Tony Parker, une légende française
En dépit de ses exploits répétés outre-Atlantique, "T.P." n'était sans doute pas jusque-là reconnu à sa juste mesure en France. Il avait besoin de ce titre sous le maillot bleu pour devenir l'égal d'un Michel Platini ou d'un Zinédine Zidane, même si le basket n'a pas l'impact populaire du football. Ce sacre est la juste récompense de son engagement sans faille pour l'équipe de France. Depuis sa première sélection, en novembre 2000, à tout juste 18 ans, quelques mois après être devenu champion d'Europe juniors, il n'a cessé de mettre toute sa hargne, son envie de vaincre au service des Bleus. Il lui aurait pourtant été facile de s'en désintéresser après son départ en 2001 aux San Antonio Spurs. Là-bas, le meneur aux origines américaines par son père s'est hissé au pinacle de son sport, à la sueur de son front. Avec une poignée d'autres joueurs d'exception, l'Espagnol Pau Gasol, l'Allemand Dirk Nowitzki ou le Russe Andreï Kirilenko, il a mis un terme au traditionnel mépris des Américains pour les Européens, et a ouvert les portes de la NBA à bien d'autres Français.
TP et la France
Avec un père américain et une mère mannequin hollandais, c'est presque au hasard des contrats de son papa basketteur que Parker Junior s'est retrouvé avec un passeport français. Trois semaines après la naissance de "TP" à Bruges en Belgique, la famille Parker fait ses valises pour le Nord de la France. A la suite d'un essai avec le club de Denain, Parker Senior s'engage avec le club nordiste. Sa carrière le conduira dans plusieurs club français (Denain, Gravelines, Fécamp, Rouen) et à la naturalisation. "TP" devient français à 15 ans. Avant de s'épanouir aux USA, le meneur des Bleus a été la pépite du basket français. Formé sur les parquets de Normandie, c'est à l'Insep qu'il se révèle comme un futur génie. Pendant ses deux années avec les autres espoirs tricolores, il s'impose comme le cador de Nationale 1. Avant de s'exiler en NBA, Parker signe son premier contrat pro avec le PSG Racing puis PBR. L'équipe parisienne n'est pas en mesure de lui offrir un titre alors il se lance dans la draft NBA. Avec succès. Pur produit de la fédération française, TP n'a jamais oublié d'où il venait. La France au coeur, il a toujours montré son attachement au maillot bleu et a été de toutes les campagnes. C'est devenu une icône pour toute une génération même si certains français de NBA privilégient toujours leur contrat à un passage en sélection.
Une longue attente
Parker, c'est trois titres NBA avec les Spurs (2003, 2005 et 2007), cinq participations au All Star Game et une récompense de MVP (meilleur joueur) de la finale NBA 2007. A 31 ans, il est considéré par les Américains eux-mêmes comme l'un des deux ou trois meilleurs meneurs au monde. Il ne lui manquait donc plus que cette consécration internationale pour qu'il obtienne la pleine reconnaissance des Français. Car pour ses compatriotes, Parker est un personnage un peu insaisissable. La NBA est une contrée lointaine, réservée par ses horaires tardifs aux jeunes et aux aficionados. Comme pour son grand pote Boris Diaw, avec lequel il a partagé joies folles et souffrances aiguës sous le maillot tricolore, l'attente a été longue pour Parker. Avant de décrocher son Graal, il l'a vu plus souvent qu'à son tour lui filer sous le nez. Les défaites en demi-finale de l'Euro-2003 et 2005, et en finale de l'Euro-2011, le double échec, tragique, à se qualifier pour les JO d'Athènes (2004) et de Pékin (2008) : tout ceci avait à peine été contrebalancé par les médailles européennes en bronze de 2005 et en argent de 2011.
MVP de l'Euro
Après tant de désillusions et de contretemps, Parker aurait pu préférer partir pour de bon en vacances au soleil d'une île paradisiaque. Surtout après avoir prolongé en octobre 2010 de quatre ans le contrat le liant aux Spurs, pour 50 millions de dollars. Mais Parker n'a jamais renoncé devant les difficultés. Sa force motrice a toujours été là : se servir de l'adversité pour progresser et revenir, sans cesse plus fort. Comme lors de cet Euro, qui lui a permis d'obtenir son premier titre de MVP européen, amplement mérité au regard de sa carrière. Fatigué par une longue saison NBA, conclue sur une finale perdue d'un souffle, au septième match, face au Miami Heat de LeBron James, il s'est économisé lors des deux premiers tours. Une attitude mal interprétée, qui a suscité quelques doutes malvenus sur sa motivation. Mais Parker savait où il voulait aller, qu'il lui fallait être présent pour les matches qui comptent le plus. Et deux performances exceptionnelles en quart (27 points contre la Slovénie) et demi-finale (32 points contre l'Espagne), ses coéquipiers faisant le job en finale contre la Lituanie (12 points), lui ont permis de finir meilleur marqueur de l'Euro (19 points de moyenne). Parker, le champion d'Europe, est aujourd'hui comblé. Mais il n'en a pas pour autant fini avec les Bleus. Il l'avait répété à la veille de la finale : "Bien sûr que je continuerai. J'ai dit que je resterais en équipe de France jusqu'en 2016. Et même si on gagne dimanche, je jouerai jusqu'en 2016."
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