EuroBasket : France-Espagne, comme on se retrouve…
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Gérer la charge émotionnelle
Si l’affrontement face à la Lettonie contraignait surtout à ne pas faire preuve de suffisance face à un adversaire atypique et inconnu, celui contre l’Espagne obligera les Français, qui connaissent leurs rivaux par cœur, à ne pas en faire trop. Le grand stade de Lille sera probablement plein et plus bruyant que jamais face à l’ennemi rouge et or. "Attention à la charge émotionnelle, met en garde Vincent Collet. Quand je dis qu’il faudra qu’on leur rentre dedans, c’est une image : en plus de l’agressivité, on aura besoin d’intelligence et de lucidité. C’est cette dualité qui nous permettra de battre l’Espagne". Il est vrai que la rivalité entre les deux sélections a souvent été marquée ces dernières années par des accrochages, quelques fautes vicieuses et pas mal de coups bas. "Tous les moyens seront bons pour faire tomber l’autre, prévient toutefois Nicolas Batum. Dans le respect et dans les règles, mais quand même".
"Craindre l’adversaire"
"On serait bien inspiré de craindre l’Espagne : on n’est jamais aussi bons que quand on craint l’adversaire", assurait mercredi Vincent Collet, interrogé sur l’état d’esprit dans lequel les Bleus abordaient leur demi-finale. Le sélectionneur est conscient que la situation de l’an passé, en quart de finale de la Coupe du monde, est renversée. Cette fois-ci, ce sont les Français qui risquent l’élimination sur leur sol. Ce sont eux qui sont au complet, eux qui affrontent un groupe diminué par plusieurs absences. "Les Espagnols viennent ici pour nous battre : ils n’ont pas peur de nous", assure Tony Parker. L’inverse n’est donc pas forcément vrai. Nicolas Batum n’a pas oublié "la tête qu’ils faisaient (après la défaite en 2014), les médias le lendemain". "Notre force, c’est de partir méfiants, soutenait Florent Piétrus. Le fait d’avoir peur de cette équipe nous poussera à se donner à fond".
Empêcher l’Espagne d’imposer son rythme
Alors qu’elle affrontait la Grèce dans l’habit de l’outsider, mardi, l’Espagne a fait preuve d’une belle maîtrise pour passer le cap des quarts de finale. Tony Parker a jugé le match de Roja "énorme". Vincent Collet développe : "Elle a complètement contrôlé le tempo du match. C’est la preuve que l’Espagne maîtrise son basket et qu’elle a encore beaucoup de talent autour de Pau Gasol". Pour casser ce rythme, une seule solution : remporter le combat physique. "On l’a remporté l’an passé, on devra être capable de faire la même chose, poursuit Collet. Il va falloir défendre chaque mètre carré du terrain, ne leur laisser aucune liberté. Les problèmes qu’ils posent sont uniques en Europe, leur maîtrise est supérieure à toutes les autres équipes". A sa manière, Florent Piétrus conforte les propos de son coach : "ça sera le moment de défendre comme des chiens pendant 40 minutes".
Fatiguer Pau Gasol
Meilleur marqueur de l’Euro (23,6 points de moyenne) – et de loin – à l’entame des demi-finales, Pau Gasol est, de l’avis de Vincent Collet, "le meilleur joueur du tournoi". "On ne peut pas arrêter complètement ce type de joueur, admet-il. Là, ça fait déjà trois heures (vendredi midi, ndlr) qu’on essaye de réfléchir comment limiter son rendement. Mais on ne peut pas arrêter complètement ce type de joueur". Pour limiter l’impact offensif du géant espagnol, capable évidemment de dominer sous le cercle, mais aussi dans le périmètre (6/7 à trois points contre la Pologne !), c’est à cinq que les Bleus vont devoir défendre. "Il est en train de jouer son meilleur basket, et Rudy (Gobert) ne pourra pas tout faire seul, atteste Florent Piétrus. Il faudra le relayer, Joffrey (Lauvergne) et moi. De toute façon, pour le fatiguer, ça va être un travail d’équipe". Les Bleus vont aussi tenter de l’obliger à s’exposer. "La défense espagnole a peu évolué ces dernières années : elle protège ses tours avec des abeilles qui font un travail considérable autour, complète Collet. On devra être capable d’amener Gasol à défendre un peu. Les Grecs ont eu du mal dans ce domaine. Nos joueurs devront réussir à le bouger (…) S’il est revenu en sélection cet été, c’est pour une raison : nous battre".
Surveiller les seconds couteaux
L’une des craintes de Vincent Collet est qu’en concentrant ses efforts sur Pau Gasol, l’équipe de France néglige la gestion défensive des "abeilles", les équipiers qui travaillent autour de la tour de contrôle espagnole. Car s’il est commode de penser aux nombreux absents (Ricky Rubio, Juan Carlos Navarro, Jose Calderon, Alex Abrines, Serge Ibaka, Marc Gasol), cette Espagne ne manque pas d’atouts dans son jeu. "Elle a peut-être moins de rotations que par le passé, mais ce n’est pas évident", consent le sélectionneur tricolore. Ce dernier cite en exemple Pau Ribas (7,0 points), qui pour son premier tournoi majeur en sélection espagnole, "a pris une vraie place". C’est encore plus vrai pour Nikola Mirotic (14,1 points à 59% de réussite), le joueur d’origine monténégrine qui, après avoir battu tous les records avec les juniors, "est de plus en plus important" dans le groupe de Scariolo pour ses capacités à étirer le jeu espagnol. Les deux Sergio, Rodriguez (10,0 points) et Lull (9,4 points), forment une ligne arrière redoutable. Gare aussi à Rudy Fernandez, en délicatesse depuis le début du tournoi (5,3 points à 29%), mais dont l’une des principales qualités est de se sublimer dans les matches-couperets. Les Bleus en savent quelque chose.
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