EuroBasket : Dans un mois, le match d’une génération
Fin juin, au moment de présenter la liste des seize joueurs convoqués pour la préparation à l’Eurobasket 2015, organisé en France, Vincent Collet se disait dans un état de fraîcheur mentale "catastrophique". Il venait de terminer une longue saison à la tête de la SIG, sortait à peine de finales de Pro A perdues face à Limoges mais n’avait d’autre choix, moins d’une semaine après la fin du Championnat, que de se projeter sur le Championnat d’Europe avec les Bleus. Et déjà, dans son esprit encore engourdi, une seule obsession. La préparation ? La composition du groupe de douze ? La phase de poules ? Non : le huitième de finale du tournoi, que les Bleus joueront le 12 ou 13 septembre prochain. Au fil des conférences de presse, le technicien strasbourgeois varie les appellations. "Un match mortel" ; "un sommet" ; potentiellement, "la fin d’une génération".
Explications. Jusqu’en 2013, la première phase de poules laissait place à une seconde phase qui envoyait huit équipes en quarts de finale. Ainsi, même les sélections défaites lors du premier match à élimination directe (comme les Bleus en 2009) conservaient leurs chances de qualification pour la Coupe du monde – ou, en 2011, pour le Tournoi de qualification olympique. Cette année, changement de formule. Pour alléger la compétition, la seconde phase de poules a été remplacée par un huitième de finale. Résultat : moins de matches, mais plus de risques puisque les équipes éliminées en 8e pourront par la même occasion dire adieu aux Jeux de Rio. "Avant, le quart était le premier match couperet. Et il restait une possibilité de rattrapage. Maintenant, après le huitième, sois tu continues, sois tu rentres à la maison", résume Collet.
"Terrible en termes de pression"
Le sélectionneur tricolore est d’autant plus inquiet que les Bleus, quoi qu’il arrive durant la première phase, rencontreront forcément un gros poisson en huitième de finale. En effet, ils croiseront à ce stade de la compétition avec "le groupe de la mort", le groupe B où figurent l’Espagne, la Serbie, la Turquie, l’Allemagne et l’Italie. "Il faut être conscient que ce match sera terrible en termes de pression. On ne peut pas imaginer pire", soupire Collet, conscient qu’il s’agira, en plus, du premier match des Bleus dans le stade Pierre Mauroy, à Lille, en configuration basket. Devant 27.000 personnes. "Si on arrive à remplir le stade, on battra le record d’affluence pour un match de basket joué en Europe", rappelle le président la FFBB Jean-Pierre Siutat.
"Si on est capable de franchir ce tour, une autre compétition commencera, poursuit Collet. Jusqu’ici, on était dans la position du chassé. C’est l’inverse aujourd’hui. Cela demande un état d’esprit tout à fait différent : il faudra qu’on ait beaucoup d’humilité et de détermination". Pour insuffler ce caractère, les Bleus pourront se reposer sur les piliers du groupe : Tony Parker (33 ans), Boris Diaw (33 ans) et Florent Piétrus (34 ans), qui en cas de défaite en huitième de finale de l’Euro, pourraient prendre leur retraite internationale. C’est une quasi-certitude pour "TP", qui a toujours vouloir annoncé terminer sa carrière avec les Bleus sur les Jeux olympique 2016. "Techniquement, oui, ça peut être mon dernier match en équipe de France, a récemment confirmé le meneur des Spurs dans son émission sur RMC. Ça sera le moment de passer la main. Il faut s’avoir s’arrêter et laisser la place aux jeunes".
"J'irai me réfugier au Pôle sud"
Pour "réussir là où les autres ont échoué pendant les 20 dernières années", malgré "l’euphorie et l’effervescence qu’il y aura autour du groupe", Collet appelle à être prêt dès les phases de poules. Le groupe A est largement à la portée des Bleus : la Russie et, dans une moindre mesure, la Finlande et la Pologne, seront leurs adversaires les plus coriaces. D’où le choix d’une préparation longue et dense, qui se poursuivra ce soir à Belgrade, face à la Serbie (20h30). "C’est important de se mettre en danger, justifie le sélectionneur. Il ne faut pas que le premier match difficile soit le huitième de finale, il faut qu’on connaisse des difficultés avant cela". Sous peine d’une grosse désillusion. "Si on perd ce match, Ruddy Nelhomme (son assistant) a dit qu’il partirait en Laponie. Moi, j’irai me réfugier au Pôle sud. On se cachera". Vincent Collet, ironique ? Ce n’est pas son genre.
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