Euro de basket 2023 : "Ce serait une grosse erreur de penser qu'on est là pour préparer Paris 2024", avertit l'ancienne meneuse Yannick Souvré
L'équipe de France féminine de basket débute son Euro, jeudi 15 juin, avec une confrontation face à l'Allemagne, avant d'enchaîner avec la Grande-Bretagne puis la Slovénie, co-pays hôte. En ligne de mire : un troisième sacre continental après ceux de 2001 et 2009. D'autant que les Bleues restent sur cinq finales de rang perdues.
Pour franceinfo: sport, l'ancienne internationale tricolore (1985-2002), Yannick Souvré, désormais directrice de la Ligue féminine de basket, répond aux principales interrogations qui entourent l'équipe de Jean-Aimé Toupane à un an des Jeux olympiques de Paris 2024.
franceinfo: sport : Après cinq médailles d'argent d'affilée, un tout autre résultat que la victoire serait-il un échec pour les Bleues à un an du tournoi olympique ?
Yannick Souvré : D'abord, il ne faut pas faire la fine bouche. C'est évidemment frustrant d'avoir fini deuxièmes cinq fois de suite. Mais deuxième, ça veut dire qu'il y a beaucoup plus d'équipes derrière toi que devant. On fait partie des toutes meilleures nations européennes voire mondiales, c'est vrai. Mais l'argent ne serait pas un mauvais résultat. Il ne faut pas cracher dans la soupe. Il y a d'autres pays qui travaillent bien mais qui restent malgré tout derrière nous. Moi, je suis d'une autre génération et quand j'ai débuté en équipe de France, on avait terminé huitièmes sur huit équipes [à l'Eurobasket 1989].
Ensuite, la grosse erreur serait de penser au tournoi olympique avant de penser à l'Eurobasket. Chaque chose en son temps, une année c'est très long. On n'est pas là pour préparer Paris 2024, on est là pour jouer et gagner l'Eurobasket. L'entraîneur Jean-Aimé Toupane et la Fédération pensent d'abord à cela. C'est bien d'avoir des perspectives, d'amener des jeunes joueuses à maturité pour les échéances futures. Mais je pense que ce serait une grosse erreur de parler des Jeux alors que demain, c'est l'Euro.
Justement, Jean-Aimé Toupane a décidé de s'appuyer sur un groupe jeune pour combler les absences de l'arrière Marine Johannès, non-sélectionnée en raison d'un voyage aux Etats-Unis pour s'engager avec sa nouvelle franchise durant la préparation, et de l'ailière Gabby Williams, victime d'une commotion cérébrale. Est-ce préjudiciable pour les Bleues ?
Gabby Williams a un impact physique très important à son poste. C'est une joueuse de classe mondiale qui apporte de l'assurance et qui a un impact immédiat sur le jeu de par son rôle défensif. Marine Johannès, c'est un électron libre assez hors normes même si elle manque de régularité. Par rapport à elle, un choix a été fait et je n'ai pas à le commenter. Pour leur expérience, c'est dommage de ne pas les avoir mais il faut regarder vers l'avant sinon vous envoyez le mauvais message aux autres joueuses. Il y a un nouvel élan dans cette équipe. Certes, Marine Fauthoux est toujours là, mais Romane Bernies prend de l'ampleur en tant que meneuse et la jeune Leïla Lacan est là pour apprendre. Intégrer ces jeunes, c'est la principale difficulté car il faut arriver à insuffler une nouvelle dynamique en attaque avec des paniers en première intention et une agressivité offensive, ce qui n'est pas dans l'ADN de l'équipe.
Mais pour l'instant, Jean-Aimé Toupane a fait beaucoup tourner. Cela permet aux filles plus âgées, comme Sandrine Gruda ou Valériane Vukosavljevic, de se dire qu'elles n'ont pas tout à assumer. L'insouciance des jeunes permet d'amener ce surplus d'énergie positive. Cela s'est vu sur les matchs amicaux [cinq victoires en cinq rencontres, y compris contre la Chine vice-championne du monde et contre la Serbie, championne d'Europe en titre]. Ce qui me rassure aussi, c'est la débauche d'énergie en défense. C'est un matelas sur lequel il faut s'appuyer pour gagner. Toupane était un très grand défenseur et il coache son équipe comme il jouait. Bien sûr, il faut mettre des paniers mais quand vous asphyxiez l'adversaire, comme par hasard, il n'en met pas trop non plus.
La France reste-t-elle une des grandes favorites de cette compétition ?
Oui, LA favorite même ! On a une énorme chance, c'est de ne pas avoir à se préoccuper de la qualification olympique puisqu'on est qualifiées d'office. Il y a une pression beaucoup moins importante. Les Bleues vont jouer beaucoup plus libérées que l'Espagne, la Serbie ou la Belgique. Je pense que pour ces nations, la qualification aux Jeux reste la priorité.
En poule, il ne faut pas penser que c'est gagné car il y a toujours des surprises et on ne sait pas comment va réagir la Slovénie à domicile mais il faut assumer notre statut [2e pays européen au classement mondial]. Sur la compétition en général, la France est favorite. Derrière, on sait qu'il y a l'Espagne, la Belgique et peut-être la Serbie, même si on les a dominées en match amical. Puis une surprise qui peut être l'Italie ou la Hongrie. Même si un quart de finale est toujours un traquenard, on peut imaginer qu'on devrait avancer sereinement jusqu'au dernier carré.
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