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Franck Butter : "Fier d’avoir fait partie de cette équipe"

Il y a 20 ans, le Limoges CSP rentrait dans l’histoire du sport français. En remportant le Championnat d’Europe des Clubs 1993 (ex-Euroligue) face au Benetton Trévise de Toni Kukoc, les « Jaunes » devenaient la première équipe tricolore à se hisser sur le toit du Vieux Continent. Pour l’occasion, FranceTV Sport s’est entretenu avec plusieurs acteurs, commentateurs et spectateurs de la mythique finale, à Athènes. Jusqu’au 15 avril, date-anniversaire du titre, retrouvez chaque jour le témoignage d’un personnage qui vécu l’évènement de l’intérieur.
Article rédigé par franceinfo
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Le géant blond qui ne parvient pas à s’empêcher de sautiller sur le parquet alors que le match n'est pas encore fini, comme s’il ne croit pas ce qui lui arrive, c’est lui. L’homme de l’ombre du CSP, projeté dans le cinq qui termine la finale 1993. Aujourd’hui gérant d’un fast-food dans la banlieue de Limoges, Franck Butter (2,10 m, 115 kg) revient sur l’exploit des siens. Entretien en deux parties.

Comment décririez-vous le groupe de Limoges en 1993 ?
C’était un groupe très soudé. De toute façon, dès l’instant où on avait un chef d’orchestre comme Bozidar [Maljkovic], on était tous sur la même longueur d’ondes. Il nous connaissait bien et savait nous utiliser. Tout était très intensif : nos matches devaient être considérés plus faciles que nos entraînements. C’étaient des méthodes à la yougoslave... (rires). Elles vous forgent un mental, un moral de fer de façon à se sentir toujours fort. Les entraînements étaient faits pour nous pousser physiquement. On était préparés. Ça ne veut pas dire que c’est normal qu’on ait gagné la coupe d’Europe, mais c’est la première fois qu’on rencontrait un entraîneur qui apportait une telle rigueur.

"On devait faire péter les plombs à Rusconi"

Quel était votre rôle au sein de cet effectif ?
Chacun avait sa mission : moi, j’étais là pour poser des écrans et prendre des rebonds. Mon objectif était de faire en sorte que le défenseur de Michael Young, qui était notre shooteur, prenne 7 ou 8 blocs dans la tête par match. Il fallait déjà réussir à le suivre, mais les systèmes, souvent longs, étaient élaborés pour mettre en valeur Michael. On avait tous un rôle, et on se complétait tous très bien. Bozidar nous disait qu’on était une chaîne, et que chacun d’entre nous était un maillon de cette chaîne. On était très unis.

Vous attendiez-vous à avoir un tel temps de jeu en finale ? Vous avez un rôle important face à Trévise…
Avec Bozidar, on ne savait jamais à l’avance combien de temps on allait jouer. Il nous connaissait parfaitement, savait sur qui il pouvait compter, pour quel match et combien de temps. J’ai eu la chance – même si, sur le moment, ça semblait être un inconvénient… – d’affronter déjà lors de la demi-finale contre le Real un grand comme Sabonis, qui correspondait à mon profil. Ca jouait dessous, il fallait s’imposer physiquement et mentalement. Lors de la finale, c’était pareil avec l’Italien Rusconi. Notre but, c’était de lui faire péter les plombs, chose qui a été faite (il est sorti pour 5 fautes et n’a pas terminé le match, ndlr). Il fallait jouer très près de lui, le taquiner un petit peu… C’est marrant, car Trévise était connue comme une équipe provocatrice, au final ce sont eux qui sont tombés dans le panneau. Sur un plan personnel, c’est vrai je termine le match sur le terrain alors que Richard [Dacoury] est sur la touche : ça prouve que tout le monde était logé à la même enseigne, du jeune de 17 ans jusqu’au plus expérimenté. Tout le monde connaissait ce fonctionnement et y adhérait, même si c’était pour ne jouer que trois, quatre minutes.

"Ce n’est pas le ciel qui vous tombe sur la tête, mais presque"

Quels souvenirs avez-vous de la fin de match ? Sur les images, on vous voit transcendé…
C’était un énorme soulagement. Sur le coup, on ne se dit pas qu’on est champions d’Europe. On ne se dit pas non plus qu’on entre dans l’histoire. On se dit simplement qu’on a gagné. Je suis persuadé qu’il n’y a pas une seule personne de l’équipe qui est allée à Athènes en se disant qu’on allait gagner le titre. Il fallait être réaliste, ne pas brûler les étapes. C’est venu au fur et à mesure. Et quand ça arrive, ce n’est pas le ciel qui vous tombe sur la tête, mais presque. Je prends plus conscience de notre parcours et à quel point ce qu’on a fait est grandiose maintenant qu’à l’époque. Normalement, quand tu es sportif de haut niveau et que tu arrêtes ta carrière, tu redeviens « Monsieur tout-le-monde ». A part si tu reste dans le milieu du basket ce qui n’est pas mon cas. Et pourtant, des médias continuent à m’appeler. Je suis très sensible à cela. Je me rends compte à quel point je suis fier d’avoir fait partie de cette équipe, d’y avoir été formé et d’être revenu après. Et puis Limoges, c’est un club mythique, avec tous ses excès. Mes 15 ans de haut niveau, je les dois au CSP. 

[Deuxième partie de l’entretien en ligne demain] 

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