Eurobasket 2022 : Rudy Gobert montre enfin les muscles

Nikola Jokic, Giannis Antetokounmpo, Luka Doncic... Ne cherchez plus, le dernier all-star NBA encore en lice dans cet Eurobasket est Français : il se nomme Rudy Gobert. Et la présence des Bleus en demi-finales de la compétition, où ils affronteront la Pologne, vendredi 16 septembre (17h15), doit autant au miracle qu'au pivot des Minnesota Timberwolves.

Contre la Turquie (87-86 après prolongation), en huitièmes de finale, Rudy Gobert a écrasé une claquette-dunk opportune après un tir raté d'Evan Fournier pour envoyer l'équipe de France en prolongation. Dans les cinq minutes supplémentaires, le natif de Saint-Quentin (Aisne) a porté les Bleus sur le dos grâce à cinq points et cinq rebonds sur cette seule période. Au total, il a cumulé 20 points et 17 rebonds (nouveau record de la sélection tricolore) pour qualifier les siens.

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— #EuroBasket 2022 (@EuroBasket) September 10, 2022

"Aussi bizarre que ça puisse paraître, je ne suis pas vraiment content de mon match, j'ai 20 points mais je trouve que j'aurais pu en mettre 30, j'ai laissé trop de lancers francs (6/11 réussi), assurait-il juste après la rencontre. Je suis content qu'on ait gagné, plus que tout. Mais du point de vue de ma performance individuelle, je peux faire beaucoup mieux."

"C'est un diesel"

Jamais rassasié, le fils de l'ex-international français Rudy Bourgarel (19 sélections à la fin des années 80) a joint la parole aux actes en quarts de finale. Face à l'Italie (93-85 après prolongation), il a usé par son travail de sape la défense transalpine, démunie en taille face à ses 2,15 m. En prolongation, sa relation avec Thomas Heurtel a été précieuse avant d'écraser dans le cercle un tir manqué de Guerschon Yabusele pour sceller la victoire tricolore. Un point d'exclamation sur une nouvelle performance majuscule (19 points à 8/11 et 14 rebonds et un différentiel de +20 quand il était sur le parquet). "Rudy c'est comme ça : il monte de match en match", prévenait le sélectionneur Vincent Collet après le huitième de finale.

"La Gob, c'est un diesel, souriait pour sa part le capitaine Evan Fournier après la victoire contre la Lituanie (77-73), le 3 septembre. Il prend toujours du temps pour entrer dans une compétition. Ses premiers matchs sont toujours un échauffement pour lui malheureusement." À l'image de l'équipe de France, Rudy Gobert est en effet entré timidement dans ce championnat d'Europe.

Dans la foulée du match de qualification à la Coupe du monde, où il avait été dominé par Jusuf Nurkic et la Bosnie-Herzégovine (96-90 après deux prolongations), Rudy Gobert s'est montré impuissant offensivement sur les premières rencontres de l'Eurobasket. Sa maladresse et ses nombreuses pertes de balle (trois par match en moyenne depuis le début de l'Euro) ont cristallisé les commentaires. "Ce sont des choses qui arrivent mais nos deux leaders étaient en dessous de ce qu'on attend d'eux. C'est un handicap", l'avait d'ailleurs tancé Vincent Collet après la défaite initiale contre l'Allemagne (76-63).

Souvent la cible des critiques

Comme souvent le concernant, les critiques se sont rapidement abattues sur Rudy Gobert, qui ne laisse personne indifférent des deux côtés de l'Atlantique. Le triple meilleur défenseur NBA (2018, 2019 et 2021) assure ne pas s'en soucier : "Mon but est juste de gagner, les critiques sont là et le seront toujours", clamait-il après la victoire face aux Turcs, soutenu fermement par son coéquipier Timothé Luwawu-Cabarrot. "Je suis fier de Rudy. Il y a énormément de pression mise sur lui. Son match nous rend tous fiers. Que tout le monde la ferme, ceux qui parlent, disent qu'il ne mérite pas. Aujourd'hui, il a montré qui était Rudy Gobert."

Au fur et à mesure que la compétition avance, l'ancien pivot du Utah Jazz monte en puissance. Meilleur rebondeur de l'Eurobasket parmi les équipes ayant passé la phase de poules (10,9 prises par match), Rudy Gobert a clairement haussé le ton dans les matchs couperets. Sur les deux dernières rencontres, il tourne à 19,5 points et 15,5 rebonds de moyenne contre 12,8 points et neuf prises en moyenne lors du premier tour.

Fournier en manque d'adresse, Gobert assume ses responsabilités

Son rôle majeur est d'autant plus prépondérant qu'Evan Fournier, l'autre leader de l'équipe, est en manque d'inspiration (15 points à 38% au tir). Du capitaine et vice-capitaine, on ne pensait pas le second être le plus à même d'endosser les responsabilités libérées par les absences de Nando De Colo et Nicolas Batum.

"Gobzilla", son surnom, est de nouveau attendu au tournant face à la surprenante équipe polonaise. Par son expérience, le nouveau trentenaire (depuis le 26 juin) devra mettre au pas le jeune et talentueux Aleksander Balcerowski (21 ans, 2,15 m). "La première place ou rien", objectif affiché par Rudy Gobert avant la compétition, se rapproche inexorablement.