JO 2016 : Tony Parker, les Bleus à l’âme
En quinze années de carrière internationale, le meneur tricolore a connu des désillusions, mais a fini par conquérir le premier titre de l’histoire du basket français, en 2013. Il espère désormais remporter une médaille olympique. Retour sur un destin unique.
"Après Rio, c’est terminé." Tony Parker l'a juré dans Le Monde, en septembre 2015 : les Jeux olympiques, qui ont lieu du 5 au 21 août au Brésil, marqueront la fin de sa carrière tricolore. "Je laisserai la main aux jeunes, assure le meneur de jeu des Bleus. J’ai porté cette équipe depuis 2000, il faut savoir laisser sa place."
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Pour se qualifier, l'équipe de France a dû passer par un tournoi de qualification olympique, début juillet. La faute à une cruelle défaite contre l'Espagne, en demi-finale de championnats d'Europe organisés en France, en septembre 2015. Passé à côté de son match, le meneur n'avait inscrit qu’une petite dizaine de points, avec une réussite famélique.
Tony Parker était sorti du terrain la tête baissée, les yeux rougis. S'il a régné sur la NBA avec les Spurs (il a gagné 4 titres et a été élu meilleur joueur de la finale du championnat américain en 2007), en quinze années de carrière internationale, le Français a connu de nombreux échecs avec les Bleus sans jamais que son engagement pour le maillot tricolore ne faiblisse
Un jeune espoir ambitieux
C’est à 14 ans que Parker revêt pour la première fois, chez les cadets, la tunique bleu-blanc-rouge. Né à Bruges (Belgique) d’un père américain et d’une mère néerlandaise, il vient à l'époque de prendre la nationalité française. Il rencontre Gaëtan Muller, qui deviendra son meilleur ami, à la même époque. "On s’est connus en 1996, à Rouen. Je faisais du foot. Le père de Tony organisait un tournoi de basket, il m’a dit de venir pour rencontrer son fils, raconte-t-il à francetv info. J’avais envie de changer un peu de sport pour une fois. Tony m’a tout de suite pris sous son aile, il savait déjà ce qu’il voulait : j’étais grand et ça peut servir au basket." Les deux amis seront champions d’Europe junior quatre ans plus tard.
En 1997, Tony Parker rejoint l’Insep, l’Institut national du sport, de l'expertise et de la performance, à Vincennes (Val-de-Marne), où il fera la connaissance de Boris Diaw, son autre grand copain et coéquipier de toujours. Ils partagent une chambre, et se lient d’amitié, assis côte à côte, au fond de la salle de classe. "Tony disait : 'Moi, j’irai en NBA, c’est clair', se souvient le capitaine des Bleus, interrogé par l'Insep TV. Perso, j’étais plus modéré. Je me disais : 'Bon, on verra. Si je peux jouer pro, c’est bien. Sinon, si j’ai le bac, c’est cool aussi.' Mais Tony avait cette détermination dès cet âge-là."
Si Boris Diaw obtient son bac STT en 2000, Tony Parker, lui, devient pro avant de finir son cursus. Lors des vacances scolaires, les jeunes espoirs participent à des stages en équipe de France. "En tout, on devait être réunis 10 à 12 semaines par an, estime Gaëtan Muller. Ça laisse du temps pour se forger une amitié."
Première épopée fondatrice
A 18 ans, Tony Parker participe avec Gaëtan Muller, Boris Diaw, Ronny Turiaf, Mickaël Piétrus ou encore Yakhouba Diawara aux championnats d’Europe junior, en Croatie. A Zadar, cette génération dorée du basket français découvre une ville marquée par les années du régime communiste de Tito, des bâtiments tristes sur une côte ensoleillée. Dans des vidéos d’archives révélées par L’Equipe, on voit cette bande de copains décompresser entre deux matchs et plonger avec joie dans l’Adriatique.
En finale, les Français affrontent la Croatie devant un public local bouillant. Des cris de singe accueillent les Noirs de l’équipe. Le match est épique : Tony Parker est exclu, les Bleus arrachent deux prolongations. Ils prennent l’avantage à une seconde de la sirène, grâce à Ronny Turiaf. Mais les Croates ne sont pas loin de gagner, sur le tir de la dernière chance. 64-65. Tony Parker et les autres s’offrent une première médaille d’or. Une victoire fondatrice. "Peut-être que si on avait eu une mauvaise expérience en équipe nationale à ce moment-là, on n'aurait pas eu le même amour du maillot et l’envie de revenir été après été", admet Boris Diaw dans le documentaire de L'Equipe. "Il est clair que le fait de gagner un titre a créé une flamme en nous, en moi, en Boris, explique Tony Parker au Monde. Dès la fin du tournoi de Zadar, on s’est dit que le prochain objectif était d’amener au basket français le premier titre de son histoire."
Les maux bleus
Il faudra sept participations à l’Eurobasket avant que Tony Parker y parvienne. Le meneur est convoqué pour la première fois, à 19 ans à peine, en 2001 par Alain Weisz, aujourd’hui entraîneur du Sluc Nancy. "Il n’était pas censé participer, explique l’ancien sélectionneur à francetv info. Il n’était pas là pour la préparation de l’Euro, mais il est passé me voir à Coubertin, où on s’entraînait. Je lui ai demandé : 'Si j’ai un blessé, je peux t’appeler ?' Il a répondu : 'Non, je viens de signer aux Spurs, j’ai besoin de vacances.' Il m’a quand même laissé son numéro sur un bout de papier. Et puis Laurent Pluvy s’est blessé. J’ai retrouvé son numéro et je l’ai appelé, il devait être sur une plage. Il m’a demandé un peu de temps pour réfléchir. Il m’a rappelé 15 minutes plus tard."
Deux ans après, Tony Parker revient en équipe de France auréolé d’un titre de champion NBA. Il est devenu une star. "Presque tous les meilleurs joueurs tricolores étaient de la partie pour décrocher, enfin, une première médaille depuis le bronze obtenu lors du championnat d’Europe 1953", écrit Florent Piétrus dans son autobiographie Je n’ai jamais été petit (éd. du Moment, 2014).
Dans l’effectif tricolore, la "Parkermania" provoque quelques jalousies. D’autant que le sélectionneur propulse "TP" capitaine. A 21 ans. "Je voulais lui donner le statut le plus haut possible, pour qu’il ait le respect des arbitres. J’avais peur qu’ils ne comprennent pas son jeu, qui consiste à aller chercher la faute", se justifie aujourd’hui Alain Weisz. Qu’importe : la décision est mal perçue par les anciens. Les Bleus font fi de leurs ego jusqu’en demi-finale, contre la Lituanie. "A ce moment-là, les dissensions au sein de l’équipe ne se ressentent pas encore sur le terrain", dit Florent Piétrus. En fin de match, Tony Parker, gêné par un arbitre, perd une balle qui coûte une place en finale à la France. Le vestiaire explose. Et les Bleus de s’incliner contre l’Italie pour le bronze. "C’était une équipe qui jouait pour être championne, c’est tout", note Alain Weisz. Ce n’est malheureusement que la première d’une longue série de défaites crève-cœur.
En 2005, la France est aux portes d’une finale européenne contre la Grèce. A une minute de la fin, les Bleus mènent de 7 points. Mais ils enchaînent les erreurs tandis que les Grecs multiplient les coups d’éclat. Sur la dernière action, le Grec Dimítris Diamantídis enterre les espoirs français et inscrit les 3 points de la victoire. La France perd 67-66. Elle se console en battant l’Espagne pour la 3e place. En 2007, contre la Russie en quarts, Tony Parker craque dans les dernières secondes. Il manque le lancer franc de l’égalisation. Avec lui, la France rate aussi la qualification aux Jeux olympiques. "Un été cauchemardesque. Un de plus", regrette Florent Piétrus.
Un ennemi intime
La France n’est pourtant pas au bout de ses peines. Trois fois de suite – à l’Euro 2009, à l’Euro 2011, aux JO 2012 – les Bleus tombent face à l’Espagne, leur ennemi intime. Tandis que la sélection ibérique accroche de nouvelles médailles à son palmarès long comme le bras de Pau Gasol, les Bleus restent bredouilles (ou presque), malgré une médaille d’argent en 2011. De quoi nourrir les frustrations. Sur le terrain, quelques joueurs s’embrouillent, d’autres font des grosses fautes. Bref, la rivalité est totale. "Année après année, nous les accrochions, nous grignotions notre retard, mais notre marge de manœuvre semblait de plus en plus réduite", écrit Piétrus. Car le temps passe. Tony Parker vieillit. "Si j’avais terminé ma carrière sans avoir gagné un titre international, il m’aurait manqué quelque chose, explique-t-il dans les colonnes du Monde. J’étais tellement obsédé à l’idée d’amener cette équipe vers son premier titre que, si on ne l’avait pas fait en 2013, j’aurais continué jusqu’à ce qu’on me dégage."
En 2013, en demi-finale contre l’Espagne, l’histoire semble inlassablement se répéter pour les supporters tricolores. A la mi-temps, l’armada ibère mène de 14 points. Dans le vestiaire, la star s’agace : "Ils nous dominent, ils pensent qu’on est de la merde." Son discours fait mouche. S’ensuit l’un des plus grands retours de l’histoire du basket, une seconde période épique, une guerre des nerfs qui s’achève en prolongation (75-72). Les Bleus explosent de joie. Ils ont brisé la malédiction.
Moins de 48 heures plus tard, la France écrase la Lituanie. La France est sacrée championne d’Europe. Des heures et des heures, des années de vacances passées à faire crisser ses baskets sur les parquets enfin récompensés. "Les désillusions ne l’ont jamais découragé. Au contraire. Ça l’a remotivé à chaque fois. Et puis 2013, ça a été la libération, analyse Gaëtan Muller, l’ami de Tony Parker. Il rêvait depuis toujours d’un titre avec les Bleus." Son ancien coach Alain Weisz poursuit : "Il a un mental de fer. C’est comme s’il avait été programmé en laboratoire pour réussir."
Epilogue de rêve à Rio ?
En septembre 2015, Tony Parker a raté l’occasion d’entrer un peu plus dans la légende de son sport, en remportant un nouveau titre de champion d’Europe avec les Bleus. Ne retenir que cette confrontation contre l’ennemi intime espagnol, qui lui a si souvent barré la route du succès, serait pourtant injuste. Car Tony Parker a presque tout gagné. Avec les Spurs, il a régné sur la NBA. Il a offert à la France un premier titre continental en 2013 et est devenu, l'été dernier, le meilleur scoreur de l’histoire des championnats d'Europe, devant le Grec Nikos Galis. Reste un rêve, un dernier. Il se trouve au Brésil. Le champion ne s’en cache pas : il aspire à finir sa carrière internationale en beauté, aux Jeux olympiques de Rio. "En 2012, à Londres, ça avait été compliqué pour lui : il avait subi une opération de l’œil, rappelle Gaëtan Muller. Il devait être à 50% de ses capacités, c’était frustrant. Il veut être performant. Et ramener une médaille."
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