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EuroBasket : Espagne-Lituanie, la revanche ou l’exploit

Affiche alléchante d’une finale inattendue, l’Espagne et la Lituanie, les deux nations les plus régulières du basket européen dans les années 2000, clôtureront ce dimanche (19h00) l’EuroBasket 2015. Qui succédera à l’équipe de France au palmarès?
Article rédigé par franceinfo
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Valanciunas contre Gasol, le duel-clé de cette finale

L’Espagne

… parce que Pau Gasol. Même si la Roja s’incline ce dimanche, on voit difficilement comment le pivot pourrait passer à côté du trophée de MVP. A 35 ans, Gasol a survolé le tournoi, dont il est le meilleur marqueur (25,6 points) avec une avance colossale puisqu’aucun joueur ayant participé aux phases finales n’affiche plus de 20 points de moyenne. Il est aussi le meilleur contreur (2,3), le quatrième rebondeur (8,3) et possède la cinquième adresse (58,6%) du tournoi. Sa performance en demi-finale face aux Bleus (40 points, 11 rebonds) restera comme l’un des plus beaux récitals de l’histoire de l’Euro. "On ne peut pas arrêter complètement ce type de joueur", avait ainsi déclaré Vincent Collet, architecte de la meilleure défense du Vieux Continent.

… parce que la Roja a l’avantage de l’expérience. A force de parler des absents (M. Gasol, Ibaka, Navarro, Rubio, Abrines, Calderon), on a sans doute négligé ce groupe espagnol, incomplet mais rempli de joueurs qui ont de la bouteille (28 ans en moyenne) De l’équipe qui avait concassé la Serbie en finale de l’Euro 2009, six sont toujours présents dans le groupe qui se prépare à ramener l’or ce dimanche (P. Gasol, Fernandez, Reyes, Claver, San Emeterio, Llull). C’était déjà sous les ordres de Sergio Scariolo.

… parce qu’elle est revancharde. L’Espagne a longtemps été un "loser magnifique" : défaite en finale des éditions 1999 (contre l’Italie), 2003 (contre la Lituanie) et 2007 (contre la Russie), elle a aussi manqué ses deux finales olympiques en 2008 et en 2012 (contre les Etats-Unis, deux fois). Ce n’est plus le cas. La Roja a survolé ses deux dernières finales continentales (la Serbie en 2009 et la France en 2011), et le fait de n’avoir pu se hisser sur la dernière marche ces deux dernières années n’a fait qu’attiser leur motivation. "Si Pau (Gasol) a fait le déplacement, c’est qu’il y a encore dans sa tête le quart de finale du Mondial 2014 où son rêve s’est effondré", estime Collet. En d’autres termes : l’Espagne n’a plus qu’un pas à faire pour laver l'affront et remonter le toit de l’Europe - et elle ne va pas s’arrêter en si bon chemin. 

La Lituanie

… parce que Jonas Valanciunas. Douze ans de moins que Pau Gasol, mais un physique de golgoth, des mains en or et un leadership étonnant : Jonas Valanciunas est prêt à livrer un duel épique face à son acolyte espagnol ce dimanche. La nouvelle star du basket lituanien a connu un petit passage à vide en milieu de tournoi, mais il a retrouvé son niveau espéré à Lille, comme l’attestent ses deux dernières performances (26 points et 15 rebonds contre l’Italie, 15 points, 4 contres et une défense de fer contre la Serbie). Cinquième marqueur, cinquième rebondeur et quatrième contreur de l’Euro, il est appelé à dominer les raquettes européennes ces dix prochaines années. Un sacre, pour son premier tournoi en tant que leader de la sélection balte, pourrait le propulser dans une nouvelle dimension un peu plus tôt que prévu. 

… parce qu’elle aura l’avantage du terrain. N’importe quelle équipe opposée à l’Espagne aurait bénéficié du soutien des quasi 27000 supporters du stade Pierre-Mauroy. Mais les joueurs lituaniens se sentiront particulièrement à la maison ce dimanche, grâce au déplacement dans le Nord des très nombreux supporters vert, rouge et jaune. Leur présence rappelle qu’en Lituanie plus que dans n’importe quel autre pays européen, le basket est roi. L’impressionnant kop massé en bas de la tribune nord a enflammé les phases finales : aujourd’hui, les "Lie-tu-va" scandés à tout va pourraient être repris par une grande partie du public et transcender les troupes de Jonas Kazlauskas. 

… parce qu’elle est l’équipe la plus séduisante des phases finales. Pas franchement convaincante au premier tour (elle a tout de même perdu contre la Belgique), la Lituanie est transfigurée depuis qu’elle est arrivée à Lille. Privée de deux joueurs majeurs (Donatas Motiejunas et Linas Kleiza), elle est progressivement montée en puissance et a proposé un basket particulièrement séduisant dans le grand stade. Le groupe, qui sent bon le mélange des générations, propose un basket aussi plaisant et appliqué en attaque que solide en défense. Et il aime se faire peur, ce qui le rend plus attrayant encore : en huitième, en quart et en demie, le sort des Lituaniens s’est décidé dans les dernières minutes de jeu. Trois fois, ils ont tenu bon. Et ce n’est pas un hasard. "Avant l’Euro 2013, on disait qu’on était une bonne équipe sans grand joueur. Avant le Mondial 2014, on disait que notre calendrier était facile. Je me demande ce qu’on va dire aujourd’hui…", s’amuse coach Kazlauskas. Sous le radar pendant deux semaines, les Baltes sont prêts à soigner la conclusion. Ça tombe bien : le money time, c’est leur truc.

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