurs d'Orchies ne s'y sont d'ailleurs pas trompés en scandant après la défaite contre l'Espagne des "Allez les Bleues" après la rencontre.

Une page va bien se tourner avec les départs d'Emmeline Ndongue et Edwige Lawson-Wade, mais l'héritage des Braqueuses est bien présent. La relève est de qualité, avec notamment Diandra Tchatchouang et Valériane Ayayi, et cette désillusion devrait rendre ces filles encore plus solides pour les prochains rendez-vous, à commencer par le prochain Mondial l'année prochaine en Turquie. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.