La France sur le toit de l'Europe
Historique ! Après un Euro pour le moins difficile, l’équipe de France s’est installée sur le toit de l’Europe. Là-haut, tout là-haut, elle tutoie les étoiles de Ljubana après une finale où chaque joueur aura joué sa partition à merveille. Qu’ils sont loin les échecs passés. Oubliée la demi-finale cruelle face à la Grèce en 2005, oubliées les défaites à répétition face à l’Espagne, ce dimanche soir la France est la meilleure équipe d’Europe et ce fait ne souffre d’aucune contestation tant la bande à Parker a marché sur une équipe de Lituanie qui l’avait pourtant laminée en match de poules.
Kleiza allume la première mèche
L’entame de match pose d’emblée le décor. A l’instar de ce qu’il avait fait face à la Slovénie, Vincent Collet fait défendre Nicolas Batum sur Kalnietis, le meneur adverse. En attaque, les Français sont bons mais imprécis et perdent trois ballons en cinq minutes. Le premier quart est un mano-à-mano d’une rare intensité et Linas Kleiza, en feu, donne l’avantage à son équipe (18-17, 9’). D’abord de loin, puis à mi-distance et encore de loin, le futur joueur de Fenerbahce fait des misères à Boris Diaw, coupable de trop venir aider à l’intérieur. Heureusement pour les Bleus, ils ont aussi un ailier extraordinaire, le meilleur d’Europe quand il joue comme ce soir. Déjà excellent en premier quart-temps, Nicolas Batum se démène en l’absence de Tony Parker et termine la première période avec un hallucinant 17 points ! Le lieutenant vient au soutien du général, un peu en difficulté avant la pause. Petro et Pietrus deviennent les héros improbables du deuxième quart-temps, le pivot français réussit trois shoots au poste dont il a le secret et le futur nancéien marque six points, déjà son meilleur score du tournoi.
Avec une défense de fer et un Batum inarrêtable de loin comme de près, les Bleus creusent l’écart pour mener de 7 points à 2min30 de la mi-temps mais le meilleur est à venir. Les pistoleros français sont de sortis et la France enchaîne un 21-3 pour clore la mi-temps et mener de 16 unités avant de rentrer aux vestiaires ! L’apothéose intervient avec un shoot d’Antoine Diot à 10m avec 9 dixièmes à jouer. Les Bleus sont euphoriques et la Lituanie a le moral en berne.
"Captain Babac" dominateur
Comme une rengaine connue, on met alors en garde les joueurs français contre une quelconque décompression après la pause. Il n’en est rien, si l’adresse laisse un peu à désirer, la défense fait toujours un excellent boulot et comme Kleiza commet sa troisième faute sur un shoot à trois points de Gelabale, la Lituanie perd sa meilleure arme offensive. Côté français, le héros du moment se nomme Boris Diaw. A trois points mais surtout en pénétration après de longs systèmes, « Captain Babac » fait étalage de son talent offensif. Comme un symbole de cette équipe au collectif et aux vertus retrouvées depuis le quart de finale face à la Slovénie. Oubliez les deux premières phases chaotiques, l’équipe de France marche sur cette finale pour mener de 22 points (64-42) en milieu de troisième quart. A dix minutes de la fin, la Lituanie est limitée à 50 points. La performance défensive des Bleus est exceptionnelle d’abnégation, d’intelligence, de justesse et de don de soi. Cette finale, la France la domine depuis le milieu du deuxième quart. Comme l’équipe qu’elle aurait du être sans l’ennemi espagnol depuis des années. A la fin de la troisième période et grâce à deux lancers de Petro, les joueurs de Vincent Collet mènent 68-50 et ont une nouvelle fois limité la Lituanie à moins de 20 points sur un quart-temps. Symbole de la mainmise des Français sur ce match, ils mènent 30 à 13 ( !) dans la bataille au rebond. Ajoutez à cela un joli 66% à deux points et un 100% parfait aux lancers et vous obtenez une équipe de France qui n’aura finalement pas tremblé avant les dix dernières minutes décisives.
Un investissement récompensé
Les Lituaniens tentent bien de revenir au score mais l’envie n’y est plus tant la domination française est totale. Quand les shoots ne rentrent pas, Alexis Ajinca ou Boris Diaw récupèrent la possession et les Bleus infligent des terribles séquences défensives à des Lituaniens qui retrouvent le podium européen six ans après leur médaille de bronze en 2007 en Espagne. Comme pour se rappeler aux bons souvenirs de tout le monde, Tony Parker achève le récital en inscrivant huit points en deuxième période. Le meneur des Spurs devient le premier français élu meilleur joueur d’un championnat d’Europe. Il succède au palmarès aux Navarro, Gasol, Kirilenko et aux plus anciens Kukoc et Petrovic. Dix ans après son titre européen acquis en junior à Zadar en Croatie, le duo Parker-Diaw triomphe enfin chez les grands. Le mélange entre deux générations, celle de Parker, Diaw, Pietrus et celle des Batum, Ajinca et Diot, championne d’Europe junior en 2006 aura marché à la perfection. A l’heure du bilan, Vincent Collet ne doit pas être oublié. Le sélectionneur national acquiert ses lettres de noblesse et entre au panthéon du basket français.
Ce sacre c'est aussi un retour sur investissement exceptionnel pour Boris Diaw et Tony Parker,présents chaque été ou presque pour porter avec fierté le maillot français. Cet amour du drapeau, les Diot, Batum et Ajinca semblent aussi l'avoir chevillé au corps. La relève est assurée. Ce soir, ce ne sont pas eux qui sont fiers de porter le maillot bleu, c'est la France qui est fière que ces hommes en or portent le maillot tricolore.
Réactions
Nando de Colo (meneur de l'équipe de France, au micro de Canal + Sport): "Et bien voilà, il est là le trophée, on a la médaille entre les mains, c'est magique. Tout le monde a été monstrueux ce soir, tout le monde a été présent, en 6 jours on trouvé un collectif, une équipe qu'on avait pas depuis le début, on a montré à beaucoup de monde qu'on était capable de faire quelque chose et avec le caractère que l'équipe a et bien on a réussi".
Nicolas Batum (ailier de l'équipe de France, au micro de Canal + Sport): "Enfin, c'est exceptionnel ce qu'on a su faire, on a eu des hauts et des bas durant toute la compétition, on a rien lâché, les gars ont été extraordinaires et voilà, on le mérite amplement ce trophée. Elle était à nous cette finale, on a trop galéré depuis 10 ans, on a cravaché pour être à ce stade de la compétition, elle était à nous, elle était à nous, on a tout fait pour l'avoir, on l'a eue et c'est tant mieux pour nous".
Tony Parker (meneur de l'équipe de France, au micro de France 2): "Toute l'équipe a bien joué, et voilà, c'est génial pour le basket français, pour tout les anciens, pour les filles du basket (NDLR: les Braqueuses de Céline Dumerc, en argent aux JO de Londres), pour ma famille, mes amis, tout ceux qui me soutiennent, c'est pour tout le monde cette victoire, pour toute la France, tout le sport. Merci pour tous les messages de soutien de tous les sportifs. C'est incroyable, on rentre dans l'histoire et le premier titre c'est toujours le plus beau. Ca n'a rien à voir avec mes titres NBA avec San Antonio, rien à voir, là c'est toute la nation, ce matin j'ai réçu tellement de messages de soutien, je n'avais pas envie de les décevoir, je suis tellement content pour tout le monde, ce titre il est pour tout le monde. Je pense qu'on ne réalise encore, j'ai encore la tête dans les étoiles, demain en France ça va être la fête, ça va être la fête demain. C'était le but, je suis trop content, c'est dur à expliquer, c'est génial, on est champions d'Europe, champions d'Europe. Le plus important c'est qu'on soit champions. J'ai essayé d'être le leader de l'équipe. J'ai essayé de montrer la voie, et la grosse victoire contre l'Espagne en demi-finale nous a donné beaucoup de confiance pour ce match là, toute l'équipe a participé ce soir, c'est la victoire de l'équipe et c'est ça qui est génial".
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