L'échec des clubs français en Euroligue
Un championnat trop américanisé ?
A cet égard, la ProA est sans doute le championnat où existe le plus de densité et ne permet pas de dégager deux ou trois grosses cylindrées qui pourraient rivaliser en Europe. Les grands projets du Paris-Levallois comme ceux de Villeurbanne font pour l'instant un flop, la faute à une vision faussée de ce qu'il faut faire pour construire une équipe compétitive. Il,ne s'agit pas simplement d'empiler des joueurs estampillés US dont la carte de visite est quelquefois d'ailleurs un peu surévaluée, il faut aussi que ceux-ci aient un état d'esprit adapté à la culture du basket français et son esprit de clocher. Or pour la plupart, ce n'est pas le cas. Mais parce que ces Américains sont finalement moins chers que les très bons joueurs français, ils sont de plus en plus nombreux sur les parquets de l'hexagone; cette garantie quantitative n'est toutefois pas une garantie qualitative. Et si dans un championnat indécis, cela peut parfois suffire pour accrocher un trophée ou une place d'honneur, en revanche, dès qu'il s'agit de franchir un palier, avec une série de matches rapprochés, ces équipes ne tiennent pas la distance.
Pendant ce temps, les meilleurs joueurs français brillent en NBA, en Espagne ou dans d'autres championnats européens, et les jeunes pourtant prometteurs doivent ronger leur frein sur le banc ou en Espoirs. Les clubs s'appuient essentiellement sur des joueurs américains ou parfois issus de l'ancienne Yougoslavie, qui sont des globe-trotter du basket, posant leur valise à Limoges, à Cholet, au Mans ou à Gravelines, comme ils eurent pu le faire dans n'importe quel club d'Italie, de Belgique ou d'Allemagne, si l'on compare les championnats quasi-équivalents.
La faillite tricolore
Depuis le titre en Coupe des Clubs champions (l'ancienne Euroligue) de Limoges en 1993 -mais c'était une autre époque où l'argent n'avait pas encore totalement gangrené le circuit-, il n'y eut guère que l'ASVEL pour accéder à un Final Four et Pau-Orthez à entrer dans le Top 16. Sinon, pour le reste, les clubs français ont surtout fait de la figuration en obtenant une victoire par ci par là, mais sans vraiment jouer dans la cour des grands. Les pourcentages de victoires françaises ne cesse de baisser depuis plusieurs années. Souvent certes, les écarts de points sont minimes et l'on pense qu'il s'en faudrait de peu. C'est justement cette epsilon , cette courte différence, dans la préparation physique et mentale, dans l'intensité et la concentration, dans le sérieux, bref dans le fait de se sentir concerné, qui fait basculer d'une division à l'autre..
La faillite du basket français et ses statistiques catastrophiques ne vont pas s'améliorer avec le parcours calamiteux du CSP.Limoges cette saison. On peut toujours dire qu'ils ont fait ce qu'ils ont pu, même l'entraîneur Jean-Marc Dupraz a parfois douté de la motivation des siens, et demande de la solidarité et de l'engagement collectif. Ce qui manque le plus souvent aux équipes françaises pour lesquelles , contrairement par exemple à l'Espagne où évoluent les meilleurs joueurs ibériques, le fait de défendre des couleurs et de tenir son rang ne semble guère devenir une priorité. Comme si au fond le simple fait d'être en Euroligue et d'en tirer les fruits financiers suffisait.
Plusieurs spécialistes se sont exprimés sur le sujet et ont apporté des recommandations pour redonner à moyen terme du brillant à l'étoile tricolore dans les compétitions européennes. Un peu de rigueur, dans l'organisation comme dans l'application demandée à des joueurs qui seraient recrutés selon leurs capacités d'adaptation plus que selon leurs "évaluations", du travail au niveau de celui des grands clubs, un mixage de joueurs expérimentés et de jeunes auxquels on donne du temps de jeu, un championnat plus cohérent. Pour toute réponse, à la fin de la saison passée, la Ligue a "coopté" arbitrairement deux équipes de ProB qui n'avaient pas gagné leur accession sur le terrain, pour faire passer de 16 à 18 le nombre d'équipes de ProA, les nouvelles venues tombant dans les mêmes travers, en appliquant les recettes qu'on leur a apprises dans la petite cuisine du basket français, le tout agrémenté évidemment d'une sauce à l'américaine. Cela pour amortir des salles et faire vivre économiquement le championnat, mais on peut douter que ce genre de réforme soit de nature à permettre aux clubs français de s'améliorer à l'avenir en Euroligue.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.