Eurobasket 2022 : sans Batum ni De Colo, l’adaptation forcée de l’équipe de France
En l'absence de Nicolas Batum et de Nando De Colo, les Bleus entament, jeudi en Allemagne, l'Eurobasket avec des interrogations sur leur jeu et le leadership qu'Evan Fournier et Rudy Gobert doivent assumer.
L’équipe de France masculine de basket est arrivée à Cologne, dimanche, où elle débute son Eurobasket contre le pays hôte, jeudi 1er septembre (20h30). Dans le groupe des douze joueurs sélectionnés, deux hommes manquent à l’appel : Nicolas Batum et Nando De Colo, une première depuis 2008.
Les deux tauliers, la trentaine passée (35 ans pour De Colo, 33 pour Batum), ont décidé de faire l’impasse pour se préserver en vue de l’enchaînement Coupe du monde 2023 et Jeux olympiques 2024. Un choix annoncé dès mars pour le premier, en avril pour le second, afin de ne pas prendre de court le sélectionneur Vincent Collet. Vice-champions olympiques à Tokyo en 2021, champions d’Europe en 2013, 340 sélections cumulées et une expérience inégalable des compétitions internationales, les deux compères laissent un vide. "C’est forcément un gros manque pour l’équipe de France, pose d’entrée Christophe Denis, ancien coach de Paris-Levallois. Ce n’est pas une bonne nouvelle."
De nouvelles responsabilités pour Fournier et Gobert
Dans un premier temps, le vestiaire doit se trouver de nouveaux leaders en l’absence de Nicolas Batum, capitaine depuis 2018. Les regards se tournent alors automatiquement vers Evan Fournier et Rudy Gobert, désignés respectivement capitaine et vice-capitaine en début de préparation. Des rôles logiques eu égard à leur "statut", selon l’ancien international français Jacques Monclar, mais sont-ils prêts à l’assumer ? "Mentalement oui, après il faut du temps, poursuit celui qui est consultant pour BeIN Sports. Nando (De Colo) et Nico (Batum) ne se sont pas installés comme leaders tout de suite."
"C’est un titre qui me plaît, mais ça ne change pas grand chose, soulignait Evan Fournier après son premier match en tant que capitaine, le 7 août, contre les Pays-Bas (victoire 89-65 en match amical). Le rôle de leader, je l’ai depuis la Coupe du monde 2019. J’ai toujours eu des responsabilités."
Mais celles-ci se sont logiquement multipliées en l’absence des deux anciens tauliers, en particulier sur le parquet. "Sans Nico (Batum) et Nando (De Colo), nous devrons repenser l’équipe dans sa façon de jouer. A nous d’inventer ce nouveau chemin, de réécrire notre histoire", prévenait le sélectionneur Vincent Collet, au début de la préparation.
Un manque à combler dans le jeu offensif
"Ce sont deux joueurs fondamentaux dans la création, analyse Jacques Monclar. Batum est un facilitateur de jeu pour ses partenaires." Christophe Denis abonde : "La performance d’Evan (Fournier) a été conditionnée à Tokyo par Nando De Colo. Il se retrouvait dans un rôle d’arrière-meneur gestionnaire qui a permis de mettre Evan (Fournier) sur orbite."
Ainsi, pour cet Euro, la mission du joueur des Knicks apparaît bien plus difficile que pendant les JO, où il pouvait conclure dans un fauteuil les actions initiées par Nando De Colo (6,2 passes décisives de moyenne). "Les shoots pris par Evan (Fournier) sont beaucoup plus difficiles quand il n'a pas Nando (De Colo) ou Nicolas (Batum) à ses côtés, car il est ciblé et a beaucoup moins d’espaces", décrypte Christophe Denis.
Une analyse corroborée par les chiffres. Durant la préparation à l’Eurobasket et les deux matchs de qualifications à la Coupe du monde 2023, le natif du Val-de-Marne n'a marqué que 12 points en six rencontres avec une réussite au tir de seulement 37%, alors qu’il tournait à 18,7 points de moyenne et 45% de réussite aux JO.
De son côté, Rudy Gobert perd avec Nando De Colo son plus gros pourvoyeur de ballons pendant les Jeux olympiques : 13 de ses 37 caviars à destination du nouveau pivot des Minnesota Timberwolves.
Une hiérarchie qui tarde à se définir
Mais Evan Fournier et Rudy Gobert ne sont pas les seuls à endosser de nouvelles responsabilités. Timothé Luwawu-Cabarrot et Elie Okobo ont vu leur importance grandir au sein de l’effectif, mais n’ont pas encore comblé le vide laissé par les absents. "Si l'équipe de France a performé aux Jeux, c’est parce que la hiérarchie des joueurs et le style de jeu étaient connus et admis par tout le monde, rappelle Christophe Denis. Aujourd’hui, elle se cherche encore : beaucoup trop de joueurs ne sont pas installés."
Les Bleus n’ont pas plus été aidés par les nombreuses blessures qui ont émaillé le mois de préparation (Andrew Albicy, Moustapha Fall, Frank Ntilikina et Victor Wenbanyama). "Les rôles ont été rebattus, ce qui explique que l’équipe est, pour l’instant, inconstante", prolonge Jacques Monclar. Même si Andrew Albicy et Moustapha Fall ont pu réintégrer le groupe, ils n'ont quasiment pas joué en préparation.
Le bilan comptable de la préparation est positif avec cinq victoires et une seule défaite (contre la Bosnie, après deux prolongations, 90-96), mais jamais la France n’a montré une maîtrise totale des événements. "Aujourd’hui, nous ne sommes pas au niveau suffisant pour battre les meilleurs en Europe", tonnait Vincent Collet fin août. Les absences conjuguées de Nando De Colo et Nicolas Batum n’y sont évidemment pas étrangères. Il faudra pourtant faire avec, ou plutôt sans, pour viser loin dans la compétition.
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