Cet article date de plus de deux ans.

Eurobasket 2022 : plus qu'une défense, les Bleus ont retrouvé leur identité

Qualifiée en demi-finale grâce à deux victoires renversantes consécutives, l'équipe de France est revenue cette fois à son ADN défensif pour anesthésier la Pologne vendredi.

Article rédigé par franceinfo: sport, Loris Belin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Rudy Gobert peut avoir le sourire, durant la victoire de l'équipe de France en demi-finale de l'Eurobasket contre la Pologne, le 16 septembre 2022 à Berlin (FILIP SINGER / MaxPPP)

Les Bleus ont évité de revivre le même cauchemar du troisième quart-temps. Les victoires contre la Turquie et l'Italie avaient peut-être montré les ressources mentales de l'équipe de France de basket – et les capacités cardiaques de ses supporters – mais n'avaient pas données les meilleures garanties en défense. Celles qui ont fait l'identité de la sélection de Vincent Collet durant la décennie 2010. Contre la Pologne, vendredi 16 septembre, en demi-finales de l'Eurobasket, Rudy Gobert et ses coéquipiers ont rappelé que la principale force tricolore reste sa capacité à éteindre et faire douter son adversaire.

Les Polonais, si flamboyants pour sortir le tenant du titre slovène au tour précédent, en sont devenus méconnaissables. La France a livré une démonstration, notamment en première période, faisant dérailler la surprise de ce dernier carré. La fatigue de l'exploit des quarts de finale – et un effectif moins garni en talent individuel – ont peut-être aidé la cause tricolore. Mais c'est avant tout la pression étouffante mise d'emblée par le vice-champion olympique qui a pavé la voie vers la finale.

18 points pour la Pologne à la mi-temps

"Il y a eu de vrais efforts défensifs de l'équipe de France, notait Jacques Monclar, consultant pour la chaîne BeIN Sports et ancien international, invité sur franceinfo. Les Polonais ont rendu les armes, ils avaient déjà usé beaucoup d'énergie contre la Slovénie en quarts de finale et on a réussi à plier les intentions de leurs meilleurs joueurs dès le départ."

Neuf points encaissés dans le premier quart-temps, autant dans le deuxième : à la pause, les Bleus avaient concédé moins d'un point par minute, une rareté à ce niveau. Il fallait remonter à 1946 pour retrouver la dernière trace d'une équipe contenue à moins de 20 points marqués à la mi-temps d'une demi-finale de championnat d'Europe. Le contraste est d'autant plus saisissant que 48 heures plus tôt, la Pologne pointait à 58 unités marquées lors des vingt premières minutes contre la Slovénie !

La recette est pourtant simple sur le papier. Une première lame formée d'Andrew Albicy pour harceler le meneur de jeu adverse, et la révélation Terry Tarpey pour refroidir le leader polonais Mateusz Ponitka. Enfin les murailles Rudy Gobert puis Moustapha Fall (trois contres chacun) pour assurer les arrières près du cercle, et auteurs de plusieurs contres exceptionnels pour définitivement passer l'envie de s'approcher du panier français. Le tout assaisonné d'une intensité de tous les instants par chacun des cinq Bleus à se relayer sur le parquet. "Tous les joueurs qui sont entrés, sans exception, se sont mis les fesses par terre" s'est félicité le sélectionneur Vincent Collet en conférence de presse.

"On leur a mis beaucoup de pression, on leur a sauté à la gorge en étant très agressifs, analysait Evan Fournier. On ne voulait pas leur laisser de confiance et les écraser." Opération réussie avec seulement 23% au tir pour la Pologne au repos, tout juste sauvée par les trois paniers à trois-points d'A.J. Slaughter.

La meilleure attaque, c'est la défense

Avec une arrière-garde aussi harassante, la France s'est rendue la tâche bien plus facile que lors des deux matchs précédents. Si les troisièmes quart-temps avaient vu la Turquie et l'Italie déferler sur les Tricolores, l'envie en défense avait déjà commencé à s'étioler dès le deuxième acte. Ce qu'ils n'ont pas autorisé vendredi. "Quand on est en place comme ça défensivement, on sait où on va, même si on a eu du mal à mettre en place notre attaque en début de match, s'est réjoui, perfectionniste, Andrew Albicy au micro de Canal+. Après on a déroulé, mais ça part de la défense." Cette défense, justement, a une autre vertu, offensive celle-là. "À chaque fois qu'on arrive à piquer des ballons, à les faire déjouer, on peut courir et avoir des paniers faciles qui nous mettent en confiance", assure le meneur.

La France, parfois si poussive balle en main dans cette compétition, a terminé la rencontre à 62,1% au tir, et surtout 15/26 de loin, un record dans l'histoire de la sélection à l'Euro. Contre l'Espagne, également très solide défensivement, ce sera sans doute une autre affaire. Mais ce match référence sur les qualités fondamentales de cette équipe pouvait difficilement tomber à un meilleur moment.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.