Fin de parcours pour les Françaises
Après avoir alterné le chaud et le froid dans les matches de poule, les Bleues avaient plutôt rassuré leur monde en se qualifiant pour les demi-finales, ce qui était l'objectif minimum affiché. Mais, même si on avait constaté beaucoup de déchets dans leur jeu notamment dans les shoots à mi-distance, elles avaient montré en quart un visage conquérant, avec de l'envie et de l'engagement, une défense solide et de l'organisation. Cette fois-ci, face à des Turques physiques et surtout hyper-motivées, les Françaises ont manqué de constance. Menées pratiquement durant toute la rencontre, elles se sont pourtant créé pléthore de situations, sans pouvoir les exploiter. Avec un tel pourcentage de réussite aux tirs, malgré encore une fois beaucoup d'abnégation et sans doute de volonté de bien faire, elles ne pouvaient pas s'en sortir. D'autant qu'elles sont retombées dans leurs travers. Passes mal ajustées, ballons perdus, systèmes pas toujours bien appliqués. Le paradoxe est que, malgré toutes ses erreurs, elle auraient tout aussi bien pu s'imposer puisqu'en face, la Turquie a connu une sérieuse baisse de régime en fin du temps réglementaire, permettant aux Françaises, sous la houlette de Gomis (24 pts) de revenir à un score de parité. Elles auraient ausi pu être battu à ce moment là, les Turques manquant les deux derniers lancers francs de la gagne. Finalement le match ne tenant qu'à peu de choses. Hormis dans la prolongation où les Bleues n'ont pas été à la hauteur avec un festival de ballons approximatifs, de tirs ratés, et seulement deux points inscrits.
Les intérieures Nevin Nevlin et Nevriye Yilmaz ont causé bien des tourments à la défense française qui, handicapée par l'absence d'Emmeline Ndongue, a peiné à s'adapter sur les pick and rolls d'école des Turques (26-36, 18e). Les Bleues ont aussi éprouvé les plus grandes difficultés à installer leur jeu d'attaque et à servir leurs intérieures Isabelle Yacoubou et Sandrine Gruda, si décisives en quart. Seule la réussite extérieure d'Emilie Gomis leur permettait de limiter les dégâts à la pause (31-38). Puis l'agressivité d'Edwige Lawson, la meneuse sortie de sa retraite par Pierre Vincent juste avant l'Euro, les faisait recoller (54-53, 37e). Mais Birsel Vardali, la meneuse turque coupait cet élan d'un tir miraculeux à trois points. Gomis répliquait du tac au tac et Jennifer Digbeu replaçait la France en tête d'un autre tir primé (60-58, 39e). A 60-60, Céline Dumerc, la capitaine française, perdait un ballon capital, puis commettait une faute tardive sur Vardarli à dix secondes de la fin. Mais sous la pression, celle-ci ratait ses deux lancers francs. Dans la prolongation, les Turques paraissaient au bout du rouleau. Mais les Françaises n'en profitaient pas. Un trois points d'Isil Alben et le travail de sape de Nevlin (23 points) propulsaient les Turques en finale.
Cette défaite est une immense déception pour la France, qui depuis plus de trente ans avait toujours atteint la finale après avoir passé le cap des quarts de finale. En 2009, les Françaises avaient largement dominé les Turques (55-43), sur la route de leur sacre européen. Preuve que les Turques ont progressé dans leur approche de l'évènement alors que les Françaises dont on pensait pourtant que leur expérience pourrait un avantage, se sont totalement tétanisés durant la prolongation.
Déclarations :
Pierre Vincent (entraîneur de la France): "On leur a laissé des paniers faciles pour commencer. On a besoin de taille et de mobilité contre elles. Et certaines de nos joueuses sont plus en difficulté contre ce type de joueuses. Je n'ai pas pu faire autant de rotations que d'habitude et on l'a payé. On a plutôt bien défendu, c'est en attaque qu'on a été en difficulté. On a commis des fautes par naïveté. C'est l'expérience de la haute compétition. On leur donne deux fautes sur la fin qu'on ne doit pas faire, mais qu'on fait parce qu'on est moins étanche. Elles jouent très bien les pick and rolls. Nous, on a été un peu moins efficace offensivement à l'extérieur. On a été dépendant du secteur intérieur. Mais on n'a pas réussi à mettre le ballon dedans. Et après il y a eu une mauvaise gestion des ballons. Maintenant, il faut aller chercher une médaille. Isabelle (Yacoubou) a un profil qui correspond mieux aux Tchèques. Il va falloir trouver les ressources physiques et mentales pour ça. Une médaille, ce ne serait pas une déception. C'est difficile de gagner des médailles. Ca se joue à pas grand-chose. La dernière fois, ça avait tourné pour nous, pas cette fois-ci. Il faut se servir de ces expériences pour franchir les étapes."
Edwige Lawson: "C'est une grosse déception. On a réussi à revenir, mais on n'a pas su finir ce match. Il va falloir apprendre à mieux gérer les derniers ballons. Il faut qu'on progresse dans ce domaine. Pour dimanche, parce qu'il y a une médaille à jouer, et aussi parce que ce groupe va rester ensemble un moment. Il y avait un peu de fatigue, mais il ne faut pas se trouver d'excuses. Elles jouent à six. On n'a pas su trouver les tirs qu'on voulait, servir nos intérieures. On a aussi perdu trop de ballons."
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